L'OMS pense que Pékin dispose de plus de données sur l'origine du Covid-19 et appelle à la transparence

Publié le 6 avril 2023 à 22h55

Source : TF1 Info

Trois ans après l'apparition du Covid-19, les débats sur son origine se multiplient.
Début mars, le FBI plaidait pour la piste de la fuite d'un laboratoire à Wuhan.
De son côté, l'OMS a estimé ce jeudi que la Chine dispose de données scientifiques supplémentaires et appelle à davantage de transparence.

Trois ans après l'apparition du Covid-19, les scientifiques du monde entier cherchent toujours à comprendre comment cette épidémie a pu se développer. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a donc réitéré ses appels à la transparence en direction de la Chine, estimant que Pékin dispose de données scientifiques supplémentaires qui permettraient d'appréhender la genèse de la maladie.

"Sans un accès complet aux informations dont dispose la Chine (...) toutes les hypothèses (sur l'origine du virus, ndlr) sont sur la table. C'est la position de l'OMS et c'est pourquoi nous avons demandé à la Chine de coopérer", a déclaré le directeur général de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, en conférence de presse. "Si elle le fait, nous saurons ce qui s'est passé ou comment cela a commencé", a-t-il dit.

Nous savons que certains ont des informations supplémentaires et nous avons besoin que les gouvernements partagent ces informations. Il ne s'agit pas d'un jeu.
Dr Maria Van Kerkhove, qui dirige la lutte contre le Covid à l'OMS

Il faut dire que les débats ont rebondi ces dernières semaines. Le monde scientifique estime largement que la pandémie a démarré parce qu'un animal a transmis le virus à l'humain, probablement sur le marché chinois de Huanan. Toutefois, des chercheurs et des responsables américains défendent encore l'hypothèse d'une fuite de laboratoire, a priori l'institut de Wuhan, la ville du marché.

La Chine rejette vivement cette théorie, mais a aussi longtemps nié que le marché de Huanan ait pu accueillir des animaux susceptibles de transmettre le virus. Or, des nouvelles données chinoises portant sur des prélèvements recueillis début 2020 sur le marché de Huanan, publiées fin janvier en ligne avant d'être retirées pour une raison indéterminée, ont permis de commencer à lever le voile sur ce qui a pu se passer.

"Ces données montrent qu'il y a des éléments de preuve moléculaires prouvant que des animaux étaient vendus sur le marché", a expliqué aux journalistes le Dr Maria Van Kerkhove, qui dirige la lutte contre le Covid à l'OMS. "On s'en doutait, mais nous n'en avions pas la preuve", a-t-elle indiqué. "Nous savons également que dans les échantillons testés positifs pour le SARS-Cov-2, il y avait de l'ADN d'animaux", a-t-elle ajouté. Tous ces éléments sont "des indices" qui peuvent être utilisés pour mieux comprendre l'origine du virus, a-t-elle souligné, comparant le travail des scientifiques à celui d'un "détective".

Mais tant que toutes les données n'auront pas été publiées, notamment sur l'origine de ces animaux, aucune hypothèse ne peut être écartée, selon l'épidémiologiste américaine. Dans un éditorial publié ce jeudi dans la revue Science, elle a également assuré : "La Chine dispose de capacités techniques avancées et je pense donc qu'il existe davantage de données qui n'ont pas encore été partagées".

"Nous savons que certains ont des informations supplémentaires et nous avons besoin que les scientifiques, les professionnels de la santé publique et les gouvernements partagent ces informations. Il ne s'agit pas d'un jeu", a-t-elle encore dit pendant la conférence de presse.


Virginie FAUROUX

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