Sept à huit

VIDÉO - Enfants mannequins en Chine : des parents prêts à tout pour en faire des stars

V.F
Publié le 16 novembre 2021 à 10h26
Cette vidéo n'est plus disponible

Source : Sept à huit

ENQUÊTE - C'est le nouveau rêve des parents chinois : que leurs enfants deviennent des top models. Mais l'ambition de certains pour leur progéniture peut être excessive, comme nous le montre ce reportage de "Sept à Huit".

Elle ne sait pas encore lire, mais sait déjà parfaitement défiler devant l'objectif des photographes. À cinq ans, Che-Lan multiplie les prises de vue et pose chaque week-end pour des publicités qui peuvent rapporter gros à ses parents. Un site de commerce en ligne paye, par exemple, 200 euros l'heure pour s'offrir l'image de son joli minois. Entre les shooting, les défilés et les rôles au cinéma, "un enfant star peut gagner pas mal, je dirais environ 125.000 euros par mois. Alors que la norme se situe autour de 6500 euros", confirme le patron d'un studio photo dans le reportage de "Sept à Huit" en tête de cet article.

Depuis l'assouplissement de la loi sur l'enfant unique, il faut dire que le marché de la mode enfantine, qui concerne 240 millions de petits Chinois, croît de 23% par an. Résultat, les défilés et concours de beauté se multiplient, avec à la clé des parents qui imposent à leurs progénitures une compétition exacerbée. Ce qui entraîne tout un tas de surenchères : hypersexualisation des fillettes posant dans des attitudes ambiguës, défilés en bikini, excès et maltraitance. Une vidéo a d'ailleurs fait scandale sur internet, on y voit une mère asséner un coup de pied à sa petite fille récalcitrante sur le tournage d'une publicité. 

Elle dégage du magnétisme, des ondes de confiance

La mère de Wuhen, 9 ans

Érigés en poules aux œufs d'or, ces petits Chinois sont soumis à une pression féroce pour être les plus performants, les plus rentables, mais aussi les plus beaux. En guise d'illustration, une équipe de Sept à Huit s'est rendue à Wuhan, juste avant la pandémie de Covid-19, pour rencontrer une de ces enfants stars. Dans la chambre de Wuhen, 9 ans, peu de jouets, mais un pèse-personne et une photo géante d'elle sur une affiche publicitaire. Dès le petit-déjeuner, sa maman, mère au foyer, lui impose la discipline d'une championne. "Elle prend du calcium, du zinc, des vitamines pour la peau et des vitamines pour les cheveux", détaille-t-elle. Un dopage au service de la beauté. 

Autre contrainte, chaque matin, Wuhen s'entraîne à défiler comme sur un podium, avec un livre sur la tête. "C'est dur de rester bien droite au début", lance-t-elle, ajoutant : "depuis que je participe à des défilés de mode, quand en classe des profs me posent des questions, je ne suis plus jamais timide". "Maintenant, elle dégage du magnétisme, des ondes de confiance", renchérit sa mère. Et cette confiance paye. La petite fille a gagné plusieurs concours de beauté, mais la famille ne souhaite pas révéler le montant de ses cachets. 

"Confiance en nous et effort"

Wuhen suit aussi des cours dans la principale école d'enfants mannequins de la ville. "Quelle est notre devise ?", demande un professeur. "Confiance en nous et effort", lâchent les petits apprentis. La directrice l'a fondé en 2018 après avoir vécu en Corée du Sud où il existe des écoles similaires. 250 garçons et filles y sont inscrits dès l'âge de deux ans. L'année coûte 3500 euros pour trois heures de cours par semaine. 

Mais tous ne viennent pas de leur plein gré. "Moi, je veux une vie ordinaire, je veux être quelqu'un de banal", assène ainsi Jorwey, 7 ans, qui précise : "En fait, c'est ma mère qui veut que je suive des cours d'enfant mannequin, c'est elle qui m'a inscrite". Sa famille vit dans le quartier le plus huppé de Wuhan où son père a fait fortune dans le commerce de meubles. Jing, la maman, a trois enfants et ne travaille pas. 

La petite fille a déjà participé à un tournage de film et fait quelques photos. Mais entre les mathématiques et les shooting, Jorwey a une préférence. "Les cours de mannequin, ça ne me plaît pas, je trouve ça ennuyeux surtout quand la prof nous demande de coller nos corps contre le mur pour apprendre à se tenir bien droite. Il ne faut pas qu'une main puisse passer entre nos corps et le mur. Je n'aime pas du tout, je trouve ça trop fatigant d'y aller tous les week-ends", se plaint-elle. 

Lire aussi

En Chine, il n'existe aucune réglementation sur les enfants mannequins. Leur nombre d'heures de travail n'est pas limité. L'argent gagné n'est pas non plus bloqué sur le compte bancaire des enfants jusqu'à leur majorité, il est versé directement à leurs parents. 


V.F

Tout
TF1 Info