Coronavirus : l'impact économique de la pandémie

Venise casse ses prix pour attirer les vacanciers

V. F
Publié le 4 mars 2021 à 12h06, mis à jour le 4 mars 2021 à 12h16
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Source : Sept à huit

TOURISME - À cause du Covid, Venise est désertée par les touristes. Un désastre pour les commerçants et les hôteliers mais une aubaine pour les vacanciers. Peu nombreux, ils profitent de la cité rien que pour eux, avec des prix souvent cassés, comme en témoigne ce reportage de "7 à 8".

Ses canaux, ses gondoles, ses ponts, sa fameuse place Saint-Marc, Venise sera toujours Venise. Mais cette année, Covid oblige, il n'y a pas ceux qui la font vivre, c'est-à-dire les 30 millions de touristes qui s'y bousculent d'habitude chaque année. Cette ville musée se retrouve donc face à un défi de taille à surmonter, alors que 70% des habitants vivent du tourisme. En revanche, c'est une opportunité pour les quelques vacanciers qui s'y sont rendus, et qui peuvent profiter de la cité lacustre pour des prix défiants toute concurrence.

"Comme il y a le Covid, Venise est très belle, très calme, avec peu de touristes. Pour eux, c'est une chance", avance un gondolier. Mais pour lui, et les 450 gondoliers que compte Venise, c'est une malédiction. Il a perdu 70 % de ses revenus et n'a plus que 500 euros pour vivre par mois. "Je vois toujours le côté positif. Mais ce n'est pas facile du tout. D'ailleurs, j'ai dû vendre des objets qui m'appartenaient. Je me suis même fait prêter de l'argent par des amis", poursuit-il.

Des prix bradés

Venise, la sérénissime, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, accueillait avant la pandémie 30 millions de visiteurs par an. La ville des amoureux n'était pas très intime. Mais en mars 2020, avec le premier confinement, on ne voit plus que des pigeons sur la place Saint-Marc, tandis que le grand canal est abandonné aux poissons et aux 56.000 habitants. Depuis, la ville suit le rythme des déconfinements, reconfinements. Entre deux restrictions sanitaires, on peut donc visiter Venise sans être noyé dans la foule et faire de bonnes affaires, car pour survivre, commerçants et hôteliers bradent leurs prix. 

Certains vacanciers ont ainsi réussi à se loger au cœur de la ville pour un prix imbattable. En temps normal, un deux pièces est loué 950 euros la semaine, mais faute de demandes, certains propriétaires les proposent sur des sites d'échange d'appartement. Autre bon plan, la Venezia Card est soldée en ce moment 22 euros au lieu de 29. Grâce à ce pass, les visiteurs ont accès à cinq monuments. "Le Covid pour voyager pour les familles, je pense que c'est un coup de chance", affirme un vacancier. "Malheureusement, ce n'est peut-être pas bien de le dire", ajoute-t-il.

Des commerçants aux abois

Si la pandémie peut être une opportunité pour les touristes, pour l'économie de la ville, c'est un désastre. Cette année, le Carnaval a été annulé dans sa forme traditionnelle, alors pour aider les cafés, la municipalité a suspendu les loyers des terrasses. Celui du Florian, le plus vieux café du monde, s'élève à 350.000 euros par an, mais cela ne l'empêche pas de prendre l'eau pour autant. "Si on compare le mois d'octobre de l'année 2019 avec celui de 2020, à l'époque on encaissait 40.000 euros par jour, aujourd'hui c'est 5000 à 6000 euros. C'est une perte terrible", indique son directeur. Résultat, 60 des 90 employés ont dû être mis au chômage partiel. Et en cuisine, ils ne sont plus que deux au lieu de huit. 

Malgré la crise, le Florian a décidé de maintenir ses tarifs. Mais d'autres cafés de la place Saint-Marc ont cassé leurs prix, avec pour certains une baisse de 30%. "Un café cette année, c'est 4 euros. L'année dernière, c'était 5,50 euros. La coupe de glace, 13,50 euros au lieu de 18,50 euros et le spritz, 9  euros au lieu de 11 euros", avance Claudio, le patron d'un autre bar, place Saint-Marc. Il espère que ces nouveaux prix l'aideront à traverser cette crise parce qu’autour de lui, sous les arcades de la place, c'est l'hécatombe. 

30% des boutiques de la place Saint Marc ont déposé le bilan en un an

"Une très vieille bijouterie de la ville est fermée depuis le mois de mars, elle n'a jamais rouvert depuis le confinement. On a aussi un bar fermé pour la saison parce qu'il n'y a plus de clients. Un magasin de verre fermé par manque de touristes et une autre boutique est à louer. Elle est fermée depuis l'an dernier", égrène Claudio. 30% des boutiques de la place Saint Marc ont déposé leur bilan en un an. Le Covid a été le coup de grâce pour ces entreprises déjà fragilisées par les fortes inondations de 2019. 

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Même constat pour les hôtels dont Venise détient la plus forte concentration au monde. En temps normal, les cinq étoiles sont pleins à 85%. Mais aujourd'hui l'un d'entre eux, le Saturnia est obligé de revoir ses tarifs à la baisse pour faire revenir les clients et propose trois nuits pour 250 euros avec petit déjeuner, contre 1200 euros habituellement. Par ailleurs, pour toucher le maximum de personnes, l'équipe marketing inonde les réseaux sociaux avec 4 millions de messages publicitaires envoyés et ciblés en fonction des nationalités. "Pour les Allemands, on a mis l'accent sur l'emplacement de l'hôtel, le restaurant qui est sur place, le confort des chambres et de l'hôtel en général et la gestion familiale. C'est très apprécié par les Allemands", explique la responsable, "alors que pour les Italiens, qui sont plus sentimentaux, on a misé sur l'aspect romantique avec des images d'amoureux et des belles photos de la ville". En attendant les retombées de cette promotion, l'entreprise reste en danger. 


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