Vladimir Poutine peut-il être renversé de l'intérieur ?

Publié le 19 mars 2022 à 17h59

Source : TF1 Info

Qui pourra arrêter Vladimir Poutine ?
En pleine offensive en Ukraine, le maître du Kremlin a une nouvelle fois affirmé son autorité lors d'un meeting géant vendredi 18 mars à Moscou.
Pour l'historienne Galia Ackerman, invitée de LCI, seul un coup d'État le fera capituler.

Le vent finira-t-il par tourner contre celui qui dirige la Russie d'une main de fer depuis vingt-deux ans ? L'historienne Galia Ackerman, spécialiste de la Russie, semble circonspecte. "Je pense qu'il n'y a ni forces politiques, ni forces économiques qui pourraient le renverser", a-t-elle lancé ce samedi sur LCI.

À l’heure où l’invasion de l’Ukraine piétine, certains se posent malgré tout la question. Pour Galia Ackerman, auteure du livre Le Régiment immortel – La guerre sacrée de Poutine, consacré à la militarisation de la société russe, "les seuls qui pourraient le faire, ce sont les agences de renseignement et/ou l'armée", dit-elle. Pour une simple raison, poursuit-elle, "parce que Poutine va droit dans le mur. Cette tentative de détruire complétement l'Ukraine, d'anéantir au maximum le peuple ou de le faire fuir, est faite pour qu'il ne reste que ceux qui ne peuvent pas partir et ceux qui accepteraient l'occupation pure et simple", explique-t-elle. 

"Nuremberg 1937"

Évoquant ensuite le meeting géant qui s'est tenu vendredi 18 mars à Moscou, à l'occasion des huit ans de l'annexion de la Crimée ukrainienne, la spécialiste de la Russie ne pense pas en revanche que le renversement du pouvoir proviendra de la population. "Ce n'était pas seulement un discours de Poutine. C'était aussi un concert meeting, il y avait toutes sortes d'artistes particulièrement patriotiques qui ont entonné des chants disant que l'Ukraine, le Caucase, les Pays Baltes, tout comme Lénine et Staline, c'est l'Union soviétique. Et toute la foule a suivi en chœur. C'était le retour complet de la propagande pour le rétablissement de l'Union soviétique", détaille-t-elle. 

Pour Galia Ackerman, le message est même particulièrement bien passé. "Il y avait 200.000 personnes à l'intérieur du stade de Moscou, mais aussi d'énormes foules à l'extérieur qui pouvaient écouter le maître du Kremlin par le biais d'écrans géants. Ça me rappelle vraiment les heures sombres de l'histoire, genre Nuremberg en 1937", s'est-elle horrifiée. C'est pourquoi la révolte populaire semble difficile à envisager.

L'historienne s'est dite par ailleurs très inquiète de la tournure que prennent les événements. "Poutine s'attendait à ce que l'Est ne résiste pas parce que ce sont des russophones. Et son problème maintenant, c'est que toute l'Ukraine est nationaliste, donc pour lui nazi. D'ailleurs, les propagandistes du régime disent désormais que toute l'Europe n'a jamais cessé d'être fasciste et nazie. C'est un discours extrêmement préoccupant et on ne sait pas, sauf s'il s'essouffle complétement, comment ça peut s'arrêter", conclut-elle. 


Virginie FAUROUX

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