TRAUMATISME - La ville de Nice est une fois encore, ce jeudi, le théâtre d'une attaque sanglante. Un homme muni d'une arme blanche a tué au moins trois personnes dans la basilique Notre-Dame de l'Assomption. Un événement dramatique qui ravive des souvenirs encore douloureux.
Nice est une nouvelle fois plongée dans l'horreur. Ce jeudi matin aux alentours de 9h, un homme muni d'une arme blanche a mené une attaque sanglante dans la basilique Notre-Dame de l'Assomption, dans le centre-ville. Au moins trois personnes y ont perdu la vie. L'une d'entre elles, une femme, a été égorgée. Plusieurs personnes ont également été blessées. Selon les premières informations, l'auteur présumé, interpellé par la police, aurait crié à de nombreuses reprises "Allah akbar". Le parquet anti-terroriste a ouvert une enquête.
"Nice connaît aujourd'hui une nouvelle tragédie. Elle est une nouvelle fois victime de l'islamo-fascisme que je ne cesse de dénoncer depuis 5 ans", déclare, visiblement ébranlé, Christian Estrosi dans une vidéo publiée sur Twitter. "Nous sommes blessés dans notre cœur de Niçois de voir qu'une fois de plus, c'est notre ville qui a été prise pour cible", a ajouté le maire de la ville.
Cette attaque sanglante ravive la cicatrice encore béante laissée par l'attentat du 14 juillet 2016. Ce soir-là, environ 30.000 badauds sont réunis sur la promenade des Anglais pour assister au traditionnel feu d'artifice de la Fête nationale. Peu après 22h30, un camion de 19 tonnes s'engage sur ce boulevard emblématique de la Côte d'Azur et fonce sur la foule, zigzaguant entre trottoir et chaussée pour faire un maximum de victimes. En moins de trois minutes, le poids-lourd conduit par un Tunisien de 31 ans tue 86 personnes, dont 15 enfants, et fait plus de 450 blessés. Depuis, le traumatisme est encore là.
#Nice06 est une nouvelle fois touchée dans son coeur par l'islamofascisme que je ne cesse de dénoncer. J'adresse tout mon soutien et toute ma compassion aux familles des victimes de ce barbare. Je veux remercier les forces de l'ordre mobilisées et particulièrement la @PMdeNice pic.twitter.com/zgm4UPi1sR — Christian Estrosi (@cestrosi) October 29, 2020
La récente tentative de suicide du "héros au scooter"
Nombreux sont encore les Niçois à garder en tête les images terribles de cette soirée, ou à culpabiliser d'être en vie. "L’attentat de Nice, pour moi et ceux qui ont traversé un tel événement, on n’en sort pas indemne. Ça reste une cicatrice profonde, c’était une scène de guerre. Quand ça se déroule chez vous, c’est pire que tout. Essayez alors de consoler l’inconsolable, d’expliquer l’inexplicable", confiait au Télégramme il y a quelques mois Christian Estrosi.
Le 10 octobre dernier, l'un des héros de cette tragédie a d'ailleurs failli succomber au poids de ce traumatisme. Franck Terrier, "le héros au scooter" qui avait tenté de mettre fin à la course du semi-remorque a été secouru à son domicile, en proie à une profonde détresse psychologique. Retranché chez lui, il menaçait de mettre fin à ses jours. "On m'avait prédit un contrecoup. Il m'est tombé dessus sans prévenir, début septembre. J'ai vécu une sorte de black-out. Pendant trois semaines, je vivais machinalement, j'étais debout, mais je n'ai aucun souvenir de cette période. Le psychiatre m'a expliqué que le cerveau, épuisé, finissait par tirer le rideau", racontait-il déjà au Parisien en décembre 2016.
Des enfants encore traumatisés
Selon les résultats provisoires d'une étude inédite en Europe lancée par la Fondation Lenval, au CHU de Nice, sur les séquelles psychiatriques chez les enfants présents lors de l’attentat et publiés de 2019, plus de 60 % des 378 enfants suivis souffrent de symptômes liés au stress post-traumatique. Chez les plus jeunes, plus de la moitié ont développé des phobies et des troubles du sommeil. Pour les plus âgés, il s’agit plutôt de pathologies nerveuses, à l'image de tics, d'agoraphobie ou de crises de panique. Un quart des enfants âgés de 7 à 12 ans éprouvent encore des symptômes intenses, tout comme un tiers de ceux âgés de 0 à 6 ans.
Aidée notamment par la Délégation interministérielle à l'aide aux victimes (DIAV), l'association Promenade des Anges tente depuis de panser ces blessures à l'aide de différents outils. Elle a notamment mis en place des projets comme l'équithérapie, pour les enfants ou le shiatsu, pour les adultes. Des thérapies familiales ou du soutien scolaire sont aussi proposés. Une équipe du laboratoire de recherche CoBTeK de l’Université de Nice-Sophia Antipolis a par ailleurs développé une application mobile intitulée Mood Up ! pour aider les Niçois à réagir lorsque les symptômes de stress post-traumatique (PST) apparaissent. "En général, quand une personne traverse une crise d’angoisse, elle la vit seule. L’application est là pour l’accompagner grâce à trois méthodes : la relaxation via la diffusion de courts films, l’hypnose et la cohérence cardiaque", explique à 20 minutes André Quaderi, porteur du projet et psychothérapeute EMDR.
L'installation d'un mémorial définitif encore à l'étude
Jusqu'à l'année dernière, aucun feu d'artifice n'avait été tiré sur la promenade des Anglais pour le 14 juillet, par respect pour les victimes et leur famille. Un mémorial provisoire a également été installé dans les jardins de la Villa Masséna. La création d'un lieu définitif est en ce moment à l'étude. La pérennisation de ce mémorial temporaire, l'installation d'une œuvre d’art sur des lieux de mémoires ou encore l'édification d'un monument sur la Promenade des Anglais font partie des options envisagées.
Les familles des victimes de l'attentat de la Promenade des Anglais aimeraient d'autre part que le "musée mémorial", lieu de mémoire pour toutes les victimes du terrorisme dont la création a été annoncée en 2018 par Emmanuel Macron, soit édifié à Nice. Pour le moment, le lieu de son implantation n'a toujours pas été fixé, mais un rapport de la mission de préfiguration de ce musée mémorial, présidée par l’historien Henry Rousso, suggère de ne pas ériger ce lieu dans un endroit déjà marqué par un attentat, mais plutôt dans un lieu neutre visible et accessible.
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