#SOFAGATE - Deux jours après l'affront protocolaire d'Ankara envers Ursula von der Leyen, reléguée sur un divan lors d'une réunion, la tension ne retombe pas. Pointée du doigt pour son comportement, la Turquie se défend.
Le "Sofagate" n'en finit plus de faire parler. La Turquie a fustigé, ce jeudi 8 avril, des "accusations injustes" après l'affront protocolaire ressenti par Ursula von der Leyen à Ankara, affirmant que la disposition des fauteuils au cœur de la polémique avait été suggérée par la partie européenne. La présidente de la Commission avait été placée en retrait, mardi 6 avril, sur un divan lors d'une réunion des présidents des institutions de l'UE avec le chef d'État turc Recep Tayyip Erdogan et le président du Conseil européen Charles Michel, ce qui a provoqué beaucoup de ressentiment mais aussi des frictions à Bruxelles.
Ce jeudi soir, le chef du gouvernement italien Mario Draghi a même traité Erdogan de "dictateur" et s'est déclaré "très navré par l'humiliation que la présidente de la Commission a dû subir". "Cela n'a pas été un comportement approprié", a-t-il précisé. Ces commentaires venant du Premier ministre italien ont été qualifiés de "populistes, offensants et déraisonnables" par le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu, après que ses services ont convoqué l'ambassadeur d'Italie à Ankara.
Atanmış İtalya Başbakanı Draghi’nin kabul edilemez popülist söylemini ve seçimle göreve gelmiş Cumhurbaşkanımız hakkındaki çirkin ve hadsiz ifadelerini kuvvetle kınıyor, kendisine iade ediyoruz. — Mevlüt Çavuşoğlu (@MevlutCavusoglu) April 8, 2021
Ankara fustige des "accusations injustes"
Auparavant, lors d'une conférence de presse, il avait estimé que "les accusations [étaient] injustes". "La Turquie est un État profondément enraciné et ce n'est pas la première fois qu'on accueille des dignitaires étrangers", a-t-il rappelé. "Les demandes de l'UE ont été respectées. Cela veut dire que la disposition des sièges a été réalisée à leur demande. Nos services du protocole se sont rencontrés avant la réunion et leurs demandes [de l'UE] ont été respectées", s'est défendu le chef de la diplomatie turque.
Le service du protocole du Conseil européen, institution présidée par Charles Michel, a fait valoir jeudi qu'il n'avait pas eu accès au préalable à la salle de réunion. "Si la pièce avait été visitée, nous aurions suggéré à nos hôtes que, par courtoisie, le divan soit remplacé par deux fauteuils pour la présidente de la Commission", a indiqué ce service dans une lettre.
Lire aussi
VIDÉO - À Bruxelles, l'affront fait par Recep Erdogan à Ursula von der Leyen ne passe pas
Lire aussi
Qui est Ursula von der Leyen, l'Allemande choisie pour présider la Commission européenne ?
Mercredi 7 avril, Ursula von der Leyen a fait connaître son mécontentement d'avoir été placée en retrait et a exigé d'être traitée comme l'égale du président du Conseil. Son porte-parole a affirmé que "les présidents des deux institutions ont le même rang protocolaire" mais le Conseil européen, l'organe représentant les États membres, a toutefois fait savoir que son président avait la préséance sur la Commission pour le protocole international. Charles Michel a assuré jeudi "regretter profondément" ce qui s'est passé à Ankara lors d'une intervention télévisée en Belgique. Il a expliqué ne pas avoir réagi "par crainte de créer une incident bien plus grave" et d'empêcher ainsi la tenue de la réunion, dont les enjeux étaient importants pour l'UE.