VIDÉO - Reportage au cœur d'un labo clandestin de fabrication de fentanyl : qu'est-ce que cette drogue ultra-dangereuse ?

À des milliers de kilomètres de la France, c'est une guerre peu connue, mais ô combien violente, qui se déroule entre les États-Unis et les nombreuses organisations criminelles que compte le Mexique. En cause, les drogues de synthèse qui n'en finissent plus d'endeuiller le pays de l'Oncle Sam. Elles sont fabriquées, exportées et distribuées par les cartels mexicains, dont le plus puissant, celui de Sinaloa.

Alors que TF1 a diffusé, ce mercredi dans le 20H, l'enquête menée par nos journalistes Michel Scott et Paul Bouffard au cœur de ce réseau mafieux, on vous en dit plus sur le fentanyl, la plus meurtrière de ces nouvelles drogues.

Fabriqué en laboratoire à des coûts plus faibles que l'héroïne, mais 50 fois plus puissant que cette dernière, le fentanyl inonde depuis des années le marché américain de la drogue et a causé environ 70.000 morts par overdose en 2022, sur un total de 106.000 aux États-Unis, un record.

En avril dernier, Anne Milgram, directrice de la DEA, l'agence anti-drogue américaine, soulignait même que cet opiacé "tue davantage d'Américains entre 18 et 45 ans que le terrorisme, les accidents de voiture, le cancer et le Covid". À New York tout spécifiquement, la substance est devenue un réel problème de santé publique : selon une récente étude, plus de 80% des usagers de drogues que compte la ville prennent du fentanyl. 

Pour enrayer ce fléau, les États-Unis en appellent désormais à la coopération internationale, notamment à celle de la Chine, d'où sont majoritairement importés les produits nécessaires à la fabrication des drogues de synthèse, et à celle du Mexique, qui abrite les dangereux cartels.

Ces derniers, de leur côté, n'hésitent pas à recourir aux pires atrocités pour contrôler leur juteux business : selon des documents judiciaires cités par l'AFP, des membres du cartel de Sinaloa ont ainsi torturé des rivaux, électrocutant certains et livrant d'autres - morts ou vivants - à des tigres appartenant à Ivan et Jesus Guzman, deux fils du redoutable narcotrafiquant El Chapo, aujourd'hui incarcéré aux États-Unis. Les mêmes documents révèlent que les "narcos" feraient aussi tester leur drogue à des prisonniers. 

En Europe, et notamment en France, le problème est bien moins prégnant. Il constitue toutefois une préoccupation grandissante, comme en atteste la mesure que le gouvernement a fait voter le 19 juin dernier, et qui autorise les douanes à saisir des substances chimiques susceptibles d'être utilisées dans la fabrication de drogues de synthèse.

"On sait que c'est un opioïde de synthèse" fabriqué "à partir de matières premières de produits pas interdits", avait d'ailleurs indiqué, à propos du fentanyl, Gabriel Attal, alors ministre des Comptes publics. Et de préciser qu'en 2020, "c'est 350 laboratoires de drogues" qui "ont été démantelés au niveau européen." 

Le ministre ajoutait qu'"en France, c'est pour l'instant assez artisanal, c'est ce qu'on appelle des laboratoires de cuisine, des 'Kitchen Lab'". Mais "on commence à voir des laboratoires au format industriel pour ce type de drogues, notamment aux Pays-Bas et maintenant un peu en Espagne. On ne veut pas que ça arrive" en France, avait-il insisté.