Visite historique du pape François : que sait-on de la communauté chrétienne en Irak ?

A.P
Publié le 5 mars 2021 à 15h15
Le pape François au chevet des chrétiens d'Irak.

Le pape François au chevet des chrétiens d'Irak.

RELIGION - Ce vendredi, le chef de l'Eglise catholique se rend au chevet de ce peuple fragilisé par les conflits et le terrorisme qui gangrènent le pays. Mais que sait-on sur cette communauté ? La rédaction de LCI fait le point.

Jamais un pape n'avait foulé le sol irakien. Ce vendredi, le chef de l'Église catholique rend une visite historique aux chrétiens de ce pays du Moyen-Orient. Pour ce premier déplacement à l'étranger depuis le début de la pandémie du Covid-19, le programme du pape François est chargé. Pendant trois jours, il se rendra aux quatre coins de l'Irak pour exprimer son soutien à une communauté chrétienne éprouvée par la guerre et les exactions. "C'est un grand moment d'espoir, il vient voir les chrétiens mais aussi l'Irak", note le père Patrick Desbois, président de l'association Yahad In Unum sur LCI. Une visite symbolique à un peuple marqué par les persécutions et l'exil. 

Cette communauté chrétienne prend la forme d'un patchwork de courants. Environ deux tiers sont catholiques (souvent chaldéens et syriaques), le tiers restant est orthodoxe rappelle La Croix. La présence des chrétiens en Irak demeure très ancienne. En effet, ce pays du Moyen-Orient représentait l'ancienne Mésopotamie, qui incarne le berceau historique du christianisme. Géographiquement, la communauté  est disséminée sur tout le territoire. On trouve des lieux de cultes chrétiens dans le nord du pays, à Bagdad ou encore à Bassorah, dans le sud irakien. 

Au total, on estime le nombre de chrétiens en Irak à 400.000 personnes, soit 1% de la population. Il y a 20 ans, ils étaient 1,5 million. "C’était un pays où les chrétiens étaient nombreux jusqu’à la chute du régime de Saddam Hussein, en 2003. Après, leur nombre n’a cessé de diminuer", expliquait la grande reporter de TF1 Patricia Allémonière sur LCI. À la suite de cette guerre, les chrétiens auraient été davantage stigmatisés. "Le sentiment anti-occidental et la corruption généralisée s'ajoutent aux attaques contre les églises, confiscations de propriété (7 000 à Bagdad depuis 2003), kidnappings, meurtres", écrivaient ainsi plusieurs sénateurs dans un rapport de 2018.

Les chrétiens d'Irak, une des cibles de l'EI

Si le nombre de chrétiens avait déjà baissé au début des années 2000, l'arrivée de l'organisation Etat islamique a fragilisé encore plus ce peuple. L'un des éléments marquants reste l'attaque de la cathédrale Sayidat al-Najat le 31 octobre 2010, revendiquée par l'État islamique d'Irak. Cette action coûte la vie à 58 personnes. Quatre ans plus tard, le califat de Daech est proclamé à Mossoul - deuxième ville du pays. Ciblés par les violences du groupe islamique, les chrétiens sont de nouveau encouragés à fuir. 

Même conséquence dans la plaine de Ninive où Daech s'était implanté à l'été 2014. Leur arrivée pousse 150.000 chrétiens à la fuite. "Certains ont eu quelques minutes pour décider s'ils voulaient partir ou être décapités", rappelle le père Karam Qacha. Ils  vont trouver refuge dans d'autres régions du Moyen-Orient au Kurdistan voisin ou bien dans les pays occidentaux. Combien sont revenus ? Selon la fondation "Aide à l'Église en détresse", seuls 36.000 des 102.000 chrétiens partis de Ninive ont parcouru le chemin retour. 

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Au cours de cette visite inédite, le pape François devrait les appeler à rester ou à revenir en Irak. "Un Moyen-Orient sans les chrétiens, c'est un Moyen-Orient qui a la farine mais pas le levain et le sel", se lamente le cardinal Leonardo Sandri, qui chapeaute la "Congrégation pour les églises orientales" au Vatican et accompagne le pape dans ce voyage. Un appel au retour "obligatoire" mais "difficile", convient le cardinal Sandri, tant l'Irak va depuis 40 ans de guerre en crise politique ou économique.


A.P

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