Interview

Ukraine : à Marioupol, "80% des infrastructures résidentielles détruites"

par Charlotte ANGLADE
Publié le 19 mars 2022 à 20h21, mis à jour le 19 mars 2022 à 21h22

Source : TF1 Info

Interviewé ce samedi sur LCI le conseiller du maire de Marioupol, Petro Andrushenko, affirme que la situation humanitaire dans la ville est "catastrophique".
Pilonnée par les bombes et assiégée, Marioupol est presque entièrement détruite et les habitants, privés de tout.
Tout en remerciant les Européens pour leur aide, il les appelle à faire plus.

Les bombardements et les combats font rage à travers l'Ukraine, en particulier pour la très convoitée ville de Marioupol (sud-est). L'armée russe a affirmé vendredi avoir réussi à y pénétrer et combattre en centre-ville aux côtés de troupes de la "république" séparatiste de Donetsk. 

Interviewé par LCI ce samedi, Petro Andrushenko, conseiller du maire de la Marioupol, assure que la situation sur place est "très compliquée". "Nous avons des combats de rue, il y a des tirs nourris d'artillerie, il y a des bombes qui tombent... Mais nos soldats tiennent bon et tiennent la ville", dit-il en démentant les affirmations du régime russe.

Alors que des images rapportent la présence de soldats tchétchènes à Marioupol, Petro Andrushenko garantit qu'ils ne participent pas vraiment au combat. "Nous les voyons comme des lâches. Ils tournent des vidéos, mais ils fuient dès qu'ils voient la moindre menace", dit-il. Selon lui, ils ne se déplaceraient de plus qu'en périphérie de la ville. "Ils ne participent pas à l'offensive de Marioupol."

Plus de 200.000 personnes sont coincées dans la ville.
Petro Andrushenko, conseiller du maire de la ville

Dans la ville, assiégée depuis plus de deux semaines, la situation humanitaire est "catastrophique", rapporte le conseiller municipal. "Nous sommes encerclés. Les forces russes ont coupé l'eau, l'électricité, le chauffage et la température est glaciale", décrit-il. Alors qu'une partie de la population a pu fuir, il atteste qu'il y a encore "plus de 200.000 personnes qui sont coincées dans la ville et nous nous préoccupons du sort des enfants, pour certains malades". "Tout acheminement de médicament est empêché. Cela dépasse l'entendement", ajoute-t-il.

Une bombe de "500 kilos" aux "conséquences catastrophiques"

Par ailleurs, les bombardements se poursuivent de façon intense et laissent de moins en moins de chances aux habitants de s'en sortir vivants. "Une bombe de 500 kilos a été larguée entre une maternité et un hôpital", confirme ainsi à LCI le conseiller municipal. "Elle a engendré des conséquences catastrophiques. Un enfant a été tué sur place et une femme, dont la photo a tourné dans le monde entier, a été évacuée en étant complètement ensanglantée."

Vendredi, une autre bombe a atteint un théâtre de Marioupol "environ 1000 personnes" étaient abritées. Petro Andrushenko indique que "200 personnes ont survécu à cette frappe" et qu'une femme est "dans un état critique et son pronostic vital est engagé". Des centaines de personnes seraient encore sous les décombres. "Hélas, aujourd'hui nous ne pouvons pas les aider, car il y a des débris partout et surtout des combats tout autour", explique-t-il.

Pour l'heure, "80% des infrastructures résidentielles ont été détruites", assure le conseiller. "Et de 30 à 40% ne pourront jamais être reconstruites", ajoute-t-il.

S'il souhaite ce samedi "remercier le monde entier", Petro Andrushenko considère qu'"hélas", l'aide fournie "ne suffit pas". "Les partenaires européens doivent savoir que cet assaut ne s'arrêtera pas à l'Ukraine", avertit-il en appelant une nouvelle fois à la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus du pays.

"Nous allons défendre la ville jusqu'au bout. Nous allons essayer de sauver chaque résident de Marioupol et nous allons gagner", soutient malgré tout le conseiller du maire de la ville portuaire. 


Charlotte ANGLADE

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