RECONQUÊTE - Un accord sur le Haut-Karabakh a été signé entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie après six semaines de conflits armés. Sur place, la Russie doit assurer un fragile maintien de l'ordre alors que les blindés azerbaïdjanais arrivent dans la région.
Après six semaines de conflits armés, un accord sur le Haut-Karabakh a été signé entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie le 10 novembre dernier. Un accord vécu comme une défaite par les séparatistes arméniens, de nombreux villageois ayant incendié leurs maisons ou embarqué leurs habitations sur des camions avant de fuir vers l’Arménie le week-end dernier.
Vendredi matin, l'armée azerbaïdjanaise a annoncé son entrée dans le district d'Aghdam, avoisinant le Nagorny Karabakh, première de trois rétrocessions auxquelles les forces arméniennes doivent procéder. Une arrivée faite en fanfare et retransmise en direct à la télévision azérie, et qui met fin à 16 ans de présence arménienne dans le Haut-Karabakh.
150.000 habitants du Haut-Karabakh déplacés
Le premier objectif des soldats azerbaïdjanais, hautement symbolique, concerne la reprise de contrôle des mosquées abandonnées dans la région, avant le retour de centaines de milliers de civils musulmans sur place. Depuis Bakou, le président azéri, Ilham Aliev, tient sa revanche. "Je félicite tous les habitants azéris de la région. Vous n’êtes plus des déplacés internes, vous retournerez sur vos terres ancestrales", a-t-il déclaré lors d’une allocution télévisée.
En tout, ce sont près de 150.000 habitants du Haut-Karabakh qui sont déplacés depuis près d’une semaine, alors que Bakou reprend tous ses territoires perdus lors du conflit de 1994. Désormais, le Haut-Karabakh n’est plus qu’une petite enclave protégée désormais par les forces d’interposition russes.
Le patrimoine arménien en péril ?
Si Moscou affirme préserver le patrimoine religieux chrétien en restant sur place, certaines cathédrales arméniennes abimées par les combats seront bientôt sous contrôle azéri et certains monuments arméniens récents ont déjà été détruits par l'Azerbaïdjan. Pour Ara Taranian, coprésident du comité de coordination des organisations arméniennes françaises (CCAF), la préservation du patrimoine arménien est en péril.
"Quand on voit le bilan de l'Azerbaïdjan en matière de droits de l’homme, en matière de liberté de la presse, on a malheureusement tous les raisons de penser que le patrimoine arménien, les églises arméniennes, les vieux monastères du XXe ou XXIe siècle, cela n’est vraiment pas ce qui les préoccupe", explique-t-il, interrogé par TF1.
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Ces derniers jours, la Russie a appelé les Nations unies à venir enquêter sur place alors que d’autres monuments historiques seront rétrocédés dans les prochains jours. De son côté, l'Unesco a dans la foulée proposé d'envoyer une mission d'experts au Nagorny Karabakh, "avec l'accord des parties concernées", pour faire un inventaire des biens culturels de la région.