TERRORISME - L'annonce de la mort de Cherif Chekatt ce jeudi soir a été rapidement suivie d'un message de revendication de Daech par le biais de son agence de propagande. Comment l’interpréter ? Éléments de réponse.
Un "soldat" de Daech. Dès l’annonce du décès de Cherif Chekatt, abattu dans la soirée du 13 décembrepar les forces de l’ordre, l’organe de propagande du groupe Etat islamique s’est empressé de revendiquer l’attentat de Strasbourg. Cité par le groupe de surveillance des réseaux extrémistes SITE, le communiqué d'Amaq affirme qu’il "a mené cette opération en réponse à l'appel à viser les citoyens (des pays) de la coalition internationale".
Peut-on prendre cette revendication au sérieux ? La prudence est de mise, faute d'avoir pu tomber sur des éléments explicites. "Normalement, Daech apporte des preuves pour revendiquer un acte terroriste, nous expliquait en août dernier Myriam Benraad, professeure en sciences politiques. Ça peut être des vidéos d’allégeance, un testament ou encore des indices exploités à titre posthume par l’organisation terroriste."
Traduction française de la revendication de l’attentat de #Strasbourg par l’ #EI pic.twitter.com/4xBGHSEPRr — Jean-Charles Brisard (@JcBrisard) 13 décembre 2018
L’allégeance par le sang
L’enquête démontrera - ou non - l’existence d’une telle profession de foi. Toujours est-il que cette nouvelle revendication met l’accent sur l’évolution de la stratégie de l’organisation terroriste. Alors qu’elle revendiquait initialement exclusivement les attaques orchestrées en interne – comme les attentats du 13 novembre – elle n’hésite dorénavant pas à s’attribuer les attaques perpétrées par des individus isolés - l'essentiel des attaques qui se sont déroulées sur le sol français ces dernières années. Si tant est qu’elle juge ces dernières dignes de son idéologie.
"Le fait de savoir qu’il y ait eu ou non des liens entre cet individu et l’organisation Etat islamique n’a aucune importance pour elle, détaille sur LCI Jérôme Poirot, ancien adjoint du coordonnateur national du renseignement. Car sa stratégie, diffusée dans le monde entier, c’est : 'Partout où vous pouvez, prenez les armes et combattez les infidèles.'" Par conséquent, "des individus, qui lui sont inconnus mais qui commettent des actes cohérents avec ses préceptes, lui donnent l'occasion de revendiquer des attentats. Et de montrer de fait qu'il y a des gens toujours prêts à embrasser sa cause", malgré ses défaites militaires en Irak et en Syrie.
En somme, l’idéologie de Daech "peut inspirer n’importe qui à travers le monde, abonde Myriam Benraad. Ainsi, même très affaibli, le groupe Etat islamique a laissé des empreintes assez grandes pour que des gens décident d’adhérer, sans démontrer de lien particulier à sa cause". D’où la difficulté de la lutte contre la radicalisation.
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