REPORTAGE - Guerre en Ukraine : les mines du Donbass dans le viseur de l'armée russe

par L.T. | Reportage TF1 : Michel Scott
Publié le 1 mars 2023 à 23h23, mis à jour le 2 mars 2023 à 9h01

Source : JT 20h Semaine

La ville de Marinka a été rayée de la carte, après des mois de bombardements par l’armée russe.
Si les Russes font la guerre, c’est aussi pour s'accaparer les ressources minières de la région.
Celle de Pokrovsk, à 40 kilomètres de Marinka, a résisté.

Sacha et Volodymyr ont passé quatre mois sur le front de Marinka, située juste en face de Donetsk, le bastion séparatiste. Ils ont résisté aux assauts russes qui récemment se sont intensifiés. "Si vous comparez avec ce que c’était avant, Marinka, vous ne pourriez pas la reconnaître. Il n’y a plus rien là-bas", raconte Volodymyr. 

Nous étions dans cette petite ville minière à la veille de la guerre il y a quasiment un an jour pour jour, sur la ligne de confrontation qui coupe le Donbass en deux. Vous pouvez voir dans notre reportage en tête de cet article à quoi elle ressemble aujourd’hui, rasée d’un bout à l’autre. Or, si les Russes s’acharnent, pour Sacha, c’est aussi parce qu’ici se trouve l’un des poumons économiques de l’Ukraine. "Toute cette région est remplie de terres fertiles, de minerai et d’industries métallurgiques", explique Sacha. 

Le Donbass est un bassin houiller qui concentre la plus grande partie de l’industrie minière ukrainienne. Les terrils et les cheminées d’usines sont bien là, tout autour, tout près des combats. La Russie regorge elle-même de gisements parmi les plus importants du monde. Mais affaiblir l’Ukraine, c’est aussi la priver de ses ressources. Or, c’est ici, dans l’est du pays, où se déroulent les plus grandes batailles, qu’elles recèlent le plus de richesses naturelles. 

La production de charbon en chute

Les Russes occupent des dizaines de mines du Donbass, mais pas celle de Pokrovsk situés à 40 kilomètres de Marinka. C’est l’un des plus grands sites d’extraction du pays, géré par une société privée appartenant au milliardaire Rinat Akhmetov. Et les effets des bombardements s’y font sentir. "Il est déjà arrivé quatre ou cinq fois qu’à cause d’une coupure générale de courant, tout le personnel soit coincé au fond", affirme un mineur. 

Ce charbon-là n’est pas destiné aux centrales thermiques et à la production d’énergie. Il sert à la transformation du minerai de fer en fonte et en acier, secteur tout aussi stratégique. "Là-haut, les gars se battent et nous, nous avons notre propre bataille à mener ici au fond. C’est notre participation à l’effort de guerre", estime un autre mineur. 

Avec six millions de tonnes de charbon par an, la production du site a chuté de 30% depuis le début du conflit. Or, cette manne est essentielle aux industries du bâtiment ou celles des transports, comme pour les rails de chemin de fer par exemple. "On a perdu notre main d’œuvre. Ceux qui ont quitté la région avec leur famille et puis 1000 de nos employés se sont engagés dans les forces armées", explique encore un autre mineur. 

Aujourd’hui, ils sont encore 800 à venir travailler. La veille, deux d’entre eux ont été blessés dans une frappe russe qui a fait trois morts en détruisant leur immeuble d’habitation à Pokrovsk. 


L.T. | Reportage TF1 : Michel Scott

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