JUSTICE - Parmi les sept personnes mises en examen dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat terroriste de Samuel Paty : deux collégiens, de 14 et 15 ans, poursuivis pour "complicité d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste".
"Ce n'est pas une chose inédite mais cela interroge" : Jean-François Ricard, le procureur antiterroriste à la manœuvre dans le dossier de l'assassinat de Samuel Paty, a reconnu ce mercredi soir que la mise en examen de deux adolescents était une procédure rare. S'ils ont été laissés en liberté, les deux garçons risquent en effet jusqu'à 20 ans d'emprisonnement.
Ces deux élèves du collège de 14 et 15 ans sont en effet poursuivis pour "complicité d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste". Et ce, car ils ont rendu possible l'identification du professeur par Abdoullakh Anzorov, comme l'a détaillé le procureur : "A son arrivée aux abords du collège vers 14h, Abdoullakh Anzorov cherchait à identifier (ndlr : le professeur) et abordait pour ce faire un élève en lui offrant une somme de 300 ou 350 euros. Le collégien qui acceptait se voyait remettre une partie de la somme et restait sur place avec l'auteur des faits jusqu'à l'arrivée d'autres camarades peu avant 16h".
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Il a dit : "Je suis impardonnable"
L'avocat d'un des deux mineurs
Ces deux collégiens se sont mis "peu après à l'écart avec Abdoullakh Anzorov afin, semble-t-il, de se dissimuler des caméras de surveillance et d'un véhicule de police en patrouille". "Peu avant 17h, plusieurs adolescents en lien avec les premiers désignèrent à l'assaillant Samuel Paty au moment où il sortait du collège. Abdoullakh Anzorov remettait le reliquat de la somme au premier adolescent et se lançait alors à la poursuite de la victime".
Depuis les faits, les deux garçons ont été placés en garde à vue, puis mis en examen. Me Charles-Emmanuel Herbière, avocat de l'un des deux collégiens, a expliqué sur LCI ce jeudi que le garçon "a exprimé des regrets vis-à-vis de ce que le professeur a subi." Et l'avocat de préciser : "Il a dit : 'Si je pouvais me faire pardonner, je veux me faire pardonner, mais je suis impardonnable.' Avant de pleurer sur son propre sort, il a pleuré sur celui de ce professeur. Il était effondré de ce qu'il venait d'arriver au professeur."
"La qualification retenue est très forte"
Jean-Pierre Rosenczveig, ancien président du tribunal pour enfants de Bobigny, est revenu pour sa part sur LCI sur ce que risquaient les deux adolescents et sur la lourdeur de la qualification, "extrême", qui pèse sur eux. "Cela signifie que le juge d'instruction a des indices graves laissant à penser que ces jeunes étaient informés des objectifs, faire du mal à cet enseignant, et qu'ils l'ont partagé".
Le magistrat invite toutefois à nuancer ces éléments donnés par le procureur : "Généralement, le parquet, à l'orée d'une instruction, tape très fort, très haut, avant de faire la part des choses et vérifier si les indices sont confirmés ou pas. Il faut vérifier auprès de ces jeunes et de leur entourage quelle confiance ils avaient de ce qui se tramait et quelles intentions ils avaient de participer."