JUSTICE - Plus de quatre ans après l'attaque manquée de Villejuif, qui avait coûté la vie à Aurélie Châtelain, victime collatérale, les juges chargés de l'enquête ont bouclé leurs investigations. Une étape clé avant la tenue de l'éventuel procès de Sid Ahmed Ghlam, qui aurait renoncé à mener un assaut contre deux églises.
L'enquête est terminée. Les juges chargés de l'enquête sur l'attentat avorté de Villejuif le 19 avril 2015, qui a coûté la vie à Aurélie Châtelain, une professeur de fitness, ont terminé leurs investigations, a appris l'AFP vendredi de source judiciaire, confirmant une information du Parisien. Plus de quatre ans après les faits, les magistrats l'ont annoncé le 26 juillet aux parties, ouvrant un délai d'un mois pour leurs observations et pour les réquisitions du parquet national antiterroriste (PNAT).
Le PNAT doit désormais donner son avis sur le renvoi ou non aux Assises du principal suspect, Sid Ahmed Ghlam, et de sept hommes soupçonnés de lui avoir apporté des armes ou un soutien matériel et d'être liés, pour certains d'entre eux, à la mouvance islamiste radicale. Avant la décision finale du juge d'instruction et un possible procès au plus tôt courant 2020.
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La thèse peu crédible de Sid Ahmed Ghlam
Étudiant algérien alors âgé de 23 ans et fiché S pour sa radicalisation, Sid Ahmed Ghlam est soupçonné d'avoir voulu attaquer une église de Villejuif, à l'heure de la messe. Mais, selon l'accusation, il a renoncé à son projet et appelé les secours car il s'était tiré par accident une balle dans la jambe après avoir tué Aurélie Châtelain, croisée sur le parking où il préparait son assaut. Il nie ce meurtre, assurant qu'elle a été tuée accidentellement par un complice dont il est le seul à affirmer l'existence. Une thèse jugée peu crédible par les enquêteurs. Il affirme aussi s'être volontairement ravisé et mutilé pour empêcher l'attentat.
Le principal suspect a toutefois reconnu avoir été téléguidé par le groupe État islamique : les policiers avaient rapidement décrypté ses échanges avec deux donneurs d'ordre de l'EI, Abou Moutana et Amirouche, qui lui donnaient pour instruction
de trouver "une bonne église avec du monde". Les enquêteurs pensent que derrière ces noms se cachent deux vétérans du
djihad, visés depuis deux ans par des mandats d'arrêt mais présumés morts en zone irako-syrienne : Abdelnasser Benyoucef, entraîné par Al-Qaïda en Afghanistan et lié au Groupe islamiste des combattants marocains (GICM), et Samir Nouad, considéré comme l'un des donneurs d'ordre d'Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Le nom de Fabien Clain, voix de la revendication de ces attaques, mort en février en Syrie, est aussi apparu dans l'enquête.
Une question essentielle reste toutefois en suspens à cette heure : l'attentat avorté de Villejuif en avril 2015 s'inscrivait-il dans un vaste plan d'actions en Europe du groupe djihadiste, avant l'attaque d'un Thalys en août et les raids meurtriers du 13-Novembre perpétrés dans la capitale et à Saint-Denis ? À l'époque des faits, la France était entrée depuis trois mois dans l'ère de la menace djihadiste avec les attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l'Hyper Cacher en janvier de la même année.