Après le retrait de Kharkiv puis de Kherson, l’armée russe jette toutes ses forces sur Bakhmout.Avant la guerre, cette ville comptait 70.000 habitants, presque tous partis aujourd’hui.Les soldats russes et ukrainiens y mènent un combat acharné.
Il suffit d’évoquer son nom en Ukraine pour qu’aussitôt les visages se ferment. Bakhmout est devenue synonyme d’enfer, où le silence n’existe plus. Le bruit des bombes résonne partout. À l’entrée de la ville, une habitante terrorisée est sur le point de partir. "Je m’en vais aujourd’hui ou demain parce que c’est impossible de rester ici. Vous voyez bien ce qu’il se passe, désolée", témoigne-t-elle, dans le reportage du 20H de TF1 ci-dessus. L’immense majorité des habitants a déjà fui. Bakhmout est une ville martyrisée par cinq mois de combats toujours plus intenses.
Avec leur canon, datant de l’ère soviétique, les Ukrainiens font ce qu’ils peuvent pour contenir l’offensive des soldats russes. "Ils ont perdu tout ce qui était possible. Bakhmout, c’est la dernière petite miette qu’ils peuvent apporter à leur maître suprême", affirme Denys, commandant de la brigade de réaction rapide de la garde nationale d’Ukraine.
Des assauts suicidaires
Pour les Ukrainiens, cela ne fait aucun doute : l’acharnement extrême des Russes dans cette bataille de Bakhmout est le signe qu’ils entendent prendre ici une revanche après le retrait de Kherson. Sous les ordres de Denys, les soldats ukrainiens s’estiment presque chanceux. "Là, c’est l’endroit où je dors", montre Anton, dans notre reportage. "On n’a pas froid. On a du chauffage. C’est mieux que les tranchées russes. Les soldats russes mangent des pommes de pin et portent des espadrilles", poursuit Anton avec humour pour masquer ses craintes.
Sur ce champ de bataille, grêlé par les obus, les Ukrainiens disent subir des assauts incessants et suicidaires menés par des prisonniers russes recrutés par la milice Wagner. "Au lieu d’utiliser des drones, les Russes n’hésitent pas à jeter 20 ou 30 soldats à pied, sur le front, pour qu’on leur tire dessus. Ainsi, ils détectent nos positions et commencent à nous pilonner", explique Volodymir, officier de la garde nationale d’Ukraine. Au prix de pertes colossales, les Ukrainiens n’ont d’autre choix que de résister pour empêcher une avancée russe dans le Donbass.