Un ex-rugbyman du Top 14 assassiné à Paris

Qui est Loïk Le Priol, principal suspect du meurtre du rugbyman Federico Martin Aramburu ?

Publié le 23 mars 2022 à 12h59, mis à jour le 23 mars 2022 à 21h50
Qui est Loïk Le Priol, principal suspect du meurtre du rugbyman Federico Martin Aramburu ?

Considéré comme le principal suspect après l'assassinat samedi à Paris de Federico Martin Aramburu, Loïk Le Priol a été interpellé mardi soir en Hongrie.
Il est soupçonné, avec un autre homme interpellé ce mercredi matin dans la Sarthe, d'avoir tiré sur le sportif.

Selon nos informations, il s'apprêtait à rejoindre l'Ukraine quand la police l'a arrêté. Considéré comme le principal suspect après le meurtre samedi dernier du rugbyman Federico Martin Aramburu sur le boulevard Saint-Germain-des-Prés à Paris, Loïk Le Priol, 27 ans, a été arrêté mardi soir en Hongrie, peu après la mise en examen de sa compagne. 

Un autre suspect présent au moment du drame et qui lui aussi aurait fait feu sur l'ancien sportif a été interpellé ce mercredi matin dans la Sarthe.

 TF1info revient sur le parcours de Loïk Le Priol, déjà bien connu des services de police.

Un ancien militaire

Loïk Le Priol a été formé après sa scolarité à l'École des mousses de la Marine nationale à Brest, entre 2010 et 2011. Il a été affecté au commando marine de Montfort au sein duquel il a participé à des opérations extérieures au Mali et à Djibouti entre 2013 et 2015.

Il a été rapatrié en France en juillet 2015 sur recommandation des médecins militaires en raison d'un état de stress post-traumatique sévère. Il a été radié pour motifs disciplinaires, selon la Marine nationale.

Membre du Gud

Loïk Le Priol est connu pour avoir été un membre aussi du GUD, Groupe Union Défense. Bien connue pour ses actions violentes, très active dans les années 1970, cette organisation étudiante française d'extrême droite a été dissoute en 2017. Loïk Le Priol est aussi un proche de Génération identitaire et des Zouaves Paris

Génération identitaire (GI) était une association loi 1901 jusqu'à sa dissolution le 3 mars 2021. Créée en 2012, GI est accusée d'"incitation à la discrimination, à la haine et à la violence" et d'avoir la "volonté d'agir en tant que milice privée".

Les Zouaves Paris (ZVP) sont revenus dans la lumière début décembre, soupçonnés d'avoir participé aux violences qui ont visé des militants antiracistes lors d'un meeting du candidat d'extrême droite à la présidentielle Eric Zemmour en décembre à Villepinte (Seine-Saint-Denis). Dans la foulée, le gouvernement a annoncé le 5 janvier la dissolution de ce groupe informel apparu en 2017 et qui rassemble une vingtaine de membres. Il est accusé d'être "à l'origine de nombreux (...) agissements violents", de "propager un discours ouvertement raciste" et de diffuser "régulièrement des images reprenant les symboles de l'idéologie nazie".

Condamné pour des violences

Connu des services judiciaires, Loïk Le Priol a déjà été condamné à l’âge de 19 ans pour des violences et à quatre mois de prison avec sursis à 23 ans pour des violences volontaires en réunion et conduite en état d’ivresse, selon les informations du journal Marianne

Une terrible agression filmée en 2015

Loïk Le Priol est surtout tristement connu pour une violente agression survenue en octobre 2015 à Paris. Cet automne-là, il est avec quatre autres comparses, au domicile d'un ancien chef du GUD.  La victime est dénudée, lynchée et humiliée tandis que la scène est filmée. Loïk Le Priol et un autre sont les principaux acteurs du passage à tabac et des menaces.

Mediapart a diffusé une partie des vidéos et publié des photos de la victime. Celle-ci se prend des claques, des coups. On entend plusieurs voix d'hommes, dont celle de Loïk Le Priol, lui dire entre autres : "Lève-toi", "T'as parlé faut assumer", "T'as trop parlé",  "Tu vas payer pour ce que tu as dit", "T'es qu'une merde", "Le peu de Français que t'avais en toi, tu l'as même pas porté tes couilles", "C'est toi le patron du GUD? T'es qu'une merde", "T'as une dernière chance de te lever sinon on te fout à poil". Les menaces sont mises à exécution. 

