Attentat de la rue Copernic : l'heure du verdict ce vendredi, 43 ans après les faits

par A. Lo.
Publié le 3 avril 2023 à 8h00, mis à jour le 21 avril 2023 à 8h06

Source : Sujet TF1 Info

En octobre 1980, un attentat à la bombe contre une synagogue, rue Copernic à Paris, fait quatre morts et des dizaines de blessés.
Ce vendredi, la cour d'assises spéciale doit rendre son verdict à l'égard de l'unique accusé, jugé en son absence.
Le Libano-Canadien Hassan Diab, lui, clame son innocence.

La perpétuité ou l'acquittement. 43 ans après l'attentat de la rue Copernic, le 3 octobre 1980, la cour d'assises spéciale rend son verdict ce vendredi 21 avril à Paris et doit décider de condamner ou acquitter l'auteur présumé, Hassan Diab. Cet universitaire franco-libanais, qui n'était pas présent durant ces trois semaines de débats, proteste de son innocence. De leur côté, depuis le 3 avril, témoins et victimes de cet attentat antisémite se sont présentés dans l'espoir d'obtenir "le fin mot de l'histoire".

Les cinq magistrats professionnels qui composent la cour doivent délibérer aujourd'hui et trancher selon leur "intime conviction" en faveur de la culpabilité ou de l'innocence d'Hassan Diab. Les débats devraient durer toute la journée. Sans aucune surprise, au terme de trois semaines de débats antagonistes et souvent vifs, le Parquet national antiterroriste (Pnat) a requis jeudi la réclusion criminelle à perpétuité à l'encontre de l'universitaire et la défense son acquittement afin d'"éviter une erreur judiciaire". 

L'homme qui a confectionné la bombe ?

Le dossier s'appuie essentiellement sur des renseignements. Le 3 octobre 1980, un vendredi soir de shabbat, une bombe posée sur une moto garée à proximité de l'entrée d'une synagogue, rue Copernic, dans le XVIe arrondissement, explose. Quatre personnes sont tuées et des dizaines d'autres sont blessées. L'attentat, non revendiqué, est attribué à un groupe dissident du Front populaire de libération de la Palestine, le FPLP-OS. Ce n'est que 19 ans après les faits, en 1999, que les enquêteurs évoquent le nom d'Hassan Diab quant un rapport de la Direction de la surveillance du territoire (DST, devenue plus tard la DGSI) l'identifie comme l'homme qui aurait confectionné la bombe et l'aurait placée sur la moto utilisée pour l'attentat.

L'universitaire, qui réside au Canada - où il a été naturalisé - et qui enseigne alors la sociologie à l'université d'Ottawa, est arrêté en 2008, en vertu d'un mandat d'arrêt délivré à son encontre, puis extradé en France six ans plus tard. "Il était au Liban au moment des faits, nous l'établissons", a insisté durant tout le procès son avocat William Bourdon. D'anciens étudiants de l'université et l'ex-épouse d'Hassan Diab avaient corroboré ses dires, rappelle sa défense. 

À l'issue d'un premier procès, les deux juges d'instruction avaient signé une ordonnance de non-lieu, estimant que "les charges pouvant être retenues contre Hassan Diab ne sont pas suffisamment probantes". Il avait été immédiatement remis en liberté, après plus de trois ans de détention, et était reparti au Canada. Mais le parquet de Paris avait fait appel, et obtenu un renvoi aux assises. 

Des photos au cœur des débats

Lors de ce nouveau procès, les débats ont principalement tourné autour de photos en noir et blanc montrant l'accusé à divers âges de la vie, la cour les confrontant avec les portraits-robots de l'homme qui avait acheté la moto utilisée pour l'attentat et dessinés par des témoins en 1980 pour tenter de déterminer s'il s'agit bien d'Hassan Diab. Autre point de bataille entre la défense et l'accusation : une autre photographie, celle de piètre qualité du passeport de l'universitaire, au cœur de l'accusation. 

Ce passeport, qui comporte à des dates entourant l'attentat des tampons d'entrée et de sortie d'Espagne, pays d'où serait parti le commando selon les renseignements, avait été saisi en 1981 à Rome sur un membre présumé du FPLP-OS. Son existence n'avait été révélée que 18 ans après les faits. Pour le parquet national antiterroriste, cet "élément extrêmement incriminant" et les "alibis qui ne tiennent pas" d'Hassan Diab au sujet de son passeport ont "fini d'emporter la conviction de sa culpabilité". La défense rétorque qu'"aucun élément matériel, aucune preuve" ne permet "d'affirmer" que l'ancien étudiant de sociologie était en France au moment des faits. Hassan Diab, lui, a toujours assuré qu'il passait alors ses examens à l'université de Beyrouth et ne pouvait avoir utilisé ce passeport, qu'il disait avoir perdu. 

Si la cour le condamnait, elle décernerait également à son encontre un mandat d'arrêt. Mais l'issue d'une éventuelle nouvelle procédure d'extradition serait incertaine, la première, qui avait abouti au bout de six ans, ayant tendu les relations diplomatiques entre la France et le Canada.


A. Lo.

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