TOXIQUE - Les habitants de Pékin vivent depuis lundi sous un ciel orangé. Une tempête de sable qui a rendu l'air irrespirable, en plus de paralyser la capitale chinoise.
Un ciel d'apocalypse de couleur ocre et une épaisse brume de poussières de sable ont englouti lundi matin Pékin et ses environs, plongeant la capitale chinoise dans l’obscurité en plein jour. Les bâtiments emblématiques de la ville étaient difficilement visibles, à l'image de la Cité interdite ou encore du siège de la télévision nationale, dont le sommet (234 mètres) disparaissait derrière un voile de brouillard. Les tempêtes de sable, en provenance du désert de Gobi, sont certes fréquentes au printemps dans le nord de la Chine, mais les Pékinois n'avaient pas constaté un ciel aussi chargé depuis plus d'une décennie. Les autorités ont déclaré l'alerte jaune et sur les chaînes d'information chinoises, on ne parle que de ça.
Du fait du manque de visibilité, à peine de 250 mètres, les autorités ont dû fermer certains axes routiers, occasionnant des centaines de kilomètres de bouchons. Tous les avions au départ des deux aéroports de la capitale chinoise sont eux restés cloués au sol lundi. Pour Pan Xiaochuan, expert en santé environnementale, le manque de précipitations observé ces derniers jours peut expliquer que la tempête était particulièrement chargée en sable. "Quand il n'y a pas d'humidité, la poussière tend à s'empiler", affirme-t-il à l'AFP. La municipalité a également dû fermer les écoles et suspendre les activités sportives en extérieur, en raison du risque pour la santé.
Des niveaux de particules particulièrement élevés
À cause de la pollution humaine, que le phénomène amplifie, la qualité de l'air était considérée comme "dangereuse" par aqicn.org, le site chinois de référence de mesure de la qualité de l'air. En début de matinée, le niveau des particules PM10 (dont le diamètre est inférieur à 10 micromètres) était près de vingt fois supérieur aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Celui des particules PM2,5 (diamètre inférieur à 2,5 micromètres), encore plus nocives, a dépassé 560, un niveau rarement atteint ces dernières années à Pékin. "On a du mal à respirer", témoigne un jeune chinois devant une caméra de TF1.
Des niveaux alarmants dont les conséquences pour la santé inquiètent. "Ce mélange de poussière et de particules fines est un cocktail extrêmement toxique. Les particules fines entrent dans le sang et donnent potentiellement des cancers", souligne Yann Boquillod, directeur de la qualité de l'air au sein de l'entreprise IQAir, à Pékin. Pour se protéger, Franck Pajot, expatrié français, ne lésine pas sur les moyens. Chez lui, un purificateur d’air est installé dans chaque pièce ou presque. Une protection qui peut sembler extrême vue de France mais qui à Pékin n'a rien d'une lubie. "Avec mon épouse, on s’interroge souvent sur la question des conséquences sur la santé de nos enfants en vivant à Pékin. Dès qu’il y a un pic de pollution, ils toussent beaucoup", déplore cet expatrié français.
Pas de retour à la normale avant jeudi
Les épisodes de pollution extrême se sont raréfiés ces dernières années dans la capitale chinoise, le combat contre l'air vicié étant devenu un enjeu majeur pour le pays, qui a annoncé vouloir atteindre la neutralité carbone d'ici 2060. Mais d'après Li Shuo, membre de Greenpeace Chine, les activités industrielles "intenses" des dernières semaines ont contribué à la détérioration de l'air de Pékin, alors que les niveaux de production d'acier, de ciment et d'aluminium sont supérieurs à ceux observés avant l'épidémie de coronavirus. Les autorités ne prévoient pas de retour à la normale avant ce jeudi. D'ici là, les Pékinois sont invités à limiter leurs déplacements à l'extérieur.
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info