"Ah ben non, je ne livre pas aux Juifs" : un livreur Deliveroo recherché à Strasbourg

Publié le 12 janvier 2021 à 17h35, mis à jour le 12 janvier 2021 à 21h57
"Ah ben non, je ne livre pas aux Juifs" : un livreur Deliveroo recherché à Strasbourg
Source : afp

FAIT DIVERS - Deux restaurateurs de la ville et le Consistoire israélite du Bas-Rhin ont déposé plainte, avançant le refus, par un ou deux livreurs Deliveroo, de prendre en charge leurs commandes pour des motifs antisémites.

Une plainte pour injures antisémites à Strasbourg. Vendredi 7 janvier, deux restaurateurs de confession juive du chef-lieu du Bas-Rhin ont porté plainte, après qu'un ou deux livreurs Deliveroo ont refusé de prendre en charge leurs commandes, pour des motifs antisémites. Ils ont été accompagnés dans leur démarche par le Consistoire israélite départemental.

"Deux plaintes ont été déposées le 7 janvier au soir par deux restaurateurs" au commissariat central de police de Strasbourg, s'étant vu refuser leur livraison, a indiqué à l'AFP une source policière. "L'enquête est en cours pour identifier le mis en cause", a ajouté le parquet de Strasbourg.

Bis repetita

Dans ces deux restaurants strasbourgeois casher, "c'est un peu la même scène qui est décrite par les restaurateurs : ils préparent la commande et le livreur demande : 'C'est quoi votre spécialité ?' . Le restaurateur répond : 'Ce sont des spécialités israéliennes', et le livreur dit alors : 'Ah ben non, je ne livre pas aux Juifs' et annule la livraison", a relaté à l'AFP Me Raphaël Nisand.

L'avocat a également porté plainte ce dimanche, à la fois contre le ou les livreurs, mais aussi contre la société Deliveroo, au nom du Consistoire israélite du Bas-Rhin et du Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme  (BNVCA).

"Le Consistoire israélite du Bas-Rhin considère qu'il est intolérable que des livreurs travaillant pour la société Deliveroo osent pratiquer ouvertement une discrimination antisémite", a réagi dans un communiqué Maurice Dahan, le président de la section locale de cet organe chargé d'administrer le culte juif.

Deliveroo mène sa "propre enquête"

Contacté par l'Agence France Presse, Deliveroo a indiqué lundi 11 janvier avoir pris contact avec les restaurateurs concernés. "Nous prenons cet incident très au sérieux et avons immédiatement décidé de mener notre propre enquête interne, pour tirer au clair ces circonstances", a réagi l'entreprise dans un message écrit.

"Si les faits tels qu'ils sont rapportés sont avérés, nous agirons et mettrons définitivement fin au contrat du livreur responsable", ajoute la plateforme de livraison de repas, déclarant n'avoir "aucune tolérance pour les propos ou agissements antisémites, qui constituent un délit pénal, et condamn[er] tout acte de cette nature avec la plus grande fermeté".

L'enquête a été confiée à la Sûreté départementale.

Les livreurs identifiés?

Dans un communiqué ce mardi,  le président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (Crif), Francis Kalifat indique que "suite aux informations publiées par les réseaux sociaux et les journaux locaux l'Alsace et l'Est républicain concernant le comportement prétendument antisémite d'un livreur partenaire Deliveroo", "il a souhaité s'entretenir avec la Directrice générale de Deliveroo en France, Melvina Sarfati El Grably". 

"Au cours de la conversation vidéo, Melvina Sarfati El Grably a affirmé sa condamnation de toute action discriminatoire commise par un prestataire de Deliveroo, indique le CRIF dans son communiqué. Pour les cas évoqués par la presse et les réseaux sociaux, les coursiers ont été identifiés et une enquête est diligentée par l'entreprise pour confirmer les faits. S'ils sont avérés, ces actes auraient des conséquences immédiates tant économiques que judiciaires". 

Contacté par LCI ce mardi en fin d'après-midi, la procureure de la République de Strasbourg Yolande Renzi ne confirmait pas que "le ou les suspects ont été à cette heure identifié (s)". La magistrate précisait à notre rédaction à 18h35 que "l'exploitation des éléments fournis par Deliveroo ce mardi était toujours en cours"


La rédaction de TF1info

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