Une grande partie des avocats commercialisés en France vient d'Espagne.Mais ils pourraient se faire beaucoup plus rares avec la sécheresse importante qui sévit en Espagne.Un phénomène tel que les agriculteurs pourraient être contraints d'arracher leurs arbres.
Un avocat minuscule qui ne pourra jamais être vendu. C'est le constat d'un agriculteur espagnol : les fruits de son exploitation sont de plus en plus petits, et il s'est habitué à ce résultat depuis quelques années, avec des sécheresses de plus en plus fréquentes. "Ce fruit n'a presque pas grossi depuis l'an dernier, j'ai déjà récolté les quelques avocats qui avaient une taille acceptable, mais de manière générale, ils sont plus petits qu'avant. On a eu de telles vagues de chaleur, sans pluie, que les feuilles ont brûlé par endroit, un vrai micro-ondes", explique le professionnel.
Après avoir perdu 75% de sa récolte l'année 2022, il envisage de réduire sa plantation d'avocatiers de 200 à seulement 50 arbres. Il a depuis investi dans un nouveau système d'irrigation qu'il estime pouvoir être rentable. "Ça, c'est un goutte à goutte, il permet d'envoyer de l'eau de manière très localisée, et juste ce dont l'arbre a besoin pour survivre. Cette modernisation m'a coûté 10.000 euros. C'est beaucoup d'argent, mais les économies d'eau à long terme en valent la peine", ajoute-t-il.
Si on continue de penser que toute l'Andalousie peut fournir l'Europe en avocats, avec le peu d'eau que nous avons ici, notre région va devenir un désert"
Raphaël Yus, chercheur en biologie
Cette agriculture raisonnée reste une exception. Dans les plus grandes exploitations, un seul avocatier peut consommer jusqu'à 180 litres d'eau par jour, soit quatre fois plus qu'un oranger, par exemple. D'où provient toute cette eau ? Raphaël Yus, chercheur en biologie à La Viñuela en Espagne, nous montre de gigantesques bassins artificiels creusés aux pieds des montagnes. Le plus grand bassin de la région de Málaga est presque à sec. "Regardez cette tour, on voit bien, avec la marque jaunâtre, jusqu'où est censée arriver l'eau. Ça serait la capacité maximale du bassin, environ 170 millions de mètres cube. Mais aujourd'hui, il est rempli à moins de 10%", explique le chercheur.
Pour lui, il n'y a pas de doute, l'avocat assèche les sols et l'Andalousie n'a plus les moyens de répondre à la demande. "L'avocat vient de pays où le climat est subtropical, où il fait chaud, et où il pleut beaucoup. Ici, on a aussi des températures élevées, mais on est loin d'avoir autant de pluies. Si on continue de penser que toute l'Andalousie peut fournir l'Europe en avocats, avec le peu d'eau que nous avons ici, notre région va devenir un désert", ajoute l'expert.
Pourtant, la tendance est à l’augmentation des surfaces cultivées. Un kilogramme d’avocats peut rapporter 3 euros aux producteurs. Pour eux, c’est la promesse d’une rentabilité imbattable. Sur les collines autour de Malaga, les avocatiers grignotent le moindre espace disponible. Il y en a aujourd'hui plus de 10.000 hectares.
"Ici, avant, il y avait des vignes, mais ils sont en train de planter des avocatiers jusqu'au sommet. En cinq ans, les plantations ont augmenté de 30%", déplore un militant écologiste interrogé dans la vidéo en tête de cet article. Avec plus de 120.000 tonnes récoltées chaque année, la région de Malaga est la première productrice d'avocats au niveau européen, mais la fièvre de l'or vert a visiblement déjà atteint ses limites.
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