"On a eu de la chance" : une catastrophe évitée de justesse à Zaporijia, assure le directeur de l'AIEA sur LCI

par Maëlane LOAËC
Publié le 21 novembre 2022 à 19h38, mis à jour le 21 novembre 2022 à 20h35

Source : TF1 Info

Le site de Zaporijia a essuyé ce week-end des frappes ayant endommagé un bâtiment qui stockait du "combustible frais", a indiqué sur LCI Rafael Grossi, chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique.
Un "danger sans précédent", a-t-il signalé, s'inquiétant d'un "risque énorme".
En revanche, une zone de protection est toujours en discussion.

"La situation est terriblement fragile" : après un week-end marqué par des bombardements visant le site même de la centrale de Zaporijia, dans le sud-est de l'Ukraine, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi est revenu sur les "dégâts considérables" provoqués par ces frappes, d'après ses inspecteurs dépêchés sur place ce lundi matin. L'agence de l'ONU avait déjà alerté sur une "folie" après la salve de frappes. Sur le plateau de LCI, son chef a déploré "des attaques directes sur la centrale, à des endroits assez délicats", qui auraient pu être à l'origine d'une catastrophe. 

Suite à des frappes survenues samedi soir et qui se sont poursuivies dimanche matin, dont Moscou et Kiev s'accusent mutuellement, des "trous" ont été constatés "sur le toit d'un hall dans lequel la centrale stocke du combustible frais" avant d'être inséré dans les réacteurs, soit "quatre ou cinq mètres" en dessous des perforations, a-t-il signalé dans cet entretien à retrouver dans la vidéo en tête d'article. "On a eu de la chance", a appuyé le chef de l'agence onusienne, qui suit depuis des mois la situation de la centrale, décrivant un "risque énorme" et un "danger sans précédent"

Les négociations pour une zone de protection en "bonne voie"

Une catastrophe de l'ordre de celle de Tchernobyl, survenue en 1986 en Ukraine, pourrait-elle survenir à nouveau, cette fois sur le site de Zaporijjia ? "Cela dépendrait beaucoup de l'attaque et de la cible atteinte", a avancé Rafael Grossi. La centrale compte six réacteurs, sur lesquels "la possibilité d'une attaque directe existe mais est peu probable, car les réacteurs nucléaires de nos jours sont construits avec un degré de protection et de robustesse énorme", a-t-il expliqué.

En revanche, deux scénarios sont possibles. Le premier, "probable", est celui de "l'interruption totale de l'approvisionnement d'électricité vers la centrale, ce qui est essentiel pour le refroidissement des réacteurs qui sont là", ce qui a déjà eu lieu temporairement. En conséquence, les réacteurs pourraient fondre sous la chaleur. Le second scénario a été "approché" ce week-end : "des attaques sur le stock du combustible frais, prêt à l'utilisation, ou sur les sites où les combustibles usés sont stockés", ce qui entraînerait "une situation d'émergence radiologique qui dépendrait de la quantité de combustible atteint", a poursuivi Rafael Grossi.

Décrivant une situation "intenable", il a toutefois indiqué que le processus de négociation pour l'élaboration d'une zone de protection autour de la centrale, pour laquelle l'AIEA plaide depuis des mois, se poursuivait. Une zone dans laquelle deux principes devront être à l'œuvre : "ne tirez pas sur la centrale, ne tirez pas depuis la centrale". "On est en train d'y travailler activement", a-t-il insisté.

Les dirigeants russe comme ukrainien acceptent tous deux de "protéger la centrale" et "sont prêts à travailler avec l'AIEA pour y arriver", mais "il y a beaucoup d’obstacles", a reconnu le chef de l'AIEA, notamment parce que le site "se situe sur la ligne de front". "Mais on va continuer, je crois que l’on est dans la bonne voie", s'est réjoui Rafael Grossi, espérant voir un accord se conclure "au plus vite". "Je ne lâcherai pas prise. (...) Des épisodes comme ceux de ce week-end montrent que cette situation ne peut plus continuer, et que l’on doit laisser une chance à la diplomatie nucléaire pour protéger cette installation", a-t-il insisté. 


Maëlane LOAËC

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