L'attaque meurtrière à la préfecture de police de Paris

Tuerie à la préfecture : la difficile traque de la radicalisation dans la police

Publié le 7 octobre 2019 à 13h22, mis à jour le 9 octobre 2019 à 18h04
JT Perso

Source : La matinale

POLICE - Après l'attaque à la préfecture de police, au cours de laquelle quatre policiers ont été tués, le gouvernement a reconnu un "dysfonctionnement d'Etat" ce lundi. En cause : la radicalisation de Mickaël H., passée inaperçue. Et ce, malgré plusieurs dispositifs mis en place ces dernières années.

"Il n'y a pas eu d'alerte au bon niveau, au bon moment". Sous le feu des critiques depuis l'attaque meurtrière à la préfecture de police, Christophe Castaner a esquissé un mea culpa ce lundi matin sur France Inter. Le ministre de l'Intérieur l'assure : il veut "resserrer le tamis" sur la radicalisation au sein des forces de l'ordre. Des forces de l'ordre pourtant surveillées depuis déjà plusieurs années.

Depuis les attentats de 2015, le niveau de vigilance du ministère de l'Intérieur vis-à-vis de la pratique religieuse des agents a en effet été renforcé. Fin 2017, on apprenait ainsi qu'une trentaine de policiers – sur les 150.000 que compte l'institution - étaient surveillés. Et ce notamment par une "cellule spéciale", créée en 2016, et rattachée à l'IGPN, la police des polices. Un dispositif insuffisant ? En septembre 2017, Gérard Collomb, alors ministre de l'Intérieur, ne laissait guère de doute sur l'efficacité des autorités en la matière : "Jusqu'ici, quand nous découvrons qu'un agent s'est radicalisé, nos marges de manœuvre sont très faibles".

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Plusieurs procédures de contrôle

Pour améliorer le suivi des agents concernés, le gouvernement a inclus fin 2017 un volet "service public" dans son plan de lutte contre la "radicalisation islamiste". Une "commission paritaire" a ainsi été mise sur pied début 2018, pour mettre à l'écart des fonctionnaires radicalisés "participant à l'exercice de missions de souveraineté ou relevant de la sécurité ou de la défense". Concrètement, cette commission est composée de représentants du personnel et de personnes désignées par le Premier ministre. Elle est saisie après un rapport rédigé à l'issue d'une enquête administrative et émis par "l'autorité ayant pouvoir de nomination du fonctionnaire". Celle-ci doit exposer les "motifs d'incompatibilité avec les fonctions exercées", explique le décret.

Plus largement, les agents font l'objet de procédures de contrôle. Au moment de leur recrutement, une enquête de moralité est menée par les Service central du renseignement territorial (SCRT). Au cours de leur carrière, une enquête peut également être menée par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Elle va alors effectuer un "criblage", à savoir une enquête sur la personnalité de l'individu ainsi qu'une enquête d’entourage (impliquant la famille, les amis et les voisins). 

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"Il existe encore des trous dans la raquette"

Autre dispositif sur lequel s'appuient les autorités : le Service national des enquêtes administratives de sécurité (Sneas). Depuis 2017, celui-ci est chargé d’enquêter au moment de l’embauche pour des métiers à risque. A savoir des employés de la fonction publique, mais aussi pilotes d’avion, de train, ou des salariés de compagnies de sécurité privée. Le Sneas croise les informations contenues dans plusieurs fichiers d'Etat, relatifs à la Défense ou la sécurité publique par exemple. Objectif : savoir si une personne à des antécédents judiciaires, si elle est recherchée, si elle a commis une infraction à caractère terroriste. Et donc si elle s’est radicalisée. "L’an passé, le Sneas a ainsi mené 11.300 enquêtes sur des futurs gendarmes. Sept d’entre elles avaient donné lieu à un avis défavorable", précise ce lundi L'Essor de la Gendarmerie nationale, un magazine spécialisé. 

Un bilan non négligeable, le Sneas étant une petite structure : 23 agents et 5 réservistes. Raison pour laquelle un rapport publié en juin 2019 et consacré à la radicalisation dans les services publics propose d'élargir ses moyens et son champ de compétences. "La radicalisation est loin d'être un problème majeur au sein des services publics, l'Etat a pris des mesures ces dernières années, donc certaines fonctionnent bien. Mais il suffit d'un cas, et il existe encore des trous dans la raquette", avait estimé l'un des auteurs du rapport à sa sortie, le député LaREM Eric Poulliat.


La rédaction de TF1info

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