Attaque au lycée de Grasse : le lycéen qui voulait tuer "entre 8 et 14" de ses camarades mis en examen et incarcéré

par Claire CAMBIER
Publié le 19 mars 2017 à 7h47, mis à jour le 19 mars 2017 à 11h38
Attaque au lycée de Grasse : le lycéen qui voulait tuer "entre 8 et 14" de ses camarades mis en examen et incarcéré

COLUMBINE - L'adolescent ciblait une dizaine de ses camarades. En ouvrant le feu dans son lycée de Grasse jeudi dernier, le jeune tireur a fait cinq blessés. Il a été mis en examen ce samedi et placé en détention.

Le tireur et son ami, considéré comme son complice, sont aujourd’hui sous les verrous. Deux jours après la fusillade au lycée Tocqueville de Grasse, les deux adolescents ont été mis en examen pour "tentatives d’homicide" et placés en détention provisoire. 

Lors d’un point presse, la procureure de Grasse Fabienne Atzori est revenue sur les derniers éléments de l’enquête. Le jeune homme "semblait animé à l'égard d'un certain nombre de victimes, dont le chiffre reste à préciser, entre 8, 13 et 14, d'un ressentiment tel qu'il souhaitait s'en prendre à leurs jours", a-t-elle expliqué.

Au cours de la fusillade, quatre lycéens ont été blessés par des plombs de fusil à pompe et le proviseur du lycée Tocqueville par une arme de poing de calibre 22 alors qu’il tentait de s’interposer. Aucun d'entre eux ne faisaient partie des cibles prédéterminées par le tireur. Huit autres personnes ont été blessées plus légèrement, en prenant la fuite.

Il se défend de toute idée d'avoir voulu cibler quelqu'un en fonction de son origine ou de son orientation sexuelle.
Fabienne Atzori, procureure de Grasse

En garde à vue, l'adolescent de 16 ans, dont un expert psychiatre a conclu à l'absence de troubles mentaux, a reconnu être l'auteur de la fusillade. Il a expliqué avoir préparé son acte depuis plusieurs semaines. Il n'a pas pénétré dans le lycée par l'entrée, et avait caché ses armes dans deux sacs, le fusil, trop grand, était dissimulé sous un tissu. Le jeune homme avait réussi à se procurer un vrai arsenal : fusil à pompe, pistolet à grenaille, revolver 22 long rifle, grenade d'exercice et grenade factice et de l'explosif artisanal. Ce fils d'un élu municipal de droite (ex-FN), avait dégoté le fusil au domicile familial et le revolver chez son grand-père. 

   

Selon la magistrate, le tireur voulait s'en prendre à ses camarades, plusieurs garçons et quelques filles, pour des motifs "très variés", allant de "problèmes de comportement" à "des remarques qui auraient pu être formulées à son égard sur les réseaux sociaux." "Il se défend de toute idée d'avoir voulu cibler quelqu'un en fonction de son origine ou de son orientation sexuelle", précise-t-elle.

On a pratiquement l'impression que, par moments, il est pratiquement déçu de ne pas être arrivé complètement à son projet.
Commissaire Philippe Frizon, chef de la PJ niçoise

Son geste s’expliquerait plutôt par une fascination morbide pour la violence. Sur des comptes Facebook, Twitter et YouTube correspondant à son nom, on retrouve ainsi des images de la tuerie de Columbine, qui avait fait 15 morts, dont ses deux auteurs, dans un lycée américain en 1999. "La différence", c'est que les auteurs de ce genre de tueries "se suicident", alors que l'adolescent s'est rendu sans résistance, a pointé la magistrate.

"Il assume complètement son geste. Il s'explique de façon tout à fait claire", a relaté le chef de la PJ niçoise, le commissaire Philippe Frizon. "On a pratiquement l'impression que, par moments, il est pratiquement déçu de ne pas être arrivé complètement à son projet", a-t-il ajouté.

Son complice présumé de 17 ans, dont le rôle n'a pas été détaillé, a quant à lui préféré garder le silence devant les policiers. Non-scolarisé, il avait récemment été signalé par ses parents à la justice des enfants pour avoir écrit une lettre à un Américain détenu dans l'Ohio pour trois meurtres commis dans un lycée. Son frère jumeau, qui avait également été placé en garde à vue, a été mis hors de cause.

L'action du proviseur a permis d'éviter le pire

La fusillade aurait pu prendre une tournure bien plus sombre sans l’action du proviseur, Hervé Pizzinat. Plusieurs élus et responsables politiques ont salué son "héroïsme", certains demandant que lui soit octroyée la légion d'honneur. 

Au micro de TF1, le chef d'établissement a refusé de parler d'un "acte héroïque": "Je n'avais pas l'intention de prendre ses armes parce que je ne m'en sentais pas capable physiquement et donc je me suis rapproché de lui. Je ne pensais pas qu'il tirerait, il a tiré, voilà..." Ajoutant qu’il n’avait pas "de justaucorps bleu et de cape rouge", Hervé Pizzinat a indiqué avoir agi comme un simple "humain" : "Je me suis dit de façon sans doute un peu présomptueuse que je pouvais peut-être dialoguer, [...] lui faire baisser la garde". Il souhaite aujourd’hui que ses élèves et le corps professoral reprennent "le chemin de l'école avec le sourire".


Claire CAMBIER

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