Les évacuations se poursuivent après la démolition du barrage de Kakhovka, dans le sud de l'Ukraine, et de premières victimes sont à déplorer.Kiev accuse la Russie de bombarder Kherson et ses alentours, au plein milieu des opérations de sauvetage.La contre-offensive ukrainienne pourrait avoir été enfin lancée, après des mois de préparation.Retour sur les dernières 24 heures du conflit.
Dans la région de Kherson, les évacuations se poursuivent, de premières victimes. La destruction du barrage de Kakhovka mardi, dans le sud de l'Ukraine, a laissé s'écouler les flots du Dniepr dans la région et a déjà inondé une zone de plus de 600 km2, a annoncé jeudi un gouverneur ukrainien. Selon Kiev, 2339 personnes ont été évacuées et 32 localités ont été submergées. Côté occupation russe, "5000 personnes" ont été évacuées, a indiqué un responsable de l'administration russe locale. Plus de 20.000 habitants sont toujours privés d'électricité, selon le ministère ukrainien de l'Énergie. À ce stade, les autorités ukrainiennes et d'occupation russe recensent six morts dans les inondations. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est rendu dans la région "pour faire face aux conséquences de l'explosion", a-t-il indiqué.
Des "attaques" sur les évacuations. L'Ukraine et ses alliés, dont les États-Unis, la France et le Japon, ont condamné jeudi les "attaques" contre les opérations de secours à Kherson. C'est ce qu'a déclaré à la presse l'ambassadeur ukrainien à l'ONU Sergiy Kyslytsya, entouré par ses homologues de plusieurs membres du Conseil de sécurité, dont les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, et d'États membres de l'Union européenne. Ils ont aussi appelé la Russie à permettre l'accès "complet, sûr et sans entrave" de l'aide humanitaire "aux zones touchées sur la rive gauche (...) qui est sous le contrôle de son armée".
Selon Kiev, une personne a été tuée et 18 blessées, dont des membres des services d'urgence, dans des frappes russes sur le centre de Kherson et les environs. Les évacuations dans la commune ont été entrecoupées d'explosions et de tirs d'obus, plongeant la population dans la terreur, comme le montre le reportage ci-dessous. Les autorités d'occupation russe en Ukraine ont de leur côté accusé Kiev de bombardements qui ont tué deux personnes, dont une femme enceinte, dans un point d'évacuation à Golan Pristan, dans la zone sous contrôle russe.
Kiev et Moscou continuent de se rejeter la responsabilité de la catastrophe. L'Ukraine et la Russie s'accusent toujours l'une l'autre de cette destruction. Un représentant russe a répété ces accusations jeudi devant la Cour internationale de justice. "C'est l'Ukraine qui l'a fait", a déclaré l'ambassadeur de Russie aux Pays-Bas, Alexander Shulgin. "La Russie est dirigée par des sauvages, qui sont eux-mêmes le plus grand désastre de la planète aujourd'hui", a cinglé de son côté Volodymyr Zelensky.
Après le coup de colère de Zelensky, la Croix-Rouge se défend
Aide humanitaire. Volodymyr Zelensky avait accusé l'aide humanitaire internationale de ne pas s'être mobilisée dans la région de Kherson après la rupture du barrage, se disant "choqué". Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a appelé jeudi les membres de l'Alliance à "fournir un soutien rapide". La Croix-Rouge a assuré participer aux opérations d'évacuation en territoire ukrainien, avec une cinquantaine de volontaires. L'aide des Nations unies va quant à elle être augmentée, a finalement indiqué Kiev jeudi. Les Pays-Bas ont annoncé de leur côté l'envoi en Ukraine de bateaux de sauvetage, de pompes à eau et de gilets de sauvetage. Paris avait également annoncé participer à l'effort mercredi.
Côté sanitaire, l'OMS a apporté son aide pour que les autorités et les professionnels la santé puissent "prendre des mesures préventives contre les maladies d'origine hydrique" et pour "améliorer la surveillance des maladies", notamment le risque de choléra, présent dans cet environnement, même si aucun cas n'a pour l'instant été détecté.
La situation sous contrôle à Zaporijia, pour le moment. Le ministre ukrainien de l'Énergie, Guerman Galouchtchenko, a déclaré par ailleurs que la centrale nucléaire de Zaporijia, refroidie par l'eau du Dniepr, ne présentait "pas de risque imminent à ce stade" mais exigeait d'être "surveillée". L'opération de pompage du réservoir d'eau du barrage de Kakhovka pour refroidir le combustible "devait pouvoir se poursuivre même si le niveau descendait au-dessous du seuil de 12,7 mètres", a assuré de son côté l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dans un communiqué.
La contre-offensive ukrainienne enfin lancée ?
Kiev demande davantage d'électricité à l'Europe. L'Ukraine demande à ses alliés européens d'"augmenter" sensiblement ses livraisons d'électricité après les attaques russes "contre les infrastructures énergétiques du pays" et la destruction du barrage de Kakhovka, a déclaré le ministre ukrainien de l'Énergie jeudi à l'AFP. Guerman Galouchtchenko souhaite hisser le plafond d'importation d'électricité pour le porter à deux gigawatts au lieu d'un gigawatt actuellement.
Le coup d'envoi tant attendu de la contre-offensive ? Après avoir affirmé que ses troupes ont repoussé "une offensive de grande envergure" dans le Donbass dimanche, Moscou a à nouveau assuré avoir contré une nouvelle attaque ukrainienne, cette fois-ci dans la région de Zaporijia. "L'ennemi est stoppé et recule avec de lourdes pertes", a déclaré en début de soirée Sergueï Choïgou, le ministre russe de la Défense, assurant que les forces ukrainiennes mobilisées pour "cette percée" n'avaient "pas rempli leur tâche" et perdu "jusqu'à 350 hommes". De son côté, Kiev n'a pas commenté ces déclarations.
Sans évoquer de chiffres, le Washington Post a estimé de son côté que la contre-offensive avait en effet bien débuté, en s'appuyant sur quatre sources au sein de l'armée ukrainienne. Selon plusieurs observateurs, l'intensification des "opérations offensives" de Kiev le long de la ligne de front constituerait les premiers signaux de cette opération tant attendue. L'armée ukrainienne continue de son côté à entretenir le flou, assurant qu'il n'y aurait "pas d'annonce sur le début" de son assaut.
Explosion d'un pipeline d'ammoniac. Le Kremlin a enfin averti jeudi que l'explosion lundi d'un pipeline d'ammoniac en Ukraine, essentiel pour l'exportation des engrais, risquait d'avoir un "impact négatif" sur l'avenir de l'accord céréalier crucial pour l'approvisionnement alimentaire mondial, qu'elle rechigne à prolonger. Moscou et Kiev s'accusent mutuellement d'avoir visé l'infrastructure dans la région de Kharkiv.
Pretoria veut encourager la paix. L'Afrique du Sud s'est déclarée jeudi prête à accueillir des pourparlers de paix pour résoudre le conflit. Pretoria avait déjà annoncé le mois dernier une prochaine médiation menée par six dirigeants de pays africains à Kiev et à Moscou, pour "trouver une solution pacifique" à la guerre. Elle refuse de condamner la Russie depuis le début de son offensive, affirmant rester "neutre", ce qui lui vaut des critiques sur la scène internationale pour sa proximité avec Moscou.
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