Après le naufrage de leur embarcation dimanche, au moins 64 migrants ont trouvé la mort dans la région de Calabre.Le bateau transportait 120 à 200 personnes, quand il s'est brisé sur des rochers.Trois passeurs présumés ont été interpellés.
Nouveau drame en Méditerranée. Le bilan s'est encore alourdi mardi, deux jours après le naufrage d'une embarcation de migrants près de Crotone, dans la région de Calabre, dans le sud du pays. Après la découverte de nouveaux corps, le décompte est monté à 64 morts, a indiqué une porte-parole des pompiers de Crotone à l'AFP.
L'embarcation qui a sombré contenait 120 à 200 personnes. Selon l'agence de presse italienne AGI, le bateau transportant les civils était surchargé et s'est brisé sur les rochers à quelques mètres de la côte en raison de hautes vagues. Parmi les victimes figure notamment un "nouveau-né de quelques mois", selon la même source, citant un pompier qui participe aux opérations de secours. L'embarcation était partie d'Izmir en Turquie la semaine dernière et trois passeurs de clandestins ont déjà été arrêtés, alors que la police est à la recherche d'un quatrième suspect, ont rapporté lundi des médias italiens. Selon AGI, ils sont soupçonnés d'avoir fait payer environ 8.000 euros à chaque migrant qu'ils ont embarqué.
De nouvelles recherches lancées
Des pompiers de la ville voisine de Cutro ont mobilisé lundi une vedette pour lancer de nouvelles recherches, aidés par des hélicoptères survolant la zone. Des images de la police italienne et de l'AFP ont montré des débris de bois disséminés sur une centaine de mètres le long de la plage.
Les ONG ont pris en charge des enfants ayant vu leurs proches se noyer. "Un garçon afghan de 12 ans a perdu toute sa famille, neuf personnes en tout : ses quatre frères et sœurs, ses parents et d'autres proches membres de sa famille", a raconté à la presse Sergio di Dato, chef de l'équipe de psychologues dépêchées sur place par l'ONG Médecins sans Frontières (MSF) pour venir en aide aux survivants.
L'ONG italienne Save the Children a indiqué sur Twitter avoir pris en charge des survivants originaires d’Afghanistan, du Pakistan, de Somalie et de Syrie dont une dizaine de mineurs qui voyageaient avec leurs familles. "Il y a beaucoup de mineurs portés disparus", a-t-elle ajouté. "Durant la nuit, près des côtes, ils ont entendu un grand fracas puis sont tous tombés à l'eau", a ajouté l'association, s'appuyant sur des récits de survivants. "Certains ont dit avoir vu leurs proches tomber à l'eau et disparaître, ou mourir."
"Criminel"
Faisant part de sa "profonde douleur", la cheffe du gouvernement d'extrême droite, Giorgia Meloni, a jugé dimanche "criminel de mettre en mer une embarcation de 20 mètres à peine avec 200 personnes à bord et une mauvaise prévision météo". La première ministre italienne est arrivée au pouvoir en octobre, après avoir promis de réduire le nombre de migrants arrivant en Italie. Ce nouveau naufrage intervient quelques jours à peine après l'adoption par le Parlement italien de règles controversées sur le sauvetage des migrants. Le texte oblige les navires humanitaires à effectuer un seul sauvetage à la fois, ce qui, selon les critiques, augmente le risque de décès en Méditerranée centrale.
L'Italie, pays de première entrée où sont arrivés des centaines de milliers de migrants ces dernières années, reproche par ailleurs à ses partenaires de l'Union européenne un manque de solidarité dans la répartition de ces derniers, même si un grand nombre d'entre eux quittent par la suite la péninsule pour d'autres pays.
La cheffe de la Commission européenne Ursula von der Leyen a appelé dimanche à avancer sur la réforme du droit d'asile dans l'Union européenne, après cette "tragédie". Elle a affirmé qu'il fallait "redoubler d'efforts concernant le Pacte sur les migrations et le droit d'asile, et sur le Plan d'action pour la Méditerranée centrale". La partie la plus délicate de ce pacte, qui doit être conclu avant la fin de la mandature du Parlement européen en 2024, concerne le meilleur partage des responsabilités dans l'accueil des demandeurs d'asile entre pays de l'UE, une question qui les divise depuis la crise des réfugiés en 2015-2016.
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