VIDÉO - "On va retourner à l'âge de pierre" : les Russes ressentent déjà l'effet des sanctions

M.G | Reportage TF1 J. Garro, M. Merle
Publié le 1 mars 2022 à 16h21

Source : JT 13h Semaine

Après la soudaine agression de l'Ukraine, l'Europe a déployé un éventail inédit de sanctions économiques contre la Russie.
La valeur de la monnaie locale, le rouble, s'est d'ores et déjà écroulée.
Sur place, les habitants sont partagés entre inquiétude et résilience.

L'étau se resserre sur l'économie russe. Moins d'une semaine après le début de l'invasion unilatérale du territoire ukrainien, le 24 février, Moscou est sous le coup de multiples sanctions de la communauté internationale. En plus de l'interdiction de vol du territoire de l'UE par les appareils russes, les instances européennes ont tapé fort sur les fonds et patrimoines des oligarques. Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères, et Vladimir Poutine, président russe, sont également concernés. 

En outre, l'intégralité des avoirs de la banque centrale russe ont été gelés dans la nuit de lundi à mardi. Cela représente "des dizaines de milliards d'euros", une somme "très significative [...] qui entame largement les réserves de change de la banque centrale russe et sa capacité à financer le commerce russe en devise", s'est félicité Bruno Le Maire, mardi. Un "certain nombre de banques russes" ont déjà été "retiré[es] du circuit de paiement Swift", a-t-il ajouté. "Nous allons provoquer l'effondrement de l'économie russe", a conclu le ministre de l'Économie en guise d'avertissement à l'endroit du Kremlin. À noter que Monaco et surtout la Suisse, historiquement neutre, ont adopté l'ensemble des sanctions déployées par l'Union Européenne et ses partenaires, les États-Unis en tête. 

On peut se serrer la ceinture
Une Moscovite

En Russie, l'heure n'est pas encore à l'affolement pour certains citoyens. "Je suis sûre que les prix vont augmenter. Mais, étant donné la situation chez nous et dans le monde, on peut tenir. On peut se serrer la ceinture", estime ainsi une Moscovite au micro de TF1. Un autre habitant de la capitale russe va même encore plus loin. "Ce sont les pays occidentaux qui ont provoqué ces sanctions et toute cette crise. La Russie n’est pas responsable", fustige-t-il avec assurance. "Mais ça ne fait rien, on tiendra. On mangera ce que l’on trouvera", continue-t-il.

Le rouble s'écroule totalement

D'autres riverains se montrent, en revanche, bien moins optimistes. "Pour l’instant, ça va encore. Mais je pense que la nourriture et les médicaments vont devenir plus chers", se désole une jeune Russe, dans un contexte où le rouble - la monnaie locale - a totalement dévissé. Dans la seule journée de lundi, elle a perdu 30% de sa valeur (elle a clos la séance à 94,6 roubles pour un dollar contre 83,5 au précédent taux officiel, mercredi). Et le pire est sans doute encore à venir, avec une inflation qui s'annonce considérable. Certaines banques pourraient aussi faire faillite et conduire à la ruine leurs clients. "Je pense que l’on va retourner à l’âge de pierre. Si tous ces dirigeants ne parviennent pas à s’entendre, ça sera vraiment la fin", se désole un habitant de Saint-Pétersbourg. "Il y a beaucoup de gens qui ne comprennent pas dans quelle direction notre pouvoir mène l’économie", renchérit un autre. 

Pour tenter de limiter la casse face aux sanctions infligées subitement par ce qu'il nomme "l'empire du mensonge" occidental, Vladimir Poutine a annoncé, lundi, une première batterie de contre-mesures. Ainsi, les résidents russes sont dorénavant interdits de transfert de devises à l'étranger. De même, les exportateurs locaux sont sommés de convertir en roubles 80% de leurs recettes en devises étrangères engrangées depuis le 1er janvier. Ils doivent aussi continuer de maintenir un ratio de 80% de leurs avoirs monétaires en roubles à l'avenir. 

Plus tôt dans la journée, la Banque centrale de Russie avait plus que doublé son taux directeur, de 9,5 à 20%, lundi matin, pour tenter de maintenir le niveau de la devise nationale. La Bourse de Moscou n'a, quant à elle, même pas ouvert, face au risque d'effondrement.


M.G | Reportage TF1 J. Garro, M. Merle

Tout
TF1 Info