"Le pire du pire" : qui est le "boucher de Syrie" promu à la tête des forces russes en Ukraine ?

Publié le 13 avril 2022 à 6h15, mis à jour le 13 avril 2022 à 8h07

Source : TF1 Info

Le général Alexandre Dvornikov a été nommé, dimanche, premier chef de toutes les forces armées russes engagées en Ukraine.
Ce militaire est connu pour avoir mené la stratégie russe de bombardements intensifs en Syrie.
Une nomination qui fait craindre une intensification des exactions contre les civils en Ukraine.

Il est connu sous le nom du "boucher de Syrie". Vladimir Poutine a nommé, dimanche 10 avril, le général Alexandre Dvornikov commandant des forces russes en Ukraine. Une prise de fonction qui n’a pas été annoncée officiellement par Moscou, mais qui a été confirmée à plusieurs médias anglo-saxons par des sources militaires américaines. Cette décision intervient alors que les forces de Moscou peinent à atteindre leurs objectifs depuis le début de leur offensive en Ukraine, le 24 février dernier.

Le général de 60 ans, qui gérait déjà le district sud de l’armée russe dont dépendent, entre autres, la Crimée et le Donbass, nouvel objectif prioritaire du Kremlin, traîne une réputation sulfureuse de militaire prêt à tout pour atteindre ses objectifs. Il a déjà œuvré dans les faubourgs de Grozny en Tchétchénie, mais surtout en Syrie, où il avait pris la tête de la force d’intervention déployée par Moscou pour soutenir le régime de Bachar al-Assad, en 2015.

"Le pire du pire" de l'armée russe

Formé aux doctrines militaires soviétiques qui considèrent l’anéantissement des cibles civiles comme un moyen de gagner du terrain sur le champ de bataille, Alexandre Dvornikov concocte alors une stratégie qui va s’avérer payante pour les forces russes et le dictateur syrien via une vaste campagne de bombardements intensifs sur plusieurs villes du pays, notamment celle d'Alep. Une approche qui, sous couvert de viser les combattants islamistes présents dans le pays, lui a également permis d’affaiblir les positions des rebelles anti-Assad. Une campagne lors de laquelle les exactions contre les civils se sont multipliées, via des bombardements d’hôpitaux ou d’écoles, lui valant le triste surnom de "boucher de Syrie".

Une stratégie pour laquelle il recevra la médaille du héros en Russie, l’une des plus hautes distinctions du pays puis qui lui permettra d’obtenir le commandement du district sud de l’armée russe en 2016. Interrogé par la chaîne américaine NBC, un ancien amiral américain résume ainsi : “C’est la brute que Vladimir Poutine appelle quand il veut raser une ville comme Alep. Il est le pire du pire dans l’armée russe.”

"Nationaliste du sang et du sol"

La nomination de ce général de "la vieille école" et "nationaliste du sang et du sol", comme le décrit The Guardian, fait ainsi craindre une multiplication des exactions en Ukraine, sur le modèle de ce qu’il s’est passé en Syrie. D'autant que le commandant va avoir la lourde tâche d’assurer au Kremlin une avancée sur le front qu’il pourra présenter comme une victoire, notamment pour le 9 mai, une date particulièrement importante pour Vladimir Poutine. 

C’est également la première fois depuis le début de la guerre en Ukraine que l’ensemble des forces armées russes vont être dirigées par un seul commandant, détaille le Washington Post. Une réorganisation qui doit permettre de "résoudre les problèmes de communication entre les troupes qui ont représenté l’une des faiblesses de l’opération militaire russe en Ukraine", détaillent les chercheurs de l’Institute for the Study of War, un influent blog américain d’analyse militaire. 

Le "boucher de Syrie" va toutefois se trouver confronté à des problématiques bien particulières en Ukraine alors que, contrairement à la Syrie en 2015, Moscou ne contrôle pas totalement le ciel et que les forces terrestres ont essuyé des pertes importantes. Un défi pour ce général qui va devoir lancer une nouvelle stratégie dans ce conflit alors que les troupes ukrainiennes ne semblent pas faiblir.


Annick BERGER

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