VIDÉO - Pour la Crimée, l'impossible retour du côté de l'Ukraine ?

Une région acquise à la cause russe. C'est la volonté assumée de Vladimir Poutine. Depuis l'annexion de la Crimée en 2014, le chef de l'État souhaite que la population de cette péninsule soutienne sans condition la Russie. Pour ce faire, le Kremlin a fait le choix d'investir dans la région, et de renforcer la culture russophone. Le 20H de TF1 a pu le constater lors d'un hommage rendu dans la ville de Simferopol.

Pour commémorer la résistance de Sébastopol pendant la Seconde Guerre mondiale, des adolescents effectuent toutes les 30 minutes un défilé militaire. Cette tradition de l'air soviétique a acquis un nouveau sens en 2023. L'armée russe a intensifié ses attaques dans le sud de l'Ukraine, et en particulier sur la ville de Kherson. Cette localité ne se situe qu'à quelques centaines de kilomètres de la Crimée. Pourtant, la population ne craint pas de conflit sur leur sol, désormais russe.

"Je ne sais pas si la guerre va arriver jusqu'ici, je n'y crois pas. Et si c'est le cas, on s'en ira. Tout simplement", assure un habitant de la ville. Au micro de TF1, une dame âgée s'exclame :  "Je n'ai pas peur ! Pourvu que la Russie et que le président Poutine ne nous abandonnent pas !". Tous souhaitent garder une vie paisible, comme cette jeune femme : "On a vécu beaucoup de changements depuis 20 ans, j'essaie de me tenir loin de la politique. Mais je voudrais dire qu'aujourd'hui c'est stable et calme pour nous. J'aimerais que ça le reste".

Dans les rues de la ville, la propagande pro-russe et en faveur de la guerre s'affiche partout. Le temps où Kiev contrôlait la péninsule semble lointain. "Depuis huit ans, Moscou investit massivement en Crimée. Et avec le conflit en Ukraine, le rythme des constructions n'a pas ralenti, bien au contraire. La Russie veut monter qu'elle est là pour toujours", explique Jérôme Garro, notre envoyé spécial dans la vidéo en tête de l'article.

L'équipe du 20H de TF1 est allé sur un chantier en construction. Il s'agit d'un des innombrables projets financés par Moscou. Tout un nouveau quartier est en train de sortir de terre. Il y aura un centre culturel, une clinique ou encore une crèche. Ces installations pourront accueillir près de 220 enfants. "Nous achevons le raccordement de l'électricité, du chauffage et de l'alarme incendie. Le bâtiment sera prêt dans un mois", affirme le chef de projet Youri Youkov.

Dans les villes, et sur les routes, toute la Crimée semble en travaux. Une frénésie bâtisseuse qui attire les Russes de Moscou et d'ailleurs. À Yalta, au sud de la péninsule, notre équipe de journalistes a pu rencontrer, Dimitri Protsenko, un Russe venant de Saint-Pétersbourg. Il vend désormais des immeubles sur la côte. Une toute nouvelle résidence, au nom évocateur, vient d'ailleurs de voir le jour : la résidence Monaco. "Ici, les appartements ont été achetés par des Russes de Moscou ou de Saint-Pétersbourg. Nous avons aussi beaucoup de gens de Sibérie", dévoile l'agent immobilier. Il y a au total 140 appartements, déjà tous vendus. Un 65 m² vue sur la mer vaut 5 millions de roubles, soit environ 70.000 euros.

Avant l'annexion de la Crimée par Moscou, plus de 60 % de la population était d'origine russe. Un chiffre qui devrait augmenter dans les années à venir. L'agent immobilier Dimitri Protsenko s'est lui-même installé il y a deux ans sur la côte de Crimée, avec sa femme et ses cinq enfants. Et il voit ses compatriotes arriver de plus en plus nombreux. 

"Nous avons des amis qui n'habitent pas loin maintenant, deux familles venues de Moscou. Je voudrais dire à tout le monde autour de moi de venir ici. Juste au moins pour visiter et se rendre compte que c'est un paradis. C'est l'endroit parfait pour offrir la meilleure vie possible à ses enfants", certifie-t-il. Comme cette famille, des dizaines de milliers de Russes se sont déjà installés en Crimée depuis 2014. Une situation qui rend tout retour en arrière, encore un peu plus improbable.