Accident de Brétigny-sur-Orge : des documents internes pointent de nouveau la responsabilité de la SNCF

JMD
Publié le 2 avril 2019 à 9h00, mis à jour le 2 avril 2019 à 9h16
Accident de Brétigny-sur-Orge : des documents internes pointent de nouveau la responsabilité de la SNCF
Source : AFP

DÉRAILLEMENT - Trois mois après la mise en examen d’une seule personne physique, un cheminot chargé de la surveillance des voies, des documents internes à la SNCF tendent à prouver que l’entretien du réseau francilien était insuffisant dans les semaines précédant le drame de Brétigny-sur-Orge, le 12 juillet 2013. Depuis cinq ans, toutes les expertises ordonnées par la justice ont conclu que le train Intercités Paris-Limoges avait déraillé à cause d'un morceau de voie mal entretenu.

Cinq ans et demi après le déraillement d’un train Intercités Paris-Limoges le 12 juillet 2013 à hauteur de Brétigny-sur-Orge, catastrophe qui avait provoqué la mort de sept personnes, les juges d’instruction avaient décidé le 16 janvier dernier de clore l’enquête. Quelques jours auparavant, une seule mise en examen d’une personne physique avait été prononcée (pour homicides et blessures involontaires) alors que la SNCF et RFF (Réseau ferré de France) avaient subi le même sort dès septembre 2014 mais en tant que personnes morales cette fois. 

Pendant toute la durée de l’instruction, la SNCF a affirmé que ce drame était imprévisible en raison d’une rupture brutale des boulons ayant entraîné le basculement d’une éclisse puis le déraillement. Une version et une ligne de défense de la SNCF mises à mal par plusieurs expertises demandées par la justice puisque ces dernières ont régulièrement montré que le mauvais entretien des voies était à l’origine du drame. Les boulons avaient notamment déjà cédé lors de la dernière inspection des voies avant le drame, le 4 juillet 2013.

Limiter la casse
Le directeur de l’infrastructure SNCF pour l’Ile-de-France, dans un e-mail

Cette fois, des documents internes à la Société nationale - que Le Parisien a pu consulter - prouveraient que des dirigeants franciliens de la SNCF s’inquiétaient de la stratégie d’entretien des infrastructures dans les semaines avant le drame. Ainsi, un courrier électronique datant du 14 avril 2013 met l’accent sur un manque de personnel pour la maintenance des voies sur Paris Rive Gauche, le secteur dont dépend Brétigny-sur-Orge. "Nous avons identifié un gros déficit pour réaliser la production 2014 (à ce jour, le déficit est évalué à plus de 200 personnes), indique le directeur de l’infrastructure pour l'Ile-de-France, qui s’adresse à son directeur financier. Ainsi, un plan de recrutement complémentaire dès cette année sur PRG (Paris Rive Gauche) serait très utile pour disposer de plus d’agents formés en 2014 sur PRG et pour limiter la casse sur cette région."

D’autres documents internes consultés par le quotidien indiquent qu’il manquait environ 1000 agents de maintenance en Île-de-France dans la période qui a précédé le drame de Brétigny-sur-Orge. "Tout le monde savait, puisque c’était la conséquence des directives de Bercy, mais personne ne voulait voir, accuse ce cadre de l’entreprise, cité par Le Parisien. Chaque année, nous perdions 3% des effectifs de maintenance." En ce qui concerne la suite de la procédure judiciaire, c’est au parquet de décider sur un éventuel renvoi des responsables devant le tribunal correctionnel.


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