Dans la nuit de mardi 12 à mercredi 13 décembre, les enquêteurs se sont attelés à une reconstitution de la nuit de la disparition de Delphine Jubillar, survenue il y a près de deux ans.Son mari, Cédric, principal suspect, était présent.Voici ce que les enquêteurs ont appris.
La reconstitution s'est achevée et le silence de Cédric Jubillar subsiste. Dans la nuit de mardi 12 à mercredi 13 décembre, les enquêteurs ont cherché à retracer le déroulé de la nuit du 15 au 16 décembre 2020, durant laquelle l'infirmière Delphine Jubillar a disparu de chez elle, en plein couvre-feu lié à la pandémie de Covid-19, et en laissant derrière elle ses papiers, clés et lunettes.
Pendant six heures, juges d'instructions, parties civiles, avocats de la défense, gendarmes de la Section de recherche en charge de l'enquête ou encore témoins ont pris part à l’opération, à partir de 20h00 mardi et jusqu'à 02h00 mercredi, à Cagnac-les-Mines (Tarn), près d’Albi, sur le lieu de résidence du couple.
Le témoignage de la voisine, "crédible"
Son mari, Cédric Jubillar, principal suspect, était présent lors de la reconstitution, étape systématique en fin de procédure criminelle. Mis en examen pour homicide volontaire et écroué depuis juin 2021, il a continué à nier toute implication, alors même que les avocats des parties civiles espéraient des aveux à l'issue de la nuit. Pour autant, ces derniers ont salué "des éléments qui permettent d'avancer" dans l'instruction.
Cette mise en situation a permis notamment de "constater que les cris qui ont été entendus par la voisine pouvaient être entendus à 130 mètres de distance sans aucune difficulté", a mis en avant Me Mourad Battikh, avocat de proches de Delphine Jubillar, "donc le témoignage de la voisine (...) est d'autant plus crédible ce soir."
Cédric Jubillar a effectivement toujours nié une dispute entre le couple le soir de la disparition de Delphine Jubillar mais des voisines qui habitent à 130 mètres des Jubillar, ont entendu des cris à 23h00. Il s'agissait donc de savoir s'il était possible d'entendre des éclats de voix à cette distance. Pour ce faire, un ingénieur son avait été dépêché sur place. Des cris stridents ont ainsi résonné dans le village de 2500 habitants, bouclé depuis l’après-midi par un important dispositif de police.
"Aucun scénario" établi
Autre élément troublant sur lequel la reconstitution devait faire la lumière : la présence dans la maison du couple des lunettes de l'infirmière, retrouvées cassées, une branche sous le canapé. "On a pu avancer sur la paire de lunettes qui a été retrouvée en plusieurs morceaux (...) sur laquelle Cédric Jubillar n'a pas pu s'expliquer", a jugé Me Mourad Battikh.
Le témoignage de l'aîné du couple Louis, 6 ans au moment des faits, a aussi été relu tout comme ont été à nouveau entendus voisins ayant constaté le changement de positionnement de la voiture de Delphine Jubillar dans la nuit du 15 au 16 décembre. Pour autant, Emmanuelle Franck, avocate du principal suspect, a estimé qu'"il n'y a absolument aucun scénario qui a été établi." Les avocats espéraient effectivement voir émerger un récit de la soirée auquel se confronter.
Depuis deux ans, Cédric Jubillar réfute toute accusation. Selon lui, sa femme serait sortie de la maison vers 23h pour promener leurs deux chiens, alors qu’il dormait. Il dit avoir été réveillé vers 4h par les pleurs de leur fille, puis avoir alerté peu après les gendarmes après avoir constaté l'absence de son épouse.
Faute de corps, d'aveux ou de preuve irréfutable, une source proche de l'enquête préférait parler en amont d'une "mise en situation" plutôt que d'une "reconstitution". Les enquêteurs et le parquet de Toulouse espèrent qu’une fois celle-ci effectuée, l'instruction du dossier Jubillar pourra être bouclée.