ENQUÊTE - Le parquet national financier (PNF) a ouvert une enquête préliminaire visant Rachida Dati et Alain Bauer. L'ancienne ministre de la Justice et le criminologue sont soupçonnés d'avoir perçu des fonds potentiellement suspects via la structure néerlandaise de Renault-Nissan BV. La candidate à la mairie de Paris a annoncé porter plainte pour dénonciation calomnieuse.
Nouveau rebondissement dans l'affaire Carlos Ghosn. Une enquête préliminaire a été ouverte après une plainte visant l'ancienne garde des Sceaux Rachida Dati et le criminologue Alain Bauer pour des contrats avec la filiale néerlandaise de l'alliance Renault-Nissan, a appris l'AFP mardi 4 juin auprès du parquet national financier (PNF), confirmant une information de Marianne. Cette enquête, confiée aux policiers de l'office anticorruption, a été ouverte le 31 mai, a indiqué le PNF.
La plainte avait été déposée le 17 avril par une actionnaire de Renault pour "abus de biens sociaux" et "corruption active et passive", visant également Carlos Ghosn et son épouse, indique l'avocat de la plaignante. Selon l'hebdomadaire Marianne, Rachida Dati et Alain Bauer sont soupçonnés "d'avoir perçu des fonds potentiellement suspects via la structure néerlandaise de Renault-Nissan BV (RNBV), un établissement financier monté sous la présidence de Carlos Ghosn". Le nom de cette société néerlandaise apparaîtrait par ailleurs dans l'enquête en cours au Japon contre l'ex-patron du constructeur automobile.
"Mes soupçons portent sur l'usage inconsidéré des fonds de Renault", a déclaré à l'AFP Me Jean-Paul Baduel. "Les contrats sont douteux de par leurs montants, effectués au profit d'une filiale n'ayant aucune salarié". Filiale à 50-50 entre Renault et Nissan, RNBV était la structure créée par Carlos Ghosn pour incarner l'alliance des deux constructeurs au niveau opérationnel. Depuis plusieurs mois, Nissan accusait cette structure de masquer des dépenses au profit personnel de Carlos Ghosn.
Dati et Bauer contestaient toute infraction
Dans sa plainte, l'accusateur ciblait une rémunération pour Rachida Dati à hauteur de 600.000 euros, perçus "entre 2009 et 2013". Jointe par Le Parisien fin mai, la candidate à la mairie de Paris se défendait alors de toute dissimulation quant aux versements de RNBV. "J'ai été rémunérée comme avocate et non consultante de 2010 à 2012, de façon forfaitaire : 300.000 € par an. Tous les contrats ont été validés par le commissaire aux comptes et le directeur juridique, M. Husson. À chaque réunion de travail, il y avait soit Carlos Ghosn, soit Christian Husson, soit la secrétaire générale, Mouna Sepehri."
Rachida Dati a décidé d'attaquer la plaignante pour dénonciation calomnieuse et l'avocat de cette dernière pour diffamation, ont annoncé mercredi les avocats de l'ex-ministre de la Justice.
De son côté, Alain Bauer avait été engagé entre 2011 et 2012 par Renault pour ses conseils en sécurité. Dans sa plainte, l'actionnaire, qui n'avançait pas de somme d'argent, affirmait que "la réalité des travaux du (consultant) n'a jamais été démontrée". Le criminologue avait lui aussi nié toute infraction dans les colonnes du Parisien. "J'ai été engagé pour gérer le faux dossier des espions de Renault, la restructuration des services de sécurité et la mise en place d'un dispositif de déontologie, déclarait-il. Nous avons des documents que nous fournirons sur le travail accompli."
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