Le WE

Métaux rares : la Finlande, un eldorado du nickel pas si écolo

Léa Tintillier | Reportage Léa Merlier, Anaïs Barth
Publié le 5 avril 2022 à 9h46
JT Perso

Source : JT 13h WE

En Finlande, la mine de Sotkamo est la plus grande source de nickel d’Europe.
Ce minerai est nécessaire à la fabrication des batteries de voitures électriques.
Mais cette exploitation n’est pas sans conséquences écologiques.

Au cœur de la Finlande, la mine de Sotkamo est la plus grande source de nickel d’Europe. Sept jours sur sept, malgré les tempêtes, des camions transportent plusieurs tonnes de pierres noires. Le site s’étend sur près de 60 kilomètres carrés. Ces sols contiennent les principaux minerais nécessaires à la fabrication des batteries des voitures électriques. "Le plus grand défi, c’est que la demande de voitures électriques est de plus en plus importante. Bien sûr, c’est une bonne chose mais cela signifie qu’on a besoin de grandes quantités de minerais rares comme le nickel ou le cobalt. Et donc, il faut les transformer rapidement comme on le fait ici", explique Joni Lukkaroinen, directeur de Terrafame Oy. 

Le site concentre toutes les étapes pour transformer la roche. Une prouesse technique unique au monde. Les pierres sont d’abord extraites de la mine puis broyées en petits morceaux. Elles sont ensuite alimentées en oxygène et en eau pour séparer les minerais. Après traitement, le nickel et le cobalt sont prêts à l’emploi. Ils sont envoyés dans des usines de batteries à travers toute l’Europe. La société peut fournir suffisamment de nickel pour un million de véhicules électriques par an. Le constructeur automobile Renault a déjà signé un contrat. 

Une catastrophe écologique

Mais cette exploitation peut-elle se faire sans conséquences écologiques ? Il y a quelques années, des fuites de métaux ont pollué les lacs et les forêts aux alentours. À l’époque, les images ont fait le tour du pays. "On essaye de trouver d’où ça vient et de le stopper le plus vite possible", affirmait un technicien. Finalement, les matières toxiques se sont déversées dans la nature pendant plusieurs mois. 

À quinze kilomètres de la mine, Ari vit dans la crainte que la catastrophe se reproduise. Dans la maison familiale, douze générations de forestiers se sont succédé. Ari connaît la région comme sa poche. "C’est à cet endroit qu’ils veulent continuer à creuser. Ce projet nous inquiète vraiment beaucoup", montre-t-il sur une carte dans le reportage du 13H de TF1 en tête de cet article. À quelques pas de sa propriété, plusieurs lacs sont contaminés par les fuites. "Tout ça, c’est très stressant. La situation n’a pas beaucoup changé. Quand aura lieu le prochain incident ? La prochaine fuite ? La prochaine explosion ou quelque chose de pire encore ? On ne sait pas", poursuit Ari. 

Lire aussi

Autre inquiétude : les déchets de la mine. Jari est biochimiste. Il nous emmène voir l’une des carrières de stockage juste à côté de l’exploitation. C’est ici que sont entassées des roches encore toxiques. Le site est surveillé. Il est interdit d’y rentrer. "Ces déchets contiennent des sulfures. Ils vont finir par dissoudre le métal à l’intérieur de la roche et ensuite, ça va se répandre dans l’environnement", explique Jari. L’entreprise affirme avoir renforcé les mesures de sécurité. Depuis les dernières fuites, elle est en conflit avec les habitants. Plusieurs affaires judiciaires sont encore en cours. 


Léa Tintillier | Reportage Léa Merlier, Anaïs Barth

Tout
TF1 Info