A Val d'Isère, l'ex-PDG de L'Oréal s'acharne sur une baraque à frites

Publié le 15 décembre 2014 à 19h22
A Val d'Isère, l'ex-PDG de L'Oréal s'acharne sur une baraque à frites

PROCÈS - Lindsay Owen-Jones demande mardi au tribunal d'Albertville de faire fermer une baraque à frites située face à ses beaux appartements de Val d'Isère (Savoie). L'ancien PDG de L'Oréal ne supporterait pas la vue de ce snack et l'odeur de ses pommes de terre à l'huile.

En ouvrant son établissement de restauration rapide au pied des pistes de Val d'Isère (Savoie) en 2005, jamais Valérie Maertens n'aurait pensé qu'elle aurait autant d'ennuis. Cette Belge trentenaire, gérante de La Cabane , est en effet poursuivie une nouvelle fois mardi par l'ancien PDG de L'Oréal, Lindsay Owen-Jones.

Propriétaires de magnifiques appartements dans un immeuble situé entre 50 et 100 mètres de cette baraque à frites, le millionnaire ne supporterait en effet ni la vue du snack-bar, ni les nuisances olfactives occasionnées notamment par les patates. "Cinq procédures ont été engagées depuis 2008 devant le tribunal administratif, par Monsieur Owen-Jones et trois autres propriétaires. Toutes ont été rejetées. L'audience de ce mardi aura lieu au tribunal de grande instance d'Albertville. Le David ou le Goliath devant un juge, ils ont tous les deux la même chance " a fait savoir François Bern, avocat de Valérie Maertens contacté par metronews.

"Parasols bariolés et poubelles"

Car Me Bern ne comprend toujours pas pourquoi Lindsay Owen-Jones s'acharne autant. "Il parle d'une vue gâchée par le snack alors même que ma cliente a fait un effort sur l'esthétique, avec notamment une terrasse avec transats. Il évoque de 'nuisances olfactives' qui à mon sens ne sont pas perceptibles. Le fond du problème est plus je pense que ces gens fortunés aiment les sites aseptisés, ouatés. Devant chez eux, ils ne voudraient que du blanc, ou peut-être à la rigueur de beaux chalets en bois".

Le Britannique et son épouse, dont les avocats étaient injoignables, estiment en effet que la "vue remarquable et la tranquillité exceptionnelle" de leurs logis sont ainsi dénaturées par l'exploitation de cette friterie sur le front de neige, entourée de "nombreuses chaises et transats, tables, tentes et chapiteaux, parasols bariolés, poubelles et véhicules".

Les Owen-Jones et leurs voisins reprochent également à la commerçante le non-respect du code de l'urbanisme, faisant valoir que le chalet, destiné à la société des téléphériques, n'avait pas vocation à devenir un local à usage commercial. Et les copropriétaires ne plaisantent pas puisqu'ils réclament la fermeture de l'établissement, sous peine de 500 euros par jour de retard, ainsi que la destruction de constructions illégales intervenues en 2011. En cas de rejet de ces requêtes, ils exigent une expertise de la perte de valeur de leurs appartements résultant de ce trouble de voisinage.

Les gendarmes en sont fans

François Bern aime à rappeler que La Cabane de sa cliente est bon marché et qu'elle connaît un franc succès. " A Val d'Isère, les établissements en front de neige où l'on peut déjeuner pour moins de 10 euros, il n'y en a pas beaucoup... Ce snack a sa place. Les étudiants, les Chambériens, les Savoyards, ils ne vont pas dans les restaurants, ils viennent là. Même les gendarmes municipaux viennent régulièrement manger là."

Outre une clientèle fidèle, l'avocat pointe du doigt la conjoncture. "A l'époque qu'on vit, ce procès me paraît à la fois dérisoire et surréaliste. Quelles sont les priorités aujourd'hui ? Que les gens aient une activité non ? Mme Maertens est une jeune femme qui s'est retroussé les manches, qui a monté son activité, qui travaille comme une folle pendant toute la saison d'hiver" dit-il. Et d'ajouter : "Elle ne va pas quand même pas pointer au chômage à cause des narines trop précieuses d'un homme richissime qui a sans doute d'autres chats à fouetter."


Aurélie SARROT

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