Deux jours après la rébellion avortée d'Evguéni Prigojine, c'est toujours la sidération en Russie.Les envoyés spéciaux de TF1 ont pu se rendre à 450 km au sud-est de Moscou, dans la ville de Voronej.C'est là que les mercenaires de Wagner se sont arrêtés samedi 24 juin, avant de rebrousser chemin.
Menacée il y a deux jours, Moscou et sa région viennent de lever le régime d'opération antiterroriste décrété samedi 24 juin, à la suite de la révolte, finalement avortée, du groupe paramilitaire Wagner. Mais, qu'en est-il dans le reste du pays ? Les envoyés spéciaux de TF1 ont pris la route du sud. Dès la sortie de la ville, il n'y a plus de barrage ni de contrôle. Seuls quelques camions de l'armée sont encore visibles.
Il y a deux jours, cette même autoroute était empruntée par les colonnes de Wagner, en sens inverse. Pour se défendre et ralentir leur avancée, les autorités avaient creusé des tranchées à la hâte. Ce lundi, la chaussée est déjà colmatée.
Bien sûr qu'on a eu peur. J'ai cru que le sol se dérobait sous mes pieds.
Un habitant de Voronej
Direction à présent Voronej, une ville d'un million d'habitants, frontalière de l'Ukraine, dont les mercenaires de Wagner s'étaient emparés samedi. Des combats intenses s'étaient engagés avec l'armée, Russes contre Russes. Un avion et plusieurs hélicoptères de l'armée régulière ont été abattus et un dépôt de carburant a été bombardé.
Deux jours après cette scène de guerre, les Russes, qui étaient sur place, sont encore sonnés. "Bien sûr qu'on a eu peur. J'ai cru que le sol se dérobait sous mes pieds. Les gens partaient en courant, moi, j'ai sauté dans ma voiture. Les policiers ont levé les barrages sur la route et on s'est tous enfuis en vitesse", raconte un habitant, à peine remis de ses émotions, dans le reportage en tête de cet article.
Un peu plus loin, une commune de 2 000 habitants, également sur le chemin de Wagner, porte encore les traces des affrontements. La première chaîne de télévision nationale a été conviée pour montrer ce champ de bataille au public russe. "Les obus sont tombés un peu plus loin et les éclats ont traversé les fenêtres", montre aux caméras le propriétaire d'une maison. La population a été complètement désorientée par ce qui s'est passé.
Au plus fort des combats, les noms de Wagner ou de Prigojine n'ont jamais été prononcés dans les communiqués du gouverneur de Voronej. "On sait que la guerre était arrivée chez nous. On ne savait pas du tout ce qui se passait, on était perdu", témoigne une habitante. Dans cette région de Voronej, la rébellion de Wagner a laissé derrière elle un trouble, la peur de l'instabilité.