DOCUMENT - Une atmosphère de fin du monde : une équipe de TF1 filme l’enfer de Marioupol

Léa Tintillier | Reportage Liseron Boudoul, Romain Reverdy
Publié le 30 mars 2022 à 10h09

Source : JT 20h Semaine

La ville de Marioupol est écrasée par les bombes russes depuis plus d'un mois.
Des dizaines de milliers d'habitants, terrifiés, vivent encore dans des caves.
Les envoyés spéciaux de TF1 sur place ont recueilli des images déchirantes.

Marioupol est complètement défigurée par les frappes. Les immeubles sont démolis. Il ne reste que les carcasses des voitures qui ont pris feu. Des corps gisent au sol. Les combats viennent tout juste de s’arrêter. Mais on entend encore des tirs tout autour. "Ça, c’est un obus qui n’a pas explosé. On met des marques pour les voir, comme cette casserole. Et là, il y en a un encore", montre Sacha dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article. 

Il est l’un des derniers habitants ici. Il reste, car il veut retrouver sa fille qu’il a perdue durant les bombardements. "Ma fille est bloquée dans le centre-ville, mais je ne peux pas y aller. Il y a trop de tirs et je ne sais pas où sont les Russes et les Ukrainiens qui se battent", explique-t-il. 

Personne ne sait ce qu’il se passe deux rues plus loin. "Ce n’est pas possible de quitter ce quartier", confirme un autre habitant alors qu’une détonation retentit tout près de là. "Ça tire en face sur les étages. Il y a des groupes de combattants retranchés", reprend-il. 

Des scènes insoutenables

Les tirs s’intensifient. Tout à coup, une famille se presse. Ils fuyaient le centre-ville et ont traversé une zone de tirs. Trop de peur pour la grand-mère sur son fauteuil. Elle meurt subitement d’un arrêt cardiaque. Tout à côté, une autre scène insoutenable. Une femme épuisée se trouve en pleine détresse psychologique. "Quand ton fils te demande ce qui va se passer demain, quand la petite fille devient hystérique à cause des bombes et que les avions passent au-dessus, qu’on n’a plus de fenêtres, plus de portes et qu’on ne peut plus accéder à la cave ! J’ai même dormi dans la rue", hurle-t-elle, effondrée. 

Des habitants qui fuient et d’autres qui ne veulent pas quitter Marioupol. Car ils ne savent pas où aller. Dans une petite cour, des familles s’entraident depuis un mois. Ce mardi matin, elles cuisinent dehors, alors que les tirs résonnent. "C’est un avion. Il va lâcher une bombe. On a le droit d’être dans la rue de 8 h à 19 h. Après, on est considéré comme un ennemi par les deux camps et on peut être visé", affirme un homme. 

Alors le soir, tout le monde descend dans la cave. Dans une petite pièce fermée, il y a des enfants avec leur grand-mère. Ils ne sortent presque jamais depuis le début de la guerre. "On a inscrit chaque jour depuis qu’on est là", dit une petite fille en montrant des traits de crayon sur le mur. 34 jours dans cette cave. "On va rester ici jusqu’à la fin de la guerre, jusqu’à ce qu’il y ait du chauffage. C’est bientôt mon anniversaire le 12 avril, je vais avoir six ans", ajoute une autre fillette. "On essaye de ne pas montrer cette situation horrible aux enfants", pleure la grand-mère. 

Les habitants demandent à nos journalistes d’amener des bougies et des médicaments. Car la ville reste totalement isolée alors que les combats se concentrent désormais autour d’une usine bunkerisée, où se sont retranchés plusieurs milliers de soldats ukrainiens. 


Léa Tintillier | Reportage Liseron Boudoul, Romain Reverdy

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