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REPORTAGE - Extrême pauvreté et ultra richesse : les deux visages du Liban

par L.T. | Reportage François-Xavier Ménage, David Pires
Publié le 7 août 2023 à 11h26
JT Perso
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Source : JT 20h WE

Il y a trois ans, le Liban est tombé dans une crise économique sans précédent.
Aujourd'hui, une population très riche continue de vivre comme si de rien n'était, tout près de l'écrasante majorité des habitants tombés dans l'extrême pauvreté.
Regardez ce reportage des envoyés spéciaux de TF1 François-Xavier Ménage et David Pires.

Les tours de Beyrouth ont beau culminer haut dans le ciel, l’État libanais, lui, est déjà totalement effondré. Habib tient un garage. Son revenu a été divisé par sept depuis le début de la crise. Il fait partie des 80% de Libanais désormais sous le seuil de pauvreté. "Il n’y a plus de classe moyenne. Avant, c’était nous la classe moyenne. On travaillait et on arrivait à joindre les deux bouts. C’est fini. J’ai beau travailler dans ce garage, je ne gagne presque plus d’argent", déplore-t-il. 

Tous les jours, après sa première journée de travail, commence la seconde. Il fait chauffeur de taxi pour gagner péniblement l’équivalent de 20 euros quotidien. "Tous les après-midis, je travaille de 16h jusqu'à minuit, voire 1h du matin pour cette compagnie de taxi pour essayer de m’en sortir. Je suis énervé, fatigué. Je ne vois plus ma famille", poursuit Habib. 

+170% d’inflation l’an dernier

L’inflation dans le pays est indomptable. Elle a grimpé de 170% l’an dernier, avec des conséquences alarmantes. Dans certaines rues, il n’y a plus d’éclairage public. Mais dans des bars, on fait encore la fête. Grâce à un générateur électrique, l’élite libanaise profite d’un cadre festif qui a longtemps fait sa réputation. "Presque tous les soirs, on sort pour relâcher le stress qu’il y a en nous. Si on ne fait pas ça, on devient fou ou alors on prend des médicaments. Vous savez, on a besoin de sortir et de s’amuser", affirme une jeune femme. 

La crise financière s’observe dans le tiroir-caisse. La monnaie locale a perdu 90% de sa valeur. Survivent ceux qui peuvent payer en dollars. Ce sont eux qui font marcher l’économie libanaise et les quatre restaurants que possède Albert, le patron des lieux. "Il y a 110 salariés. C’est très important. Il y a 110 familles qui vivent de ce boulot. Ça fait trois ans qu’on galère avec la crise économique. Là, le pays redémarre un tout petit peu. On essaye de continuer. On essaye de se battre", déclare Albert. 

Des distributions alimentaires

Pour l’écrasante majorité des Libanais, le restaurant est un produit de luxe et les distributions alimentaires la nouvelle règle. Magali délivre 250 repas par jour. "Vous avez des architectes, vous avez des avocats… Non seulement toutes les classes sociales mais tous les âges. On a des jeunes papas qui arrivent, qui n’ont plus d’emploi. On a des personnes âgées dont la famille ne peut plus s’en occuper", soupire-t-elle. 

Dehors, quelques bénéficiaires, tous sous le seuil de pauvreté. Parmi eux, Lina, assistante scolaire. "Sincèrement, je ne sais même plus comment faire pour nourrir mes enfants. Je ne peux plus les envoyer à l’école. C’est devenu trop cher et mon mari n’a plus de travail", témoigne Lina. 

Une Sécurité sociale hors service

Nouveau contraste quelques kilomètres plus loin dans une galerie commerciale. 1500 euros le goûter d’anniversaire pour un petit garçon de deux ans. Les parents ont conscience d’être privilégiés. Les banques étant défaillantes, épargner, pour eux, n’a plus aucun sens. "Ils ne veulent plus garder leur argent de côté comme c’était le cas avant. Conserver de l’argent pour le futur, c’est terminé. Cette mentalité-là, c’est fini pour les jeunes générations", explique Christina, directrice de Talent square. 

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Et que dire de la santé ? La Sécurité sociale est hors service. Alors, dans un dispensaire, on collecte des médicaments pour les redistribuer. Le père Gabriel va jusqu’à se substituer à l’État afin d’aider un voisin gravement malade pour financer sa chimiothérapie. "Pour ce monsieur-là, c’est entre 1000 et 1500 dollars, donc moi, je me bats. Je suis rentré dans ma communauté, j’ai passé l’après-midi à passer des coups de fil, j’ai pu comme ça assurer deux ou trois séances de chimio et ça, c’est pour un cas", déplore-t-il. Le Liban n’a plus d’État pour soigner, mais encore de la solidarité pour espérer. 


L.T. | Reportage François-Xavier Ménage, David Pires

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