Le procès de l'attentat de Nice

Un an après l'attentat de Nice (2/5) : "Un jour, il a pris un nounours des enfants et l’a poignardé", raconte l'ex-femme de Lahouaiej-Bouhlel

par William MOLINIE
Publié le 14 juillet 2017 à 14h20, mis à jour le 14 juillet 2017 à 14h33
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Source : Sujet JT LCI

ENQUÊTE – LCI a pu consulter l'intégralité de la procédure judiciaire sur l’attentat de Nice. Nous revenons, un an après, dans le détail des avancées de l’enquête. Deuxième volet de notre série : comment le terroriste était perçu par son ex-femme ? Des propos qui illustrent la personnalité trouble du tueur au camion.

Au téléphone, elle refuse de parler. Son avocat, lui, s’interdit toute déclaration dans ce dossier. Hajer K., 32 ans, l’ex-femme de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, s’est terrée dans le silence. Ses parents aussi. Il faut dire que plusieurs membres de la famille ont reçu des messages de menaces quelques jours après l’attentat de Nice, ce qui l’a poussée à déménager. Placée en garde à vue dès le lendemain de la tuerie, elle a finalement été relâchée, sans poursuite, après 48 heures et cinq interrogatoires des enquêteurs de la sous-direction antiterroriste (Sdat).

Hajer K. a vécu un véritable calvaire, au quotidien, auprès de son ancien mari. Ses parents, ses deux petites sœurs et son frère pensent d’ailleurs qu’elle aussi est une victime de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Femme battue, ses déclarations aux policiers – procès-verbaux que nous avons consultés – sont éclairantes pour mieux cerner la personnalité trouble du tueur au camion. C’est elle qui l’a connu dans l’intimité et qui en parle le mieux.

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"Il voulait me pousser à divorcer"

Elle décrit une personnalité perverse et violente. "Au début, ça allait, puis peu à peu nous nous sommes engueulés. Et après il s’est mis à me taper dessus. J’ai déposé plainte", raconte cette mère de trois enfants. "Une autre fois, j’ai déposé plainte car il faisait pipi sur moi et caca dans les chambres", poursuit-elle. "Pourquoi ?", demande alors l’enquêteur. "Il voulait me pousser à divorcer pour qu’il puisse faire sa vie de célibataire, sortir avec des filles,  aller en boîte", répond-elle.

Au fil des interrogatoires, Hajer K. raconte un quotidien de femme battue, sous l’emprise physique et psychologique d’un mari, au mieux la plupart du temps absent, qui envoie par SMS parfois "des photos de son zizi", au pire insultant, régulièrement alcoolisé et la main facile, même sur ses enfants. Bref, bien loin de la doctrine djihadiste.

"Je ne l’aimais plus, il était méchant avec moi"

"Il lui est arrivé de pousser la petite quand elle venait près de lui alors qu’il était à l’ordinateur", détaille-t-elle. Elle ajoute : "Une fois, alors que j’étais sortie contre son avis, il a pris un des nounours des enfants et l’a poignardé. Il avait découpé les matelas et saccagé la chambre où je dormais avec les enfants". Régulièrement, Lahouaiej-Bouhlel réveille sa femme en lui jetant en pleine nuit un verre de vin au visage, urinant sur ses pieds et l’insultant. Dans l’unique but qu’elle quitte le domicile. "Il faisait tout pour que je parte", explique-t-elle.

"Il s’aimait, il était narcissique ?", demande l’enquêteur de la Sdat. "Oui, c’était toujours lui d’abord, quand il faisait de la musculation, il me demandait de le prendre en photo pour voir ses progrès, il faisait très attention à sa personne", répond-elle. Interrogée sur ses sentiments envers son ancien mari, elle indique, fermement : "Non, je ne l’aimais plus, il était méchant avec moi". Avant d’ajouter : "Je répète que si j’avais su, j’aurais appelé la police. Je n’ai aucune peine pour lui mais pour ce qu’il a fait à des innocents."


William MOLINIE

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