Suisse : le pays aux 33.000 bunkers

Laetitia A.D. | Reportage Ani Basar, Quentin Danjou
Publié le 22 avril 2022 à 20h32, mis à jour le 23 avril 2022 à 19h18

Source : JT 20h WE

La Suisse concentre le plus grand nombre d'abris anti-atomique par habitant.
Un vestige de la guerre froide, longtemps détourné de son usage premier, mais qui retrouve un certain intérêt avec la crise en Ukraine.
Notre équipe a parcouru la Suisse à la découverte de ses infrastructures encore méconnues.

En Suisse, disposer d'un abri-atomique est obligatoire. En plein cœur du pays et de ses paisibles paysages, au sous-sol de cette école se dissimule un abri anti-atomique. Le 20H Week-end de TF1 s'est rendu au poste de commandement de la protection civile de la ville de Lausanne. Derrière une porte blindée, on découvre une base arrière capable d'abriter ou de soigner plus de 500 personnes en cas de guerre ou d'attaque nucléaire. 

"On trouve un double centre sanitaire protégé qui permet d'accueillir des patients. L'idée, c'est de générer une évacuation verticale, en protégeant les gens contre l'effet des bombes", explique le commandant de la protection civile vaudoise, Louis-Henri Delarageaz. Cela peut paraître fou, mais ça n'a rien d'étonnant en Suisse. C'est même écrit dans la loi depuis la guerre froide. "La loi fédérale, qui date des années  60, prévoit que chaque habitant en Suisse dispose d'une place protégée à proximité de son lieu d'habitation", ajoute le commandant.

Des bunkers capables d'accueillir 9 millions de personnes

La Suisse compte aujourd'hui un peu plus de 300.000 bunkers capables d'accueillir 9 millions de personnes, soit plus que sa population. Même les nouveaux immeubles en prévoient, comme c'est le cas à Vérossaz, 600 habitants. Dans un chalet en construction, une porte blindée et un mur en béton de 30 cm, les normes de sécurité sont très strictes. "L'abri ici, s'il est fermé, doit être en surpression. Il y a aussi un système de ventilation, des toilettes chimiques et des lits qui vont arriver", décrit un promoteur immobilier dans le reportage en tête de l'article.

Pour mettre à l'abri ses citoyens, la Suisse voit les choses en grand. Le bâtiment construit autour de l'immense tunnel de Sonnenberg, d'une longueur d'un kilomètre et demi, forme l'un des plus grands bunkers au monde. Il a été construit dans les années 70 pour contenir un tiers de la population de Lucerne, soit 20.000 personnes et peut encore abriter aujourd'hui 2 000.  Cela peut sembler spartiate, mais tout y est : un central téléphonique, une salle d'opération, une prison, et même des rations de survie.

Escape game, hôtel, ferme… La seconde vie des bunkersSource : JT 20h WE

Entretenir ces infrastructures coûte cher, alors les bunkers ont souvent une seconde vie. L'armée vend des abris de quelques centaines de mètres carrés à des particuliers. Et les Suisses ne manquent pas d'imagination. Certains stockent des tonnes de gruyères, quand d'autres y entreposent un arsenal défensif. 

Une surprise se cache derrière chaque porte blindée ou presque. Le producteur Alex Lussi fait pousser plus de 125 tonnes de champignons shiitake par an dans un ancien dépôt à munitions. "On a une température parfaite, constante. De l'humidité régulière. Et surtout ses champignons ont une histoire, car ils sont produits à l'intérieur de la montagne. On a eu beaucoup de chances", affirme-t-il.

Malgré cela, le scénario d'une guerre est pris très au sérieux. Certains voient en ces bunkers une aubaine. La Suisse qui revendique sa neutralité dans les conflits semble être aujourd'hui le pays le mieux préparé pour protéger sa population.


Laetitia A.D. | Reportage Ani Basar, Quentin Danjou

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