JUSTICE - L'ancien ministre comparait en appel pour "escroquerie" dans le dossier de l'arbitrage du Crédit Lyonnais à partir de ce lundi, après sept mois d'interruption.
Ses démêlés avec la justice avaient été interrompus à cause de son cancer de l’œsophage et de l'estomac. Bernard Tapie revient devant les tribunaux à partir de lundi 10 mai pour son procès en appel, pour des soupçons d'escroquerie dans l'affaire de l'arbitrage controversé de 2008 censé solder son litige avec le Crédit lyonnais. À l'ouverture du procès, en octobre, la cour d'appel de Paris avait jugé que l'homme d'affaires n'était pas en état de comparaitre à cause de sa santé dégradée. Ce coup-ci, il sera bien présent dans le box des accusés d'après son avocat, et ce malgré le violent cambriolage qu'il a subi à son domicile avec sa femme en avril.
L'ex-patron de l'Olympique de Marseille est rejugé, ainsi que cinq autres prévenus dont son avocat et le patron d'Orange Stéphane Richard, deux ans après sa relaxe surprise de juillet 2019 prononcée par le tribunal correctionnel de Paris. Bernard Tapie est accusé d'avoir truqué l'arbitrage qui avait conclu à une "faute" du Crédit Lyonnais et accordé à l'homme d'affaires près de 400 millions d'euros lors de la revente de la marque Adidas dans les années 1990.
Depuis, Bernard Tapie a été condamné à rembourser la somme. Le montant de celle-ci est encore âprement discutée, la cour d'appel de Paris ayant estimé l'an dernier qu'il s'élevait à 438 millions d'euros, mais l'homme d'affaires s'est pourvu en cassation. Parallèlement, les sociétés de Bernard Tapie, en faillite personnelle depuis 1994, ont été placées en liquidation judiciaire en 2020, ouvrant la voie à la vente de ses biens et un potentiel remboursement. Il a fait appel et une autre audience est prévue en septembre.
Le volet pénal qui doit être jugé à partir de lundi par la cour d'appel concerne ses manœuvres supposées pour que l'arbitrage soit choisi via ses soutiens à l’Élysée, sous le quinquennat Sarkozy et pour que le résultat du règlement lui serait favorable avec l'aide de plusieurs affidés - ce que tous réfutent.
En juillet 2019, le tribunal correctionnel avait estimé qu'"aucun élément" du dossier ne permettait d'affirmer l'existence de "manœuvres frauduleuses" commises par lui. "Les faits reprochés renvoient à l'appréciation d'un bon ou mauvais exercice d'une fonction ministérielle, mais ne revêtent pas de caractère délictueux", avait statué le tribunal dans ce jugement inattendu. Le parquet, sonné de cette décision alors qu'il avait requis cinq ans ferme contre Bernard Tapie et des peines d'emprisonnement contre quatre autres prévenus, avait fait appel.
Bernard Tapie devra revenir une énième fois sur cette affaire tentaculaire, qui dure depuis un quart de siècle. Lors d'un entretien au journal de 20 heures de TF1 il y a quelques semaines, l'homme d'affaires semblait confiant. "Nous avons passé la première étape d’une manière formidable, avec une magistrate qui, il faut le rappeler, est particulièrement sévère, avait-il jugé. Elle ne fait pas de cadeau et elle nous a relaxés. Il faut qu’on confirme que les conditions de la relaxe étaient bonnes". Les débats doivent s'achever au plus tard mi-juin.
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