VIDÉO - Poussés par la faim, les ours de Transylvanie se rapprochent des villes roumaines

par La rédaction de TF1info | Reportage : Jean-Pierre Feret
Publié le 20 septembre 2023 à 7h30

Source : JT 20h Semaine

En Transylvanie, les ours bruns s'approchent de plus en plus des villes.
Poussés par la faim, ils fouillent les poubelles, et parfois les maisons.
Les autorités capturent les individus les plus entreprenants, et la population s'adapte à ce voisinage pas forcément rassurant.

Il n'est guère intimidé. En plein jour, au milieu de l'après-midi, un jeune ours brun traverse une route et s'approche du véhicule de notre équipe. Nous sommes en banlieue de Brașov, en Transylvanie. C'est une ville roumaine forte de ses 250.000 habitants, logée au cœur de la forêt, et entourée par la chaîne montagneuse des Carpates, que l'on découvre dans le reportage de TF1. 

De plus en plus fréquemment, les ours quittent l'abri des bois pour s'aventurer en ville, à la recherche de nourriture. Quelques heures seulement avant notre arrivée, l'un d'entre eux avait été repéré aux abords d'un quartier résidentiel. "Il était juste à côté du panneau et mangeait dans la poubelle", témoigne un habitant, "on s'est regardés dans les yeux". L'homme avoue avoir eu peur. "Vous vous rendez compte, un ours ! J'ai couru, j'ai failli tomber", s'amuse-t-il.

On le connaît, on a déjà essayé de l'attraper hier
Emil, chef de la brigade anti-ours

Le voisinage des ours est devenu suffisamment préoccupant pour qu'une brigade spécialisée soit créée il y a deux ans, unique en Europe. "On le connaît, on a déjà essayé de l'attraper hier", nous explique son chef Emil, à propos de l'ours aperçu autour des habitations, "un jeune entre deux et quatre ans, abandonné par sa mère". Si le plantigrade fait relativement peu de dégâts, son comportement est imprévisible, et potentiellement dangereux pour l'homme. Le vétérinaire a préparé un somnifère, et un fusil pour tirer une seringue hypodermique.

Poussés vers les villes par la faim

Tout est prêt, le quartier est bouclé, et les habitants prévenus de l'opération par une alerte sur leurs téléphones. L'animal est proche, il peut se laisser tenter par ses péchés mignons, comme le miel ou les fruits. Toute la nuit, la brigade va essayer de le localiser. Vers minuit, l'ours s'approche du piège, et mange quelques friandises à proximité, comme en témoigne une vidéosurveillance. Mais il semble se méfier, et n'entre pas dans la cage. 

Il sera vu plus tard en plusieurs points du faubourg, dont un parking souterrain, avant de disparaître. La traque est un échec, mais la brigade a déjà attrapé 13 ours en deux ans. La plupart sont reconduits plus loin dans la forêt, mais certains sont accueillis dans un sanctuaire spécialisé. 79 hectares de verdure, où vivent 150 individus à l'état semi-sauvage, c'est-à-dire en partie nourris par l'homme. La fondatrice de ce parc estime que les ours se rapprochent des villes à cause de la surexploitation des ressources en forêt, comme les fruits qui font l'essentiel de leur alimentation de base. 

La chasse à l'ours est interdite en Roumanie depuis 2016, même si un nombre limité d'entre eux est abattu chaque année sur permis spécial. Leur population a augmenté, pour atteindre 7 à 8000 individus dans les forêts des Carpates, soit 60% de l'ensemble des ours bruns d'Europe. Les incursions dans les zones habitées se multiplient, et des incidents mortels sont parfois à déplorer : 14 personnes ont été tuées ces sept dernières années, sur 154 attaques d'ours enregistrées par le ministère de l'Environnement. Les Roumains apprennent peu à peu à vivre au contact de cet impressionnant voisin, mais sans recourir à l'abattage massif réclamé de loin en loin par certains courants politiques.


La rédaction de TF1info | Reportage : Jean-Pierre Feret

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