JUSTICE – Le procès d'un ancien professeur et directeur des écoles s'est ouvert ce jeudi matin au tribunal correctionnel de Saint-Malo. Ludovic D., 32 ans, comparait pour tentatives d'agressions sexuelles et agressions sexuelles sur mineurs qui auraient été commises pour la plupart dans l'enceinte des écoles d'Ille-et-Vilaine où il exerçait entre 2008 et 2013.
Son avocat, maître Bénédicte Gosselin, avait demandé le huis clos mais la justice le lui a refusé. C'est donc en présence du public que s'est ouvert ce jeudi matin le procès de Ludovic D., ancien professeur et directeur des écoles, accusé par plusieurs de ses élèves, tous garçons, de leur avoir fait subir des agressions sexuelles dans l'enceinte de leur établissement scolaire.
Depuis 9h30, la salle est comble. Sur les bancs, des parents, oncles, tantes frères sœurs ou encore grands-parents de victimes. Dans les rangs des parties civiles, deux petits garçons, dont l'âge n'excède pas les 12 ans, ne passent pas inaperçus. Tous sont venus voir, écouter ou demander justice pour ces faits qui auraient été commis entre 2008 et 2011 en Ille-et-Vilaine sur des mineurs alors âgés de 6 à 8 ans. Leur ancien professeur a reconnu trois faits. Au moins onze enfants auraient été victimes de cet homme qui comparait libre ce jeudi
"Des gestes déplacés"
Plutôt petit de taille, mince, le trentenaire brun, barbe, moustache et petite lunettes noires a, comme l'avait dit à metronews la mère de l'une des victimes, "la tête de monsieur tout le monde". BAFA en 2000, BAC S en 2002, professeur des écoles à partir de 2006, Ludovic D. a eu un parcours professionnel sans faute. Au niveau familial, il indique avoir été surprotégé lorsqu'il était enfant après que sa mère a perdu ses trois sœurs dans un laps de temps très court.
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Concernant ses relations amoureuses, il déclare avoir eu "quelques flirts" avec des filles avant de s'"orienter vers les hommes". "Je n'ai pas accepté ni assumé cela jusqu'à un temps assez récent" déclare-t-il ajoutant avoir eu une relation discontinue avec un homme.
"Je suis homosexuel, mais pas pédophile"
Interrogé sur son attirance pour les enfants et plus particulièrement pour les petits garçons, il ne la reconnaît pas vraiment. "Je suis homosexuel mais pas pédophile" a-t-il ainsi clamé dans la salle d'audience. "Vous avez reconnu les faits pour trois enfants, tous garçons. Comment expliquez-vous cela ?", lui demande le président. "Je n'ai pas de réponse", répond Ludovic D avant d'ajouter : "Le nœud de mon mal-être c'était mon homosexualité. J'étais peut-être plus attentif aux garçons".
Maître Larzul, avocat des parties civiles poursuit l'interrogatoire. "Vous récusez le terme de 'pédophile'. Comment alors qualifiez-vous les gestes que vous avez eu sur des garçons de 6 et 7 ans alors en CP et CE1?" "De gestes déplacés. Pour moi, le terme 'pédophile' veut dire qu'il y a une attirance et ce n'est pas le cas".
"Menacés de mort"
En formation depuis septembre 2015, Ludovic D. a fait savoir au tribunal qu'il avait entrepris une formation "qui lui a beaucoup plu" en septembre dernier. Le prévenu déclare avoir beaucoup souffert de la médiatisation en 2013 des faits qui lui sont reprochés.
Ses trois mois de détention provisoire entre mars et juin 2013 à la maison d'arrêt de Saint-Malo se sont "très mal passés", dit-il aussi. "Je n'étais pas seul en cellule. Les gardiens m'ont demandé de mentir sur les faits. Mais mon nom était dans les journaux, des journaux pour la plupart distribués dans la prison", a-t-il dit. "J'ai reçu beaucoup de menaces. Des détenus ont même réussi à me glisser des articles et des menaces de mort sous ma porte. Pendant ma détention, je ne suis jamais sorti de ma cellule. Je n'ai jamais été en cour de promenade". Suite à ces menaces, Ludovic D. a demandé son transfert dans un autre établissement. Au centre pénitentiaire de Vezin, il a obtenu son placement à l'isolement éviter d'être confronté aux autres détenus.
"Mon objectif, c'est de me réinsérer"
Depuis sa sortie en juin 2013 et son placement sous contrôle judiciaire, Ludovic D. fait l'objet d'un suivi psychologique. Il dit s'être depuis "rendu vraiment compte des choses" et avoir "compris le mal qu'il avait fait". Son nom lui est encore dans toute la presse. "Un de mes collègues a eu la bonne idée de faire des recherches sur les gens de la boîte. Il a vu ce que j'avais fait et en a parlé. Plusieurs personnes ne me parlent plus depuis, c'est dur. Mon objectif aujourd'hui, c'est de me réinsérer".
Pour ces faits, il encourt jusqu'à dix ans de prison et 150 000 euros d'amende. L'audience a été suspendue à 12 h 30, elle devait reprendre à 13h45.
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