Ukraine : plus de 600 jours de guerre

Zelensky fait le ménage au sommet du pouvoir sur fond de scandale de corruption

Publié le 24 janvier 2023 à 16h02

Source : JT 20h Semaine

Malgré la guerre, les scandales de corruption entache le pouvoir en Ukraine.
Plusieurs responsables ont été démis de leurs fonctions ce mardi.
Des affaires qui égratignent un peu plus la réputation du pays en la matière.

L'Ukraine renoue avec ses vieux démons. Une flopée de hauts responsables ont été démis de leurs fonctions mardi par Volodymyr Zelensky, qui les accuse d'être mêlés à une vaste affaire de corruption. Si ce scandale est sans précédent depuis le début de l'invasion russe il y a près d'un an, il illustre cependant un fléau que le pays n'arrive pas à endiguer.

À l'origine du remaniement annoncé ce mardi ? Un contrat, signé par le ministère de la Défense à un prix présumé surévalué et portant sur les produits alimentaires destinés à ses soldats. Selon une enquête du site d'information ZN.UA, ce contrat d'environ 324 millions d'euros a été passé avec des prix "deux à trois plus élevés" que les tarifs actuels en vigueur pour les produits alimentaires de base. Au total, plusieurs têtes sont tombées : cinq gouverneurs régionaux, quatre vice-ministres et deux responsables d'une agence gouvernementale.

Un pot-de-vin de 400.000 dollars

Deux autres proches du pouvoir ont également été remerciés. Notamment le chef adjoint de l'administration présidentielle Kyrylo Tymochenko. Il avait été accusé en octobre d'avoir utilisé un véhicule tout-terrain donné à l'Ukraine par le groupe américain General Motors. Après ces révélations, il avait assuré avoir transmis le véhicule pour les besoins du front. Le procureur général adjoint Oleksiï Simonenko a lui été accusé d'être récemment parti en vacances en Espagne alors que les déplacements à l'étranger, sauf à des fins professionnelles, sont interdits pour les hommes en âge de combattre.

Déjà, dimanche, le ministre adjoint des Infrastructures Vassyl Lozinsky avait été arrêté, accusé d'avoir reçu un pot-de-vin de 400.000 dollars pour "faciliter" l'achat de générateurs d'électricité à des prix gonflés. Pavlo Galimon, le chef adjoint du parti présidentiel "Serviteur du peuple", a lui été limogé lundi, sur fond d'accusations de corruption liée à l'achat d'une propriété à Kiev pour un montant supérieur à ses revenus déclarés.

La corruption en Ukraine reste endémique : dans son rapport 2021, l'ONG Transparency International la classe 122e sur 180. C'est mieux qu'en 2014 (142e), mais encore très loin derrière ses voisins de l'UE (le moins bien placé, la Bulgarie, est au 78e rang). Ce phénomène n'est pas nouveau dans le pays, où la lutte contre la corruption des élites était l'une des revendications majeures du soulèvement du Maïdan en 2013-2014. Cette dernière avait abouti à la destitution du président Viktor Ianoukovitch et ouvert la voie à Petro Porochenko. 

Sous la pression des Occidentaux, ce dernier avait initié une Haute Cour anticorruption. Elle sera inaugurée en 2019 par Volodymyr Zelensky, qui avait d'ailleurs fait campagne en promettant d'éradiquer ces pratiques. Problème : l'année suivante, la Cour constitutionnelle avait invalidé des mesures en vigueur depuis plusieurs années, les jugeant trop sévères. À l'époque, le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba avait déploré un "coup grave" pour les relations entre Kiev et les Occidentaux. Notamment car l'UE a fait des mesures anticorruptions une réformes clé devant être mise en œuvre par Kiev si elle souhaite accéder au statut de candidat à l'adhésion au bloc européen. "Nous n'auront pas d'argent" de bailleurs de fonds internationaux, "pas de soutien" occidental, avait renchéri de Volodymyr Zelensky. Une crainte toujours d'actualité, trois ans plus tard.


Thomas GUIEN

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