Mort du militant indépendantiste corse Yvan Colonna

Agression d'Yvan Colonna : levée du statut de "détenu particulièrement signalé" d'Alain Ferrandi et Pierre Alessandri

Aurélie Sarrot avec AFP
Publié le 11 mars 2022 à 11h04, mis à jour le 11 mars 2022 à 11h19
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Source : JT 13h Semaine

Jean Castex a levé vendredi le statut de "détenu particulièrement signalé" (DPS) d'Alain Ferrandi et Pierre Alessandri.
Les deux Corses avaient été condamnés pour l'assassinat du préfet Érignac en février 1998.
Cette levée intervient trois jours après la levée du statut de DPS d'Yvan Colonna, dans le coma.

Jean Castex a levé vendredi le statut de "détenu particulièrement signalé" (DPS) d'Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, membres du commando Érignac, "dans un esprit d'apaisement" après l'agression d'Yvan Colonna qui a suscité une série de manifestations en Corse, a annoncé Matignon à l'AFP. Un statut qui empêchait leur rapprochement vers une prison corse.

Cette décision, qui s'applique "sans délai", ouvre ainsi la voie à un rapprochement en Corse des deux détenus, une vieille revendication devenue un point de crispation politique majeur dans l'île.

"Ça ne calmera rien"

Le Premier ministre avait déjà tenté de faire retomber la tension mardi soir sur l'île de Beauté en levant le statut DPS d'Yvan Colonna, condamné à la perpétuité lui aussi pour l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998. "Cette décision (...) se fonde sur la particulière gravité de la situation de santé de M. Colonna et s’appuie sur l’avis rendu ce jour par la commission de la maison centrale d’Arles", avait indiqué Matignon.

Mais alors que le militant indépendantiste se trouve dans un coma post-anoxique après son agression le mercredi 2 mars dans la matinée à la prison d'Arles par un codétenu qui purgeait plusieurs peines dont une de neuf ans pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte de terrorisme", le geste a été jugé par beaucoup comme une provocation et n'avait pas empêché la multiplication des manifestations et une nuit d'émeutes mercredi soir. 

Ce vendredi, Jean Castex a dit "condamner fermement" les violences, qui ont vu notamment le palais de justice d'Ajaccio pris pour cible mercredi soir, "de même que les propos totalement déplacés accusant l’État d’avoir prêté intentionnellement la main à l’agression très grave dont Yvan Colonna a été victime".

"Les conditions dans lesquelles cet acte inacceptable a pu intervenir dans un établissement pénitentiaire doivent être élucidées de manière rapide et transparente", a encore plaidé le Premier ministre, en rappelant avoir diligenté une enquête de l'Inspection générale de la justice.

Plusieurs manifestations dimanche

Jean Castex "a proposé qu’une fois le calme revenu sur l’île, le dialogue engagé ces derniers mois sur l’évolution du statut de la collectivité de Corse, ainsi que sur les grands dossiers économiques et sociaux du territoire puissent reprendre".  Il a donc chargé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin de lui "faire des propositions" en ce sens.

Jeudi soir, le président autonomiste du conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni avait appelé l'État à "ouvrir un nouveau cycle politique et à dire clairement qu'il y a une question corse". Et parmi les "signaux forts" attendus figuraient aussi "la levée immédiate du statut de DPS" de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi "et leur transfèrement" dans la prison corse de Borgo.

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Si M. Castex donnait satisfaction sur ces points, "le soufflet de la colère populaire ne pourrait que retomber un petit peu voire beaucoup", avait assuré jeudi à l'AFP le politologue Thierry Dominici, spécialiste des mouvements nationalistes.

"Si le gouvernement levait le statut DPS de M. Ferrandi et M. Alessandri. Nous, les Corses, nous verrons ça clairement comme de la provocation. Pourquoi avoir attendu ce drame pour le faire. Faut-il rappeler qu'Yvan Colonna est à l'hôpital dans un état très grave ? Alors, levée du statut DPS ou pas, pour le moment, ça ne calmera rien", assurait pourtant un Corse jeudi à TF1info.

Deux manifestations au moins sont prévues dimanche en France en soutien à Yvan Colonna : l'une d'elle à partir de 13 heures à Bastia en Corse, l'autre devant la prison des femmes de Rennes. 


Aurélie Sarrot avec AFP

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