Dans le Donbass, les Ukrainiens et les Russes se disputent depuis des mois la ville de Bakhmout.Selon les experts, le site n'a aucune valeur stratégique, mais la bataille qui se joue est devenue hautement symbolique.Face à la menace des forces de Moscou, prêtes à encercler la ville, Kiev a décidé d'évacuer les derniers civils qui le souhaitent.
Ils ont tenu sous les bombes sept mois et 216 jours, mais pas un de plus. Sur le quai d'une gare, des dizaines de civils, dont de jeunes enfants, se pressent à l'entrée des wagons pour fuir Bakhmout, cette ville du Donbass désormais menacée d'être encerclée par les forces russes. "Il faut sauver la vie de nos enfants, on veut sauver la vie de nos enfants", lance une mère dans le reportage du 20H de TF1 en tête d'article. Dans ses bras, un petit encapuchonné dans un épais manteau violet.
Montée à bord, une jeune femme soupire. Elle s'est résolue à partir à l'ouest du pays, abandonnant l'espoir de revoir sa mère malade, qui se trouve en zone occupée. Il fallait fuir, ou mourir. "On a failli être tués dans la cave la nuit dernière, on est remontés et le matin on a décidé d'évacuer", rembobine-t-elle. Non loin d'elle, un vieil homme est assis à côté de deux larges cartons, les traits tirés et les joues creuses, une main recouverte d'un bandage. Les soldats russes ne se trouvaient plus qu'à trois kilomètres de chez lui. "Ce que je ressens ? Je n'ai pas de mots pour le dire. Jamais je n'aurais imaginé vivre ça à mon âge", glisse-t-il, l'air sonné.
Plus qu'une seule route pour quitter la ville
La situation dans la ville est "difficile", mais reste encore "sous contrôle", a tenu à rassurer samedi un porte-parole de l'armée ukrainienne, Serguiï Tcherevaty. Devenue l'"épicentre" du conflit, Bakhmout est désormais en grande partie détruite et vidée de ses habitants, selon lui. Mais chaque jour, les Russes étouffent un peu plus le site, qu'ils espèrent faire tomber rapidement, alors que les évacuations ne sont pas encore terminées.
Pour sortir de la ville, il ne reste qu'un seul des quatre axes d'approvisionnement, une route dont se rapprochent de plus en plus les troupes de Moscou. Par endroits, elles ne se situent qu'à 300 mètres de cette dernière voie cruciale. Face à l'imminence du danger, les évacuations de civils se font donc en blindés. Les villages voisins, eux, ne sont plus accessibles que par des routes improvisées à travers la végétation et la boue, sur lesquelles les véhicules circulent à découvert. Certains de ces villages, situés au nord et à l'ouest de Bakhmout, ont été attaqués samedi, selon l'armée ukrainienne.
Parmi les derniers habitants de la ville, nombreux sont ceux qui tentent de fuir coûte que coûte, comme une femme qui dit avoir payé un chauffeur pour l'évacuer le jour même. L'homme n'est finalement pas venu, elle espère qu'il viendra la chercher le jour suivant. D'autres se résignent tout de même à rester, n'ayant pas les moyens de partir. Dans certains cas, ils se cachent à peine d'attendre les forces russes. "J'en veux aux troupes ukrainiennes qui tirent depuis le village", tempête une femme âgée. "Il y a un champ, ils peuvent bien aller faire la guerre là-bas. Regardez combien de soldats ukrainiens il y a, je suis sûre que l'on va se faire tirer dessus."
Les forces de Kiev, elles, voient la pression grimper et préparent de nouvelles lignes de défense face à l'avancée russe, en creusant des tranchées dans la terre à la tractopelle. "On nous a donné l'ordre de faire des fortifications le plus rapidement possible. Plus vite on creuse, plus on sauvera des vies", explique un soldat. Avec toujours le même objectif en tête : empêcher les forces russes d'aller plus loin.
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