Depuis 2017, des scientifiques se sont penchés sur les descendants des chiens errants, abandonnés à Tchernobyl après l'explosion de 1986.Selon les premiers résultats publiés début mars, ces bêtes ont une "signature génomique unique".
Les chiens errants de Tchernobyl entre les mains des scientifiques. Près de 40 ans après la catastrophe nucléaire, une étude a été consacrée aux effets des radiations sur ces animaux qui vivent encore aujourd'hui à proximité de la zone. Objectif : savoir comment des espèces ont pu survivre dans l'endroit le plus radioactif de la terre.
Après six ans de recherches, les premiers résultats ont été publiés le 3 mars dans l'édition de Science Advances. Le travail a été colossal : entre 2017 et 2018, 301 échantillons sanguins de chiens errants des environs de la catastrophe ont été prélevés par trois cliniques. Ces dernières ont travaillé à des endroits différents : l'une proche de la centrale, où seuls sont présents des ouvriers travaillant sur des débris. Une autre à Tchernobyl, à 15 km de là. La troisième a récolté des échantillons sur des chiens à 45 km, au village de Slavoutytch, construite après l'accident nucléaire pour y accueillir la population de Tchernobyl.
"Une signature génomique unique"
Que ce soit à proximité de la centrale ou à 45km de là, les scientifiques ont ainsi découvert que de nombreux chiens avaient évité les battues organisées à l'époque pour tuer ces animaux radioactifs. Ils ont ainsi reconstitué des "meutes" dans la zone sinistrée.
Premier résultat : sans surprise, les chiens vivant près de la centrale portent d'importantes traces d'irradiation, notamment des dépôts de césium-137, un radioélément toxique. Le taux est 200 fois plus élevé pour les chiens qui errent près de l'ex-centrale que ceux dans la ville de Tchernobyl, désormais entre les mains des Russes.
Autre enseignement, les trois populations sont génétiquement différentes. Que ce soit par rapport aux autres chiens errants, mais également entre elles. Certains chiens ont des traces d'ADN appartenant aux trois groupes étudiés. "La différenciation génétique par rapport aux autres chiens de race pure et en liberté suggère que les populations de Tchernobyl ont une signature génomique unique", détaillent les chercheurs. De quoi offrir aux généticiens une "matière première" inédite pour de futurs travaux.
"Maintenant qu'ils ont parfaitement décrit les zones de distribution des chiens, la structure génétique des différentes populations, cette équipe dispose d'un outil adéquat pour aller plus loin et, par exemple, analyser sur ces populations l'effet des radiations sur une trentaine d'années. Qu'est-ce qui a permis à ces lignées de chiens d'y résister ? Personnellement, je pense que les gènes impliqués dans la réparation de leur ADN devaient être plus efficaces en situation hostile que chez un chien lambda qui n'aura pas survécu", a expliqué à Sciences et Avenir Christophe Hitte, de l'équipe Génétique du chien (IGDR, Rennes).
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