Après une série de revers sur le terrain, Vladimir Poutine cherche à enrayer la contre-offensive foudroyante de l'Ukraine.En plus d'anticiper les scrutins d'annexion dans les oblasts occupés, il tente de gonfler les rangs de son armée, en mobilisant des milliers d'hommes.Une opération risquée pour le chef du Kremlin, qui joue sa capacité à se maintenir au pouvoir, a estimé sur LCI le général Vincent Desportes.
"La dynamique est dans le camp de l'Ukraine." C'est le constat qui s'impose après la contre-offensive fulgurante menée par les troupes ukrainiennes, qui ont repris plus de 6000 km² de territoire aux forces russes depuis début septembre. "C'est bien pour cette raison que le président Poutine se sent acculé et qu'il est en train de prendre les mesures que l'on connaît", a avancé le général Vincent Desportes, invité d'Adrien Gindre sur LCI, lundi 26 septembre, citant l'ordre de mobilisation et les référendums dans les oblasts occupés par Moscou. "La Russie est bousculée et recule, mais on ne sait pas jusqu'où."
"Si on ne change pas le paradigme, l'Ukraine va continuer" sa reconquête, a estimé l'ancien directeur de l'École de Guerre, l'institut de formation supérieure des armées. "Pour Poutine, il faut casser cette affaire. Militairement, ça semble aujourd'hui très difficile. Une armée qui recule vraiment a beaucoup de mal à se rétablir." Enlisé dans ce conflit, qu'il a lui-même provoqué, le chef du Kremlin "cherche par tous les moyens" à reprendre la main. "D'une part, via la peur des Européens, avec la baisse du soutien occidental à l'Ukraine et d'autre part en faisant croire à son peuple qu'il va passer d'une optique offensive à défensive."
Le pari qu'il a pris pourrait bien être perdu
Le général Vincent Desportes, ancien directeur de l'École de Guerre
Quitte à ce que cela ait un effet contre-productif, au point de déstabiliser le régime russe ? "Le président Poutine est acculé. Il ne peut pas perdre. Il est en train de jouer l'une de ses dernières cartes, même si ça n'est pas la dernière. Elle est dangereuse et risquée. On a l'impression que le pari qu'il a pris pourrait bien être perdu", a indiqué le professeur de stratégie militaire à Science Po et HEC. "Au lieu de consolider, de renforcer la nation dans l'idée de se défendre contre une attaque de l'Occident, (la mobilisation de milliers d'hommes, ndlr) pourrait au contraire amener des fissures. On sait bien qu'en Russie les révolutions commencent en bas et à la fin, on a une révolution de palais. L'avenir n'est pas écrit, mais celui de Poutine est sombre."
"Il est clair que ce qui est en jeu est d'une part le pouvoir qui est au Kremlin actuellement et d'autre part la vie même de (Vladimir) Poutine. Ce qui rend les affaires encore plus dangereuses. Quand un chien est acculé au bout du couloir, il va vous sauter à la gorge", a expliqué le général Vincent Desportes, jugeant que le président russe est prêt à tout pour résister "avant l'hiver". "On est bien dans cette situation. Il ne cède pas, c'est une fuite en avant. On a l'impression que Poutine sait bien qu'il est dans le trou et continue à creuser, mais on ne sait pas la tombe de qui. Si c'est la sienne ou bien la nôtre."
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