TUEURS EN SÉRIE – Alors que s'ouvre mardi en Allemagne le procès de Niels Högel, un ancien infirmier accusé de plus d'une centaine de meurtres sur des patients, tour d’horizon – non-exhaustif – de ces serial killers sévissant en milieu médical.
Censés préserver la vie, ils ont pourtant choisi de donner la mort. Qu’ils soient médecins, infirmiers(ères) ou aides-soignant(e)s, de nombreux membres des services médicaux se sont retrouvés, au fil des années, accusés d’homicides en série. Parmi les derniers cas en date : celui, en Allemagne de Niels Högel, un ex-infirmier déjà condamné à la perpétuité pour deux meurtres, jugé depuis ce mardi à Oldenbourg (Basse-Saxe) pour 100 homicides commis sur d'anciens patients.
L'homme de 41 ans, dont les enquêteurs pensent qu'il pourrait avoir fait plus de 200 victimes, est cependant (très) loin d’être le seul soignant à avoir basculé dans la criminalité. De l’Allemagne aux Etats-Unis, en passant par la France, l’Autriche, la Suisse, la Belgique, le Royaume-Uni, mais aussi le Brésil, tour d’horizon – non-exhaustif – de ces serial killers en blouse blanche sévissant en milieu médical.
Nom : Harold Frederick Shipman
Nationalité : Britannique
Profession : Médecin
De quoi glacer le sang. Condamné à la prison à vie en janvier 2000 pour 15 meurtres (seulement), Harold Frederick Shipman est soupçonné d’être l’un serial killer les plus prolifiques de l’histoire. Et pour cause : selon les enquêteurs chargés de scruter son cas dans le détail, celui qui a été surnommé "le Josef Mengele britannique" – en référence au médecin nazi du camp d’Auschwitz – serait responsable de la mort de plus de 250 personnes. Il s’est pendu dans sa cellule en janvier 2004.
Nom : Mechthild Bach
Nationalité : Allemande
Profession : Médecin cancérologue
La justice n'aura pas pu faire son oeuvre jusqu'au bout. Suspectée de 76 homicides, le docteur Mechthild Bach, une cancérologue qui exerçait près de Hanovre, infligeait à ses patients des injections massives de morphine. Finalement jugée pour 13 meurtres, elle a fini par se suicider le 25 janvier 2011, pendant son procès, tandis qu’elle affirmait avoir agi pour soulager les souffrances des malades.
Nom : Ludivine Chambet
Nationalité : Française
Profession : Aide-soignante
Sa fragilité psychologique lui a sans doute évité la perpétuité. Poursuivie pour l'empoisonnement de 13 personnes âgées – dont 10 en sont mortes – dans une maison de retraite près de Chambéry, Ludivine Chambet, 34 ans, a été condamnée au mois de mai dernier à 25 ans de réclusion criminelle. Alors qu’elle encourait la perpétuité, les jurés ont retenu l’altération du discernement de l’aide-soignante au moment des faits. La jeune femme venait en effet de perdre sa mère, dont elle était très proche, au terme d’une longue leucémie.
Nom : Stephan Letter
Nationalité : Allemand
Profession : Infirmier
Il vient tout juste d'être "détrôné". Avant Niels Högel, Stephan Letter, un jeune infirmier allemand, a longtemps été catalogué comme l’un des plus grands tueurs en série de l’histoire d’Allemagne. Surnommé "l'ange de la mort", il a été condamné en 2006 à la prison à perpétuité pour les meurtres de 28 personnes par injection médicamenteuse dans une clinique des Alpes bavaroises.
Nom : Donald Harvey
Nationalité : Américain
Profession : Infirmier
Sa réputation aura eu raison de lui. Reconnu coupable d'au moins 37 meurtres en 1987, Donald Harvey, lui-aussi surnommé "l’ange de la mort", aurait, selon ses dires, tué près de 90 personnes dans les années 1970 et 1980. Après avoir commis son premier homicide par asphyxie – à l’aide d’un oreiller – à seulement 18 ans, l’infirmier a multiplié les empoisonnements, notamment par injection de cyanure ou par inoculation de virus. Roué de coup dans sa prison de l'Ohio par des codétenus au courant de son passé, il est décédé au mois de mars dernier.
Noms : Waltraud Wagner et Irene Leidolf
Nationalité : Autrichienne
Profession : Aides-soignantes
Ce n’est pas un seul tueur en série mais un groupe de serial killers qui a défrayé la chronique judiciaire en Autriche, mais aussi aux quatre coins du globe. L'affaire, qui s’est déroulée à l'hôpital de Lainz à Vienne en 1992, reste l'une des plus célèbres du pays. Accusées d'avoir commis 42 meurtres et tentatives de meurtres par asphyxie et autres "méthodes cruelles" pour se débarrasser de malades en phase terminale, les aides-soignantes Waltraud Wagner et Irene Leidolf sont condamnées à la perpétuité. Leurs deux complices, Stefania Mayer et Maria Gruber, respectivement à 20 et 12 ans de prison.
Nom : Edson Izidoro Guimaraes
Nationalité : Brésilien
Profession : Infirmier
Le Brésilien Edson Isidoro Guimaraes, 42 ans, infirmier à l'hôpital de Meier, au nord de Rio, est suspecté d’avoir tué 131 malades en 1999. Il a avoué avoir aidé à mourir "cinq ou six patients plongés dans le coma pour soulager la souffrance de ses patients", précisant qu'il alertait les pompes funèbres "pour toucher une commission" parce qu'il était dans une situation financière difficile. Il n’a finalement été condamné "que" pour quatre meurtres.
Nom : Kurt Dobbelaere
Nationalité : Belge
Profession : Infirmier
Il disait entendre des voix. Kurt Dobbelaere, infirmier chef d’une maison de retraite de Gand, a été reconnu coupable de quatre assassinats – ainsi que d’une tentative – sur des personnes âgées par injections surdosées d’insuline. Marié et père d’une jeune fille, vu par ses responsables comme un employé modèle, l’homme avait expliqué, selon son avocat, avoir agi sur ordre de sa mère, morte neuf ans plus tôt, dont il entendait des murmures. Il a été condamné à la perpétuité en avril 2010.
Nom : Roger Andermatt
Nationalité : Suisse
Profession : Aide-soignant
L’affaire avait secoué la Confédération helvétique : Roger Andermatt, aide-soignant suisse de 36 ans, a été condamné en 2006 à la prison à perpétuité pour homicide ou tentative d’homicide sur 27 personnes âgées dont il s’occupait. Baptisé "l’infirmier de la mort" dans les médias, l’homme étouffait ou empoisonnait ses victimes. Lors de son arrestation en juin 2001, l'aide-soignant avait expliqué avoir agi par compassion et car il était surmené.
Nom : Michaela Roeder
Nationalité : Allemande
Profession : Infirmière
La première "ange de la mort" de l'Allemagne moderne, c'est elle. Comme Niels Högel et Stephan Letter, Michaela Roeder, une infirmière de Wuppertal, dans l’ouest du pays, a été accusée d'avoir tué 17 patients de l'hôpital où elle travaillait dans les années 1980. Condamnée à onze ans de prison en 1989 pour huit de ces cas, elle avait été acquittée, faute de preuve, pour les neuf autres.