VIDÉOS - "Vingt ans de souffrances" : deux pompiers racontent l'enfer du 11 septembre 2001

Virginie Fauroux avec les correspondants de TF1 aux Etats-Unis
Publié le 11 septembre 2021 à 18h20, mis à jour le 11 septembre 2021 à 18h25
JT Perso
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Source : Sujet TF1 Info

L'INFO EN PLUS - Le 11 septembre 2001, 343 pompiers de New York ont perdu la vie lors de l'attaque des tours jumelles. Mais beaucoup d'autres en subissent encore aujourd'hui les conséquences. Les correspondants de TF1 aux Etats-Unis ont rencontré deux de ces oubliés.

La météo était parfaite sur New York, ce mardi 11 septembre 2001. Une magnifique journée d'été indien, qui allait devenir l'une des journées les plus noires de l'histoire des États-Unis. Parmi ceux qui ont payé un lourd tribut, 60 policiers et 343 pompiers n'en sont pas sortis vivant. 

Plus dramatique encore, au fil des années, d'autres pompiers continuent de mourir, contaminés par l'amiante, les dioxines, le plomb et autres substances cancérigènes. Sans compter ceux qui, gravement malades, subissent une vie en pointillés.

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C'est douloureux quand je respire, je suis tout le temps angoissé, j'essaie de faire au mieux, mais ça a dévoré ma vie.

Rich Roell, ancien pompier de New-York

Rich Roell, ancien pompier de New York est de ceux-là. Alors que ses camarades disparaissent les uns après les autres, lui se bat contre la maladie : ses poumons sont touchés, son cœur aussi. "On a ajouté 250 noms cette année ; c'est très difficile de voir ça parce qu'on est tous malades", dit-il dans la vidéo ci-dessous. Pour Rich, le 11-Septembre, c'est "vingt ans de souffrances". "C'est douloureux quand je respire, je suis tout le temps angoissé, j'essaie de faire au mieux, mais ça a dévoré ma vie. Je vais voir des médecins chaque semaine juste pour m'occuper de ça. Et ça aide. Parce que ma famille, non pas qu'elle ne veuille pas l'entendre, mais elle souffre aussi. C'est très, très dur. J'espère que vous ne verrez jamais cela de votre vie", lâche-t-il. 

Rich n'a rien oublié de cette funeste journée. Il a toujours gravé dans sa mémoire le souvenir de ces tours qui s'effondrent et de cette poussière opaque et toxique envahissant New York. "Je ne suis plus le même dur à cuire que j'étais avant. Cela a ruiné tant de vies, toutes ces victimes avaient une famille. Je ne sais pas exactement combien de pays était représentés, mais beaucoup avaient quelqu'un ici. Des sauveteurs sont venus de Washington D.C. Le FBI est venu ici. Ils sont tombés malade d'être venu au World Trade Center, toutes les toxines que nous respirions. C'est dur. Très dur", confie-t-il.

VIDÉO - 11-Septembre, 20 ans après : "Ça a dévoré ma vie"Source : Sujet TF1 Info

Près d'un demi-million de personnes vont être enveloppées dans ce nuage empoisonné. De nombreux pompiers vont rester plusieurs jours sur place, comme Mike O’Connell, qui avait 25 ans à l'époque. "Je venais juste d'être transféré de la police de New York. Je n'étais là que depuis quelques mois, donc en tant que nouveau, vous ne savez pas à quoi vous attendre en partant vers un incendie. Même les pompiers plus expérimentés ne savaient pas à quoi s'attendre. En étant si jeune, j'ai dû apprendre très vite, je devais maîtriser mes émotions", raconte-t-il dans la vidéo en tête de cet article. Avant de poursuivre : "Dès que les tours se sont effondrées, les gens ont commencé à fuir, couverts de débris. Et on a foncé vers la zone. Une fois que vous êtes entré là-dedans et que la poussière retombe, c'était comme être dans une scène de film", se remémore-t-il. 

Un film sans clap de fin, car ses souvenirs l'assaillent jour après jour. Et il est toujours difficile pour Mike, vingt ans après, d'admettre l'inadmissible. "Vous savez, quand vous êtes enfant, que vous arrivez en voiture à Manhattan et que vous voyez la ligne d'horizon avec le World Trade Center, il est si imposant. Et quand d'un seul coup, il n'est plus là, c’est tellement surréaliste", souligne-t-il. Malgré les risques, l'ancien pompier de New-York sait qu'il referait exactement la même chose. "Il y avait un travail à faire, on a signé pour cela. Je savais que sous cette pile se trouvait un père, un mari. C'était notre travail d'essayer de les aider. Mais tout était pulvérisé et nous respirions ces poussières, on mangeait, on buvait, on dormait dedans", raconte-t-il. 

Une maladie auto-immune rare

Mike O'Connell en paye aujourd'hui le prix fort. Depuis 2007, ce père de famille est atteint d'une maladie pulmonaire rare appelée sarcoïdose, qui touche également des centaines de ses collègues. "C'est arrivé du jour au lendemain. Un 1er janvier. Ma femme était enceinte de six mois de mon premier enfant et la veille, c’était le réveillon du Nouvel An, on faisait la fête. Nous nous sommes réveillés et je n'ai même pas pu bouger. Je n'ai pas pu sortir du lit. Mon corps avait gonflé, jusqu'à deux fois la taille de ce qu'il était six heures avant de me coucher. Je ressentais beaucoup de raideur, c'était douloureux comme si ça avait attaqué toutes les articulations de mon corps", décrit-il, ajoutant que cette maladie n'a heureusement pas touché ses organes vitaux. 

Grâce à l'hospitalisation et aux médicaments, Mike a pu reprendre son travail, et même être promu lieutenant. Mais peu de temps après, alors qu'il est appelé sur un incendie, le fait de respirer de la fumée ravive ses douleurs et le renvoie à l'hôpital. "Je savais donc que c'était quelque chose qui allait durer toute ma vie et que ça n'allais pas s'atténuer", reconnaît-il. Prenant le risque d'y rester un jour ou l'autre, Mike doit prendre la douloureuse décision de quitter son travail. "C'était comme une famille pour moi. Et voilà où j'en suis aujourd'hui". Ancien athlète universitaire, Mike est ainsi passé d'un homme à la condition physique exemplaire à une personne alitée le plus clair du temps. "Ça a attaqué mes pieds, mes articulations, toutes les articulations de mes chevilles, mes genoux, mes coudes, je n'étais plus la même personne", affirme-t-il.

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Mike le reconnaît : "Si le 11 septembre, près de 3000 personnes ont perdu la vie, il y en a autant maintenant qui décèdent d'une maladie liée à l'effondrement des deux tours jumelle. En moyenne, entre 300 et 400 personnes par an meurent des suites de ces attentats. C'est stupéfiant", conclut-il.


Virginie Fauroux avec les correspondants de TF1 aux Etats-Unis

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