Dans la nuit du 5 au 6 juin, le barrage de Kakhovka, l'un des plus grands d'Ukraine, a été partiellement détruit.Les forces ukrainiennes et russes s'accusent mutuellement d'être responsables de la destruction de cette infrastructure cruciale.Des inondations ont déjà été constatées, qui pourraient menacer la centrale de Zaporijjia, située en amont du barrage.
Des milliers de vies impactées, mais pas seulement. Suite à la destruction partielle du barrage hydroélectrique de Nova Kakhovka, l'une des plus grandes infrastructures de ce type en Ukraine, les forces ukrainiennes et russes s'accusent mutuellement d'être responsables. Car pour les deux camps, les conséquences ne manquent pas, en premier lieu la menace que cette situation représente pour la centrale de Zaporijjia, située à 150 kilomètres en amont du barrage.
Des milliers de personnes menacées par les inondations
Le barrage de Nova Kakhovka, construit en 1956 pendant la période soviétique, est aménagé sur le fleuve Dniepr. La destruction partielle de l'infrastructure a par conséquent immédiatement provoqué des inondations, menaçant les habitations de milliers de personnes. Les forces ukrainiennes ont ainsi déclaré avoir commencé l'évacuation de plusieurs villages situés sur la rive droite du fleuve, alors que certains ont déjà été "complètement ou en partie" inondés. "Environ 16.000 personnes se trouvent en zone critique", a déclaré sur les réseaux sociaux Oleksandre Prokoudine, chef de l'administration militaire de la région de Kherson.
Les autorités locales, installées par Moscou, ont, elles, assuré qu'aucune grande localité n'était menacée d'inondation. "Selon les services de secours, l'eau est montée (...) à un niveau situé entre 2 et 4 mètres, ce qui ne menace pas les grandes localités" situées plus bas que le barrage le long du fleuve, a déclaré sur Telegram Andreï Alekseïenko, chef du gouvernement de la région de Kherson.
Les "territoires côtiers" de 14 localités où résident "plus de 22.000 personnes" sont menacés d'inondation, a-t-il malgré tout précisé, estimant que "la situation est entièrement sous contrôle". Pour sa part, Vladimir Leontiev, le maire de la ville de Nova Kakhovka, a annoncé peu après l'évacuation d'habitants d'"environ 300 maisons" situées directement sur les rives du Dniepr.
Des risques pour la centrale nucléaire de Zaporijjia ?
La destruction partielle du barrage de Nova Kakhovka a suscité de nouvelles inquiétudes autour de la situation de la centrale de Zaporijjia, située 150 kilomètres en amont de l'infrastructure. Suite à l'incident, les autorités ukrainiennes ont rapidement réagi, mettant en avant le risque de catastrophe nucléaire qu'il pouvait provoquer. Un conseiller à la présidence ukrainienne, Mykkaïko Podoliak, a ainsi indiqué que le danger de "catastrophe nucléaire" augmente rapidement.
"Le monde se retrouve une fois de plus au bord d'une catastrophe nucléaire, car la centrale nucléaire de Zaporijjia a perdu sa source de refroidissement. Et ce danger augmente désormais rapidement", a-t-il déploré. De son côté, l'opérateur ukrainien du nucléaire, Energoatom, a indiqué que le niveau de l'eau du réservoir de Kakhova "baisse rapidement, ce qui est une menace de plus pour la centrale nucléaire temporairement occupée de Zaporijjia". À l'heure actuelle, le niveau du bassin de refroidissement serait toutefois "suffisant pour les besoins de la centrale".
Pas de danger nucléaire immédiat
AIEA
Ces messages alarmistes ont été relativisés par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et la Russie. "Il n'y a pas de danger nucléaire immédiat", a ainsi affirmé sur Twitter l'AIEA dont les experts présents sur le site "surveillent de près la situation". De même pour la direction de la centrale, installée par l'occupation russe, qui a assuré que la situation était sous contrôle. "A l'heure actuelle, il n'y a pas de menace pour la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijjia. Cinq blocs sont arrêtés à froid, l'un est à 'l'arrêt à chaud'. Le niveau de l'eau du bassin de refroidissement n'a pas changé", a indiqué sur Telegram le directeur, Iouri Tchernitchouk.
Selon lui, l'eau de refroidissement n'a pas "de contact direct avec l'environnement et l'eau du réservoir de Kakhovka" et le système de refroidissement peut être rempli avec l'eau du réservoir du barrage, mais aussi par "plusieurs sources alternatives".
Un ralentissement de la contre-offensive ukrainienne ?
La destruction partielle du barrage et les inondations qu'elle a provoquées pourraient avoir des conséquences sur la contre-offensive ukrainienne, annoncée depuis plusieurs mois par Kiev. La rive droite du Dniepr, en aval du barrage, a effectivement été libérée par les forces ukrainiennes en octobre. Pour continuer cette opération de reconquête, l'armée ukrainienne devait notamment traverser le fleuve. Or les inondations ont accru sa largeur, rendant plus difficile la conquête de sa rive gauche pour l'Ukraine.
"L'objectif des terroristes est évident : créer des obstacles pour les actions offensives des forces armées" ukrainiennes, a ainsi estimé Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne, dans un message adressé à des journalistes. À la suite de l'incident, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a d'ailleurs convoqué d'urgence son conseil de sécurité, a indiqué le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak, sur Telegram.
Mais les forces russes pourraient aussi être impactées par la destruction de l'infrastructure. Le barrage de Kakhovka permet notamment d'envoyer de l'eau dans le canal de Crimée du Nord, qui part du sud de l'Ukraine et traverse toute la péninsule de Crimée. Sa destruction gênerait par conséquent l'approvisionnement en eau de la péninsule ukrainienne, annexée depuis 2014 par la Russie.
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