Le 17 mai dernier, Kyrylo Korobko, garde national, était fait prisonnier par les Russes, après avoir résisté plusieurs mois dans l'usine d'Azovstal.Il a livré un témoignage terrible au micro de LCI.Le jeune soldat revient sur les conditions du siège de l'usine, de sa détention et de sa libération.
Un témoignage exceptionnel. Kyrylo Korobko, garde national, a 22 ans. Il est ukrainien et entre les mois de février et de mai 2022, il faisait partie des combattants de l'usine Azovstal. Fait prisonnier le 17 mai dernier, il sort de son silence dans un entretien accordé à LCI. Blessé lors du siège de l'usine située à Marioupol, il a été relâché par les Russes, à la fin du mois de juillet, comme de nombreux combattants.
"Je ne sais pas comment décrire ça", avoue-t-il au micro de LCI, au sujet du temps passé dans les sous-sols de l'aciérie. "On était bombardé 24h/24h et 7 jours/7", se rappelle le jeune homme qui se souvient surtout "des tirs d’avions, de chars, de l’artillerie [et] des drones". "Les conditions n’étaient pas formidables", concède le garde national ukrainien. Jusqu'au 19 mai 2022, jour où les derniers soldats d'Azovstal se sont rendus, les combattants avaient dû mettre en place un hôpital au sein même de l'usine. Et pour cause, "l'hôpital [de Marioupol] avait été détruit par des frappes russes". Il se souvient que plusieurs douzaines de blessés graves arrivaient chaque jour.
70% des habitants de Marioupol soutenaient les Russes
Kyrylo Korobko, garde national et combattant d'Azovstal
"J’ai vu des gens mourir sous mes yeux. Beaucoup de gens ne survivaient pas. Malheureusement, ceux qui étaient amputés ne survivaient pas", se remémore-t-il, avec émotion. Devenus des héros pour le reste des Ukrainiens, les combattants d'Azovstal avaient, surtout, été salués pour leur détermination. "Notre seule préoccupation était de ne pas laisser l’ennemi se rapprocher", confirme-t-il sur LCI. Une détermination face à une population quasiment acquise à l'occupant. "Je n’ai pas vu de nazi [dans les rangs ukrainiens]. La seule chose que je sais, c’est que 70% des habitants de Marioupol soutenaient les Russes", déplore-t-il.
Des prisonniers détenus par les séparatistes prorusses
Après s'être rendu, le jeune homme a été fait prisonnier. Pour autant, selon lui, il n'a pas été captif de l'armée de Vladimir Poutine. "Ce ne sont pas des Russes au camp de prisonniers. Il s'agissait plutôt des séparatistes ukrainiens. Ils étaient durs avec nous", raconte le soldat loyal à Kiev.
Libéré fin juillet, Kyrylo Korobko raconte que cela n'a pas été facile. "La première fois qu’ils devaient nous échanger c’était le 23 ou le 24 juillet. Nous sommes partis, puis arrivés quelque part. Quelque chose n’a pas fonctionné et on a dû passer la nuit dans des cellules. Le 28 juillet, on nous a aligné : ceux qui devaient être échangés [ont été désignés]. On nous a mis dans des camions. Nous sommes repartis et cette fois, ça a marché", explique le jeune homme. Mais pour autant, les dégâts psychologiques ont rendu sa libération encore plus lente. "Il m’a fallu deux semaines après l’échange pour réaliser que c’était fini."
Plus récemment, 215 soldats ukrainiens ont été échangés contre des prisonniers russes, le 22 septembre dernier. Parmi ces derniers, des combattants qui avaient défendu l'usine d'Azovstal, dans la ville de Marioupol, comme Kyrylo.
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