La victime est frappée, mise à nue, contrainte de s'agenouiller, puis de s'allonger. Les menaces fusent. Mediapart rapporte d'autres propos de Loïk Le Priol, "Tu sais que j'en ai buté plus d'un des mecs là-bas" en référence à ses missions en tant que militaire. "Le coupe-gorge, ça va très vite tu le sais […] Lâche mon couteau sinon je te plie la main." Loïk Le Priol a alors le couteau sur la gorge de la victime, qui le supplie d'arrêter.

Puis, avant que ses agresseurs ne partent, la victime, nue, est contrainte de se lever et de danser nue sur l'air de la Macarena. Là encore, la scène est filmée. Loïc Le Priol menace la victime de "balancer"les images  sur YouTube si elle parle. 

La victime a porté plainte dès le lendemain des faits. Loïk Le Priol et ses comparses ont été interpellés. Lui et l'un de ses complices présumés ont été mis en examen pour "violences aggravées" et placés en détention provisoire. Après dix jours en prison, Loïk Le Priol a été libéré sous caution.  

Les cinq hommes qui étaient présents au cours de l'agression de 2015 devaient être jugés pour ces faits en octobre dernier mais le procès a été reporté au 1er juin prochain en raison d'un cas Covid parmi les prévenus. Loïk Le Priol  et ses comparses devraient donc être jugés dans un peu plus de deux mois. 

Une marque de vêtements identitaires

Après cette agression, cette mise en examen et son bref passage par la case prison, Loïk Le Priol lance une marque de vêtements avec une jeune femme à destination d'une clientèle identitaire. Sur les t-shirts notamment, des logos sans équivoque. "Babtou solide certifié, "Babtou lives matter"

Capture d’écran Facebook Babtou
Capture d’écran Facebook Babtou - Capture écran Facebook

Un homicide boulevard Saint-Germain

Sept ans après l'agression survenue à Paris en 2015 et alors qu'un procès l'attend,  Loïc Le Priol refait la une de la rubrique fait divers pour une autre affaire. Il est soupçonné cette fois d'avoir, avec un comparse, assassiné samedi  19 mars le rugbyman Federico Martin Aramburu après une altercation survenue au café Le Mabillon, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés dans le 6e arrondissement de Paris. Sa petite amie était présente au moment des faits et conduisait la Jeep dans laquelle ils sont repartis. Interpellée quelques heures après le drame survenu à l'aube samedi dans le 6e arrondissement de Paris, elle a été mise en examen mardi pour "complicité d'assassinat" notamment. 

Loïk le Priol et l'autre tireur avaient, eux, pris la fuite. Le premier a été interpellé dans la nuit de mardi soir en Hongrie alors qu'il s'apprêtait à rejoindre l'Ukraine. La police hongroise indique l'avoir arrêté mardi soir à Zahony, à 25 kilomètres environ de la frontière ukrainienne. Un mandat d'arrêt européen avait été délivré contre lui. Il devrait être remis aux autorités françaises dans les prochains jours, selon une autre source proche. 

google map

Elle indique également que Loïk Le Priol aurait déclaré qu'il voulait aller combattre en Ukrain et que trois couteaux ont été retrouvés dans son véhicule. La police met également en ligne une vidéo de l'arrestation et une photo des couteaux. 

Le second, âgé de 31 ans, a été interpellé à Sarthe par la brigade criminelle de Paris avec l’aide d’une BRI de la police judiciaire ce mercredi matin. "Ce deuxième suspect s'appelle Romain Bouvier. C'est un ami de Loïk Le Priol. Il a été comme lui militant du GUD. Ensemble, ils ont fréquenté des milieux de la jeunesse du FN", indique une source proche du dossier à TF1info précisant que  "Romain Bouvier apparaît également armé sur plusieurs clichés diffusés sur les réseaux sociaux." 

Joint par TF1info à plusieurs reprises, l'avocat de Loïk Le Priol, Me Xavier Nogueras, n'a fait aucun commentaire pour l'heure. 


La rédaction de TF1info

